Niger : Les islamistes exécutent leurs menaces : 20 morts

L’une des installations de la société française Areva à Arlit.
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Niger : Les islamistes exécutent leurs menaces : 20 morts

Frapper le cœur de la France » et s’attaquer aux « intérêts français » dans le monde au nom de l’Islam. C’était la menace proférée par les djihadistes du Mouvement pour l’unité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) dès le 14 janvier - soit trois jours après l’intervention de l’armée française - et par Al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi), le 7 mai. Ces groupes viennent de mettre à exécution leurs menaces. « A Agadez, nous avons 19 morts, 18 militaires et un civil et 13 blessés, dont six graves » dans les rangs de l’armée,a déclaré, hier, le ministre de l’Intérieur du Niger Abdou Labo. « Quatre kamikazes sont morts dans l’explosion. Un cinquième kamikaze s’est enfermé dans un local avec des otages élèves officiers » en formation à Agadez, a-t-il ajouté. Résultat d’un double attentat à la voiture piégée contre un camp militaire de l’armée nigérienne et le groupe français Areva qui exploite l’uranium ; tous deux situés dans le nord du pays, rapportent l’Afp et France 24.Un kamikaze a été tué et 13 blessés ont été enregistrés à Areva sans que les installations ne soient touchées.

L’attaque survient en dépit de la vigilance et des mesures de sécurité prises par les pays engagés dans la libération du nord Mali. L’attaque terroriste qui a été revendiquée par le Mujaoest survenue au petit matin, à la surprise de tous. En plus du Mujao, le regard est également tourné vers la Libye considérée comme « un sanctuaire du terrorisme ».

Pour la libération des cinq otages, l’armée française aété instruite d’appuyer le Niger en vue de leur libération. « Grâce à Allah, nous avons effectué deux opérations contre les ennemis de l’islam au Niger. Nous avons attaqué la France, et le Niger pour sa coopération avec la France dans la guerre contre la charia  (loi islamique) », se réjouit pour sa part le porte-parole des djihadistes, Abu Walid Sahraoui.

Basé depuis juin 2012 à Gao, la plus grande des trois villes du nord Mali sous occupation, ce mouvement proteste ainsi contre le fait qu’il a été chassé du nord Mali durant l’opération Serval. Chassé de son fief et dispersé dans la nature après avoir essuyé de nombreuses pertes, il a réitéré son intention de s’attaquer aux intérêts français à travers le monde mais aussi aux pays africains alliés de Paris dans la guerre au Mali. Citant même la Mauritanie et le Niger, deux pays voisins. « Face à la nouvelle croisade menée par la France et son occupation d’une terre de l’islam, nous vous appelons à la mobilisation (...) et au djihad » (guerre sainte), avait affirmé Abou Obeida Youssef Al-Annabi, présenté comme le chef du Conseil des notables d’Aqmi, dans ce message daté du 25 avril et diffusé le 7 mai.

Plus de vigilance

Le Président français, François Hollande, avait déclaré être préoccupé par ce message. D’autant que le Mujao, dans sa débandade, avait commencé à commettre des attentats sur le territoire malien contre les armées ennemies (France et alliés de la Cedeao et le Tchad) et que l’ambassade française à Tripoli, en Libye, avait été la cible des islamistes. « La question de la menace qui est rappelée par Aqmi, nous la prenons au sérieux », avait déclaré François Hollande. «Nous considérons donc qu’il nous faut poursuivre l’intervention au Mali pendant le temps nécessaire, – même s’il y a une réduction de notre présence -, et maintenir une vigilance autour du Mali pour continuer à lutter contre le terrorisme (…) Mais nous avons aussi à protéger nos installations », a enchaîné le chef de l’Etat. Voilà que malgré les consignes et le dispositif de sécurité mis en place par les différents pays, un double attentat vient de se produire comme pour dire qu’il n’est pas aisé de tout prévenir, tout circonscrire.

L’attentat a été condamné par la communauté internationale, notamment la France, l’Algérie, l’Union européenne, etc.

Dès lors, la menace terroriste sera davantage prise au sérieux pour que les actes succèdent aux intentions au plan international. Bien que salutaire, le risque de la riposte de Paris et de Niamey, c’est depermettre au Mujao d’attirer ses ennemis sur un terrain extérieur pour avoir la facilité de frapper d’autres sites. Que ce soit sur le territoire malien ou dans les pays de la Cedeao et du Sahel. D’ailleurs, un rapport international évoqué hier par Rfi faisait état de ce que le Sénégal, également voisin du Mali et sahélien, n’était pas à l’abri des mouvements jihadistes vue que les leaders religieux des confréries Tidiane et Mourides n’avaient aucune prise sur leurs fidèles. En sus, ces confréries sont traversées par plusieurs courants et qu’il convient que l’Etat contrôle la provenance de leurs financements. Ce qui suppose une mobilisation accrue de tous les partenaires dans la lutte contre ces nébuleuses.

Paulin N. Zobo