Liban : Tammam Salam annonce un « cabinet d’intérêt national »

Tammam Salam
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Liban : Tammam Salam annonce un « cabinet d’intérêt national »

Michel Sleiman, le Président libanais, a rendu public et officiel, samedi, le nom du Premier ministre, Tammam Salam qui a obtenu les voix de 124 députés sur les 128 que compte le Parlement. Ce choix a été rendu possible parce qu’il n’est pas perçu comme un candidat de confrontation ou de défi par les autres acteurs de l’échiquier politique. Bien qu’il soit le candidat officiel de l’opposition, Tammam Salam a été quasiment plébiscité par l’ensemble de la classe politique, y compris l’ancienne majorité regroupée autour du Hezbollah et du parti chrétien de Michel Aoun. Tammam Salam est un allié de Saad Hariri.

Mais le fait qu’il appartient à une grande famille beyrouthine et que sa carrière politique ait commencé bien avant celle de l’ancien Premier ministre lui confère une certaine marge de manœuvre qui faisait défaut à Fouad Sinora. Le fait que les chiites aient finalement décidé d’appuyer le choix de Saad Hariri, et abandonné l’idée de proposer leur propre candidat, contribue à apaiser les esprits. D’ailleurs, on ressent au Liban une baisse de la tension entre les deux grandes communautés musulmanes après que le pays a frôlé la guerre civile ces dernières années, note Rfi. Cependant, la crise politique dans laquelle se débat le Liban, depuis le début des troubles en Syrie, il y a deux ans, n’en est pas pour autant réglée.

Les vraies difficultés vont commencer après la désignation du Premier ministre car le véritable enjeu réside dans la composition et le profil du prochain gouvernement et il ne dispose que de deux mois pour le mettre en place.

Cohabitation de facto

L’opposition, qui s’apprête à revenir au pouvoir, souhaite un gouvernement de technocrates, chargé de superviser les prochaines élections législatives. Le Hezbollah et ses alliés plaident, eux, pour un cabinet d’union nationale, au sein duquel tous les partis seraient représentés. Toutefois, même s’il accepte de soutenir la candidature d’un homme adoubé par les Saoudiens, le Hezbollah ne lui facilitera pas pour autant la tâche. «Le parti chiite et son parrain iranien ont été obligés d’accepter la candidature de Tammam Salam, qui, au passage, ne s’est jamais montré virulent à son égard, faute d’alternative et pour gagner du temps à l’heure où son allié syrien bat de l’aile», analyse Khattar Abou Diab, politologue, spécialiste du Moyen-Orient et enseignant à l’Université de Paris –XI que cite l’Afp. Tout dépendra de la position de Walid Joumbatt. Le leader druze a clairement dit, jeudi soir, qu’il ne participerait pas et n’accorderait pas sa confiance au Parlement à un cabinet monochrome.

Le politologue prévient : «Tammam Salam va devoir composer son gouvernement, ce qui risque de lui prendre plusieurs mois, tant la classe politique reste divisée, c’est à ce moment que l’on assistera au partage d’influence entre Ryad et Téhéran, dans une sorte de cohabitation de facto.» Samedi, en début d’après-midi, le nouveau Premier ministre s’est engagé à œuvrer avec toutes les forces politiques «  pour le bien du Liban », selon Rfi. Il déclare, entre un gouvernement de technocrates, de salut public ou d’union nationale,  avec une pointe de prudence, vouloir former un « cabinet d’intérêt national ».

Il a cependant précisé que la tâche principale de son gouvernement serait d’élaborer une loi électorale le plus vite possible, qui garantirait une « représentation équitable » de toutes les parties. Ce qui signifie, déduit Rfi, que les élections, prévues le 16 juin sur la base d’une loi rejetée par l’ensemble des partis chrétiens, seront forcément reportées.

 Franck A. Zagbayou