Centrafrique: Un mandat d'arrêt contre Bozizé

L'ex Président centrafricain, François Bozizé
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Centrafrique: Un mandat d'arrêt contre Bozizé

Centrafrique:  Un mandat d'arrêt contre Bozizé

Installé depuis quelque temps dans une villa huppée du quartier Golf à Yaoundé, l'ancien président de la République centrafricaine, François Bozizé, doit certainement avoir perdu le sommeil depuis jeudi dernier. La raison ? Le mandat d'arrêt international lancé contre lui par la justice de son pays. Ledit mandat d'arrêt a été transmis le même jour (jeudi 30 mai) à Interpol et aux autorités judiciaires du Cameroun qui, jusqu'ici, n'ont pas réagi officiellement. Le nouveau régime en place à Bangui veut poursuivre François Bozizé pour crimes contre l'humanité et incitation au génocide. Selon un décompte jusqu'ici provisoire, le parquet de Bangui attribue à l'ex-chef de l'Etat 119 exécutions sommaires, 22 assassinats, 53 arrestations arbitraires et 3 823 destructions d'habitations.

Pour contraindre la justice camerounaise à mettre à exécution ce mandat d'arrêt, Le procureur de la République invoque la Convention de Tananarive (Madagascar) du 12 septembre 1961, qui définit le cadre de coopération en matière judiciaire en Afrique. « Le procureur de la République a déjà saisi le parquet de Yaoundé, Interpol également, donc nous attendons qu'ils mettent le mandat à exécution. Avec le Cameroun, nous avons la convention de Tananarive qui nous lie. Actuellement, la question qui se pose c'est de ne pas permettre l'impunité dans notre pays », a déclaré samedi dernier sur les antennes de Radio France internationale (Rfi), le ministre centrafricain de la Justice, Arsène Sendé.

Le patron de la chancellerie centrafricaine estime que « comme il doit être jugé par un autre tribunal, il vaut mieux que ce soit la CPI [Cour pénale internationale, NDLR] qui lui permette de répondre de tels actes devant la justice ». Un discours qui tranche quelque peu avec les résolutions du dernier sommet de l'Union africaine en marge de la célébration du cinquantenaire de l'organisation panafricaine. Les chefs d'Etat du continent se sont, au sortir du dernier rendez-vous d'Addis-Abeba, pratiquement accordés sur le fait que cette instance mène une chasse raciale contre les Africains. Selon une source gouvernementale approchée par Rfi, François Bozizé ne sera pas la seule personnalité contre qui Bangui engagera des poursuites judiciaires.

Des mandats d'arrêt contre une dizaine de ses proches en fuite, parmi lesquels certains de ses fils, l'ancien ministre Parfait Mbaye, l'ex-leader des Jeunes patriotes, Levy Yakété ou bien encore Eugène Ngaïkosset, que l'on surnomme le « Boucher de Paoua », seront bientôt transmis à Interpol. Arsène Sendé dit avoir foi que cette procédure aboutira, a indiqué à Rfi que « La commission d'enquête qui vient d'être créée est déjà à pied d'œuvre, donc la commission n'entend pas laisser impuni qui que ce soit. C'est la volonté du président de la République. En ce moment, il y a déjà quelques éléments de la Seleka qui sont dans les geôles de la section de recherche et d'investigation ». Sur les mêmes antennes, Lévi Yakété, le porte-parole de François Bozizé, parle de fuite en avant de la part du nouveau pouvoir, et que l'ex-président n'a rien à se reprocher.

A l'analyse, il sera difficile que Yaoundé prête une oreille attentive aux revendications de l'actuel régime de Bangui, qu'il n'a pas encore officiellement accepté. Un émissaire de l'actuel homme de Bangui, Michel Djotodia, s'était rendu récemment dans la capitale camerounaise dans le but de rencontrer Paul Biya. Ça avait été peine perdue. Même Ndjamena avait essayé de servir de trait d'union entre Yaoundé et Bangui, en vain. La présence de François Bozizé au Cameroun serait gênante, même pour le pouvoir tchadien dont le rôle aurait été déterminent dans la chute du général Bozizé.

Michel Djotodia a affirmé récemment en Guinée équatoriale que Bozizé partira tôt ou tard du Cameroun. C'est certainement l'attitude des autorités camerounaises, murées derrière un mutisme qui laisse transparaître en filigrane son désaveu du nouveau pouvoir de Bangui, qui pousse Djotodia à passer à cette étape. Pour le moment, la Cpi a mis la Centrafrique sous analyse. Le général François Bozizé, arrivé au pouvoir en 2003 par un coup d'Etat, avait été renversé en fin mars dernier par la coalition de rebellions réunies au sein de la Seleka.

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