Inculpé d’ « enrichissement illicite » par un juge de la commission d’instruction de la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei), Karim Wade a été écroué, dans la nuit de mercredi, à la prison de Rebeuss, en même temps que sept autres personnes inculpées, elles, de « complicité d’enrichissement illicite ».

Le fils de l’ancien Président devrait rester incarcéré durant tout le temps de l’instruction, c’est-à-dire au maximum six mois, conformément à la loi relative à l’enrichissement illicite. Sauf, bien sûr, si les juges en décident autrement. Il est soupçonné d’être propriétaire, soit directement, soit à travers des prête-noms, d’un patrimoine évalué à 694 milliards de francs Cfa, comprenant sociétés, comptes bancaires, immobilier et véhicules.

Pour le Parti démocratique sénégalais (Pds), parti de l’ancien Président, Me Abdoulaye Wade,  l’inculpation de Karim est une « décision politique ». Il envisage d’organiser une marche le 23 avril pour soutenir celui que les Sénégalais avaient surnommé le « ministre du ciel et de la terre » (Infrastructures, Coopération internationale, Transports aériens et Energie).

Interpellé à son domicile, lundi, quelques heures après le dépôt par ses avocats des justificatifs de ses avoirs présumés, il a été placé sous mandat de dépôt au terme d’une garde à vue de 48h. Le procureur spécial, Alioune Ndao, a estimé que ces justificatifs n’étaient pas pertinents. Pourtant, les avocats de Karim Wade soutenaient avoir les preuves que leur client n’est pas propriétaire des sociétés qui lui sont imputées, soit 90% du patrimoine litigieux. Ils étaient donc convaincus que « tout cela va faire pschitt et la montagne accouchera d’une souris ».

Le pouvoir, selon la députée Pds, Fatou Thiam, « s’acharne sur Karim Wade parce qu’il est un concurrent potentiel de Macky Sall » au prochain scrutin présidentiel, qui aura lieu dans quatre ans.

Hier, l’affaire était à la Une de la presse sénégalaise. « Du sommet au gouffre », affichait L’As, pendant que le quotidien Enquête, lui, annonçait « Un prince à Rebeuss » (du nom de la Maison d’arrêt et de correction de Dakar). « Karim touche le fond », écrit pour sa part Walfadjri. « Son papa, qui l’aime passionnément, avait la certitude qu’il était le plus intelligent du Caire au Cap. Il ne ratait aucune occasion pour lui tresser des lauriers sans aucune forme de pudeur (…). Mais ce qui a le plus rendu furieux les Sénégalais, c’est quand Wade-fils a été promu ministre du ciel et de la terre, après une cuisante défaite électorale, aux locales de 2009, allant jusqu’à perdre dans son propre bureau de vote », explique de son côté La Tribune.

Cyprien Tiesse

Source : Agence de presse

sénégalaise (Aps)