Nigeria: L'armée ratisse Bama après une attaque islamiste meurtrière

Nigeria: L'armée ratisse Bama après une attaque islamiste meurtrière

Nigeria: L'armée ratisse Bama après une attaque islamiste meurtrière

L'armée nigériane ratissait mercredi la ville de Bama, dans le nord-est du pays, où les habitants restaient cloîtrés chez eux, au lendemain d'une série d'attaques menées par des insurgés islamistes lourdement armés qui ont fait 55 morts.

Des sources militaires ont indiqué que ces raids avaient été menés par environ 200 hommes du groupe islamiste armé Boko Haram, arrivés en ville à bord d'un bus et de six voitures 4X4, équipées d'armes anti-aériennes, de lance-roquettes et de mitrailleuses.

Ces insurgés qui portaient des uniformes militaires ont fait un raid dans une prison, tuant 14 gardiens avant de libérer 105 prisonniers, a indiqué une source militaire dans l'Etat de Borno (nord-est).

Le commando a saccagé des bâtiments gouvernementaux, un poste de police et une école primaire, mais l'attaque contre une caserne a été repoussée, a déclaré mercredi à des journalistes le général Ibrahim Attahiru, porte-parole de l'armée.

Vingt-deux policiers, deux soldats et quatre civils ont été tués dans ces combats, ainsi que 13 islamistes, a-t-il précisé.

Ces attaques ont paralysé cette ville commerciale, située à 67 kilomètres de Maiduguri, ville considérée comme le berceau du groupe Boko Haram.

 

"Seules quelques personnes se sont aventurées en dehors de leurs maisons", a déclaré un habitant de Bama, Musa Bra. "Des troupes sont partout dans la ville en train de patrouiller dans les rues."

Cet habitant a expliqué que de nombreuses personnes avaient fui dans la savane après les attaques menées mardi.

Alors que certains habitants prenaient le risque de regagner leurs foyers, des militaires vérifiaient l'identité de toute personne entant dans la ville, leur demandant si elles sont bien des civils et non pas des membres de Boko Haram, a ajouté cet habitant.

"Des militaires dans toute la ville"

"Tout le monde reste chez soi", a déclaré un autre habitant sous couvert d'anonymat "Il n'y a que des militaires dans toute la ville."

Un journaliste de l'AFP qui a visité Bama mardi avait constaté que les magasins, stations essence et marchés étaient fermés ainsi que la présence de carcasses de véhicules incendiés étaient visibles le long de la route.

Selon le porte-parole militaire Sagir Musa, à Maiduguri, les forces de sécurité agissent en prenant garde de ne pas toucher les civils.

"Nous respectons leurs droits et nous ne ferons rien qui soit contraire à nos règles d'engagement", a-t-il affirmé.

Les forces de l'ordre nigérianes sont fréquemment accusées de massacres et d'exactions contre les populations dans leur répression contre les islamistes.

Les raids menés à Bama surviennent après un bain de sang dans la localité de Baga, dans le nord-est du pays, où l'armée a affronté des membres présumés de Boko Haram à la mi-avril. Les combats ont fait environ 200 morts. L'armée a été accusée d'avoir délibérément tué des civils et incendié une grande partie de la ville.

L'Etat de Borno - considéré comme une place-forte de Boko Haram - a été le théâtre de nombreuses attaques depuis que le groupe armé a relancé son insurrection en 2009. Les violences liées à cette insurrection et à sa répression par l'armée ont fait 3.600 morts depuis 2009, selon Human Rights Watch.

Le Nigeria est divisé entre un Nord à dominante musulmane et un Sud majoritairement chrétien. Boko Haram, très actif dans le nord et le centre du pays, revendique l'instauration d'un Etat islamique, mais ce groupe composé de plusieurs factions aux intérêts divergents et ses revendications ont changé plusieurs fois par le passé.

AFP