Kenya : Le gouvernement demande à la Cpi l’abandon des poursuites contre les dirigeants du pays

Uhuru Kenyatta, Président du Kenya.
Uhuru Kenyatta, Président du Kenya.
Uhuru Kenyatta, Pru00e9sident du Kenya.

Kenya : Le gouvernement demande à la Cpi l’abandon des poursuites contre les dirigeants du pays

Le gouvernement kényan a demandé, le 2 mai, l’abandon total des poursuites engagées par la Cour pénale internationale (Cpi) contre le Président Uhuru Kenyatta, et le vice-Président, William Ruto, élus, le 4 mars, dès le premier tour de la présidentielle.

Les deux dirigeants sont soupçonnés de crimes contre l’humanité pour leur implication présumée dans les violences post-électorales de 2007 qui se sont soldées par plus de mille morts.

Dans la lettre adressée au Conseil de sécurité, dont l’Afp a obtenu copie, hier, l’ambassadeur kényan auprès des Nations unies demande non « pas un ajournement », mais « la fin immédiate des poursuites à La Haye », appelant « les nations amies à user de leurs bons offices et à convaincre la Cpi de reconsidérer la poursuite du processus ».

L’ambassadeur Macharia Kamua fait valoir le fait que Uhuru Kenyatta et William Ruto ont été élus à une majorité confortable, ce qui constitue, de son point de vue, un « message clair et non équivoque » des Kényans non seulement sur l’innocence des deux personnalités, mais aussi sur leur capacité à « exercer des responsabilités au plus haut niveau du pays ».

Pour le diplomate, le maintien des poursuites « sape la souveraineté du Kenya » et la paix actuelle pourrait être gravement compromise en cas d’absence des deux personnalités du pays, étant entendu que « toute insécurité pourrait se propager aux pays voisins ».

L’ouverture du procès d’Uhuru Kenyatta est programmée pour le 9 juillet, à La Haye, quand celle de son vice-Président, initialement prévue pour la fin du mois de mai, a été ajournée, la Cpi devant communiquer une nouvelle date, le 14 mai. Au lendemain de leur élection, les deux dirigeants avaient réaffirmé leur volonté de se présenter à leurs procès respectifs.

Dans sa demande d’abandon total des poursuites contre ses dirigeants, le Kenya assure toutefois qu’il poursuivra sa coopération avec la Cpi, en vertu des obligations qui lui incombent en tant qu’Etat-partie au Statut de Rome, fondateur de la Cour.

La révélation de cette lettre adressée au Conseil de sécurité intervient trois jours après la visite – la première en Europe en tant que Chef d’Etat – effectuée à Londres par Uhuru Kenyatta, invité à prendre part à une conférence sur la Somalie.

Une invitation qui a surpris plus d’un, les pays de l’Union européenne ayant décidé de réduire au strict minimum leurs relations avec les nouveau dirigeants kényans eu égard à leur inculpation par la Cpi. Ils s’étaient, à cet égard, abstenus d’assister à  leur investiture, le 9 avril, à Nairobi. Mais Londres s’est justifié en déclarant que « le Kenya joue un rôle vital en Somalie, où il a engagé quelque 5 000 soldats, et qu’il accueille plus de réfugiés somaliens que n’importe quelle autre nation ».

La procureure de la Cpi, Fatou Bensouda, a estimé que la lettre du Kenya était « une tentative détournée de politiser le processus judiciaire de la Cour ». En outre, le Conseil de sécurité, s’il peut, en vertu de l’article 16 du Statut de Rome, contraindre la Cour à surseoir aux enquêtes et poursuites durant un an, il ne peut pas l’obliger à abandonner définitivement des poursuites.

Cyprien Tiesse