Iran : Rohani veut discuter du nucléaire avec Washington

Le nouveau Président Hassan Rohani.
Le nouveau Président Hassan Rohani.
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Iran : Rohani veut discuter du nucléaire avec Washington

La crise économique qui frappe l’Iran, en raison des sanctions financières et de l’embargo sur le pétrole imposés par les pays occidentaux, pour le contraindre à abandonner son programme nucléaire controversé, sont les dossiers majeurs que devra gérer Hassan Rohani. Le nouveau Président iranien, un religieux modéré de 64 ans, élu le 15 juin,dès le premier tour, avec 50,68% des suffrages, grâce au soutien des réformateurs, alors qu’il affrontait plusieurs conservateurs, n’aura pas de temps de grâce.

L’impact des sanctions économiques ayant sans doute guidé le choix des électeurs qui ont voté massivement à 72,7%, oblige le nouveau pouvoir qui doit, à présent, former son gouvernement à prendre des mesures urgentes. A commencer par la stratégie à mettre en place pour rassurer,en interne, les populations qui sont confrontées à la montée du chômage, à l’inflation et aux blocages dans le commerce international. En même temps, le dialogue sur le nucléaire doit s’ouvrir pour alléger les sanctions.

Aucun accord n’avait pu être trouvé sous le Président sortant, Mahmoud Ahmadinejad, en dépit de multiples négociations avec les membres du groupe 5 plus un. L’ancien Président, un conservateur, n’était pas en odeur de sainteté avec les Occidentaux qui le trouvaient extrémiste. Même si la volonté d’un dialogue direct avec les Etats-Unis a été affirmée durant sa campagne électorale, il convient de rester prudent parce que la Constitution du pays octroie le véritable pouvoir de décision au Guide suprême de la révolution, Ali Khamenei ; le Président n’étant que la seconde personnalité du pays. « Rohani ne peut changer le cœur de la stratégie nucléaire de l'Iran, qui est déterminée par le Guide suprême, mais il peut changer le ton et l'équipe » de négociateurs, explique Ali Vaez, analyste basé à Bruxelles pour le centre de réflexion international Crisis Group, cité par l’Afp. « En adoptant une rhétorique plus conciliante et en engageant des négociateurs plus expérimentés, il pourrait avoir un impact positif » sur les discussions avec les grandes puissances, ajoute-t-il.

Les Etats-Unis se sont dit « prêts à collaborer directement » avec Téhéran qui va aussi défendre son « droit à enrichir l’uranium» à des fins civiles, alors que l’Occident l’accuse de vouloir fabriquer une bombe atomique. L’autre atout, c’est que Hassan Rohani a été le négociateur en chef sur ce dossier nucléaire,de 2003 à 2005, et n’est pas en conflit ouvert avec le Guide.

Dans la région, les alliés traditionnels, la Syrie et la Russie, ont salué l’élection du nouveau Président Rohani et formé le vœu de maintenir, voire renforcer la coopération bilatérale. Au même moment, l’Egypte rompt toutes ses relations avec la Syrie, en raison de l’implication du mouvement chiite, le Hezbollah libanais, dans le conflit syrien.

Contrairement aux Etats-Unis qui veulent dialoguer avec Téhéran, leur allié, Israël, prône la fermeté dans les sanctions, tant qu’une solution n’aura pas été trouvée sur le nucléaire. Le Secrétaire général de l’Onu, Ban Ki-moon, espère, lui aussi, un engagement ferme.

Paulin N. Zobo