Sénégal/Tchad : Hissène Habré inculpé de crime et incarcéré

L’ex-Président tchadien, Hissène Habré
L’ex-Président tchadien, Hissène Habré
Lu2019ex-Pru00e9sident tchadien, Hissu00e8ne Habru00e9

Sénégal/Tchad : Hissène Habré inculpé de crime et incarcéré

L’ex-Président tchadien, Hissène Habré, poursuivi par la juridiction spéciale des chambres africaines extraordinaires, a comparu, hier, à Dakar, capitale du Sénégal, devant le juge d’instruction. Il a été inculpé de crimes de guerre, crimes contre l’humanité et tortures de quelque 40 000 individus, dont 4 000 identifiés, a annoncé l’Afp. Cette juridiction spéciale africaine a été créée à Dakar, depuis décembre dernier, pour le juger. Placé sous mandat de dépôt, l’ex-Chef d’Etat sera incarcéré dans une prison de Dakar, a affirmé une source proche du dossier. Information confirmée par la défense du mis en cause.

Un de ses avocats, Me El Hadji Diouf, a évoqué un « génocide » parmi les chefs d’inculpation retenus contre M. Habré. Il « sera incarcéré dans une prison, à Dakar, à partir d’aujourd’hui », selon Me François Serres, un autre de ses avocats, qui n’a pas donné de précision sur le lieu de la détention.

Le procureur général de cette juridiction, Mbacké Fall, avait déclaré, lundi, à la presse, avoir découvert contre M. Habré « des indices graves et concordants de crimes de guerre, crimes contre l’humanité et de tortures » pendant ses huit ans de règne (1982-1990) et avoir demandé, pour ces motifs, sa mise en détention préventive.

M. Habré, qui vit au Sénégal depuis sa chute du pouvoir en 1990, avait été arrêté à son domicile de Dakar et placé en garde à vue le 30 juin. Ses avocats avaient dénoncé, auparavant, « une arrestation illégale » et plaidé sa « mise en liberté immédiate ».

Dans une adresse à la radio nationale, lundi, le Président tchadien, Idriss Déby Itno, a salué son homologue sénégalais, Macky Sall, pour avoir relancé ce dossier qui était au point mort du temps de son prédécesseur, Abdoulaye Wade. Idriss Deby a promis d’autres poursuites et l’indemnisation des victimes tchadiennes.

Pour Alioune Tine, président du Comité sénégalais des droits de l’homme, « c’est un grand tournant ». Car, dira-t-il, on va très vite maintenant « vers la tenue d’un procès Habré » qui permettra, enfin, aux victimes de faire entendre leur cause.

Lundi, le tabloïd sénégalais, Sud quotidien, écrivait, dans ses colonnes, qu’« après des années de tribulations, la machine judiciaire s’emballe (…) contre l’homme fort du Tchad entre le 7 juin 1982 et le 1er décembre 1990 ». 

Cissé Mamadou

Sources : Afp