Syrie : Moscou soupçonne Washington de reproduire le scénario irakien

Barack Obama, Président des états - Unis.
Barack Obama, Président des états - Unis.
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Syrie : Moscou soupçonne Washington de reproduire le scénario irakien

La Maison Blanche a nettement durci jeudi sa position face au régime syrien en l’accusant, pour la première fois, d’avoir recours aux armes chimiques, et notamment à du gaz sarin, dans sa guerre contre les rebelles, et en promettant une aide militaire aux insurgés, note l’Afp. Ben Rhodes, le conseiller adjoint de sécurité nationale du président américain, Barack Obama, a « affirmé que le recours aux armes chimiques changerait son équation, et c’est le cas ». Selon le Wall Street Journal, les responsables militaires américains ont proposé une zone d’exclusion qui couvrirait les camps d’entraînement des rebelles et qui s’avancerait d’environ 40 km à l’intérieur de la Syrie et serait surveillée par des avions volant en Jordanie voisine et armés de missiles air-air. A Londres, le chef de la diplomatie William Hague a dit partager « l’analyse » américaine sur le recours du régime syrien aux armes chimiques et souligné que le sommet du G8 lundi et mardi en Ulster, en présence de M. Obama, débattrait de la « réponse forte et déterminée » à apporter. La rébellion syrienne, à travers un communiqué produit par son bureau à Washington, a salué « l’augmentation de l’aide américaine qui comprend un soutien militaire direct ».

La France et la Suède pour la mesure

 L’implication des Américains dans la guerre syrienne a rencontré le doute de la France et le refus à peine voilé de la Suède. La France estime «peu probable » que le Conseil de sécurité de l’Onu donne son aval à une proposition de zone d’exclusion, en raison du soutien de la Russie et de la Chine à M. Assad. La Suède, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Carl Bildt, a indiqué que la promesse américaine de fournir une aide militaire aux rebelles risquait de provoquer une « course à l’armement » et de saper  «les conditions nécessaires à un processus politique ».

L’accusation américaine contre le régime syrien d’avoir fait usage d’armes chimiques «  à petite échelle » doublée de la volonté de Washington d’augmenter l’étendue de l’aide non létale à l’opposition civile et l’accroissement de son aide à la direction des opérations militaires rebelles, comme l’a indiqué Ben Rhodes, le secrétaire adjoint de la sécurité nationale d’Obama, n’est rien moins que la preuve de « l’implication directe des Etats-Unis dans le bain de sang syrien » s’indigne Damas. Qui a de sérieux doutes sur la volonté des Américains à trouver à une solution politique : «  Cela pose des questions sérieuses concernant leur bonne foi à contribuer à trouver une solution politique ».

L’indignation du Kremlin

 Moscou, le principal allié du régime de Damas, a mis, vendredi, en doute les accusations des Etats-Unis sur le recours à l’arme chimique et soupçonne la Maison Blanche de vouloir répéter le scenario Irakien : «Nous le dirons clairement : ce qui a été présenté par les Américains ne nous semble pas convaincant. Je ne voudrais pas faire de parallèle, je ne veux pas croire qu’il s’agisse d’une situation similaire à celle de l’Irak, quand le Secrétaire d’Etat Colin Powell avait brandi une fiole au Conseil de Sécurité », a déploré le conseiller diplomatique du Kremlin, Iouri Ouchakov. La diplomatie russe, dans un  communiqué, s’est en revanche inquiétée de l’usage de gaz sarin par les rebelles, rappelant que le 6 mai, Carla Del Ponte, membre de la Commission d’enquête de l’Onu sur les violations des droits de l’homme en Syrie, avait affirmé qu’ils en avaient employé.

M. Ouchakov voit, avec la décision des Etats-unis, une menace planer sur la conférence internationale «pour trouver une solution politique au conflit syrien ». Et il est certain qu’elle attisera davantage la guerre civile : « Nous avons peu de doute sur le fait que la décision de fournir les groupes armés rebelles en armes et équipements militaires supplémentaires attisera la confrontation contre les civils.»

L’Onu au secours

Dans cette série de passes d’armes, l’Otan veut, par le biais d’une enquête de l’Onu, jouer un rôle d’arbitre en interrogeant le terrain et  le théâtre des opérations pour tenter d’établir la vérité des faits : «  Il est urgent que le régime syrien laisse l’Onu enquêter sur toutes les allégations faisant état de l’usage d’armes chimiques », a recommandé Anders Fogh Rasmussen, le Secrétaire général de l’Otan. Il a souligné «  Quant à une solution à ce problème, je crois toujours que la bonne façon d’avancer est une solution politique », tout en invitant à nouveau « toutes les parties au conflit, le gouvernement et l’opposition à assister à la conférence internationale Genève 2 ».

Franck A. Zagbayou