France: Le Sénat refuse de lever l'immunité parlementaire de Serge Dassault
France: Le Sénat refuse de lever l'immunité parlementaire de Serge Dassault
Serge Dassault garde son immunité parlementaire. Le Sénat a refusé de la lever, ce mercredi matin, alors que la justice enquête sur deux affaires distinctes dans le fief du sénateur UMP de l'Essonne.
Le bureau du Sénat a refusé de lever l'immunité parlementaire du sénateur UMP de l'Essonne Serge Dassault, ce mercredi matin. La justice enquête dans le fief de l'industriel de 88 ans, Corbeil-Essonnes, sur une affaire d'achats de voix et une autre de tentatives d'homicide qui pourraient être liées.
La justice n'a pas établi de lien entre ces deux volets et l'enquête est menée de façon distincte à l'heure actuelle. A Evry, sous l'autorité d'un juge d'instruction, les policiers enquêtent sur les deux tentatives d'homicide. A Paris, une information judiciaire a été ouverte fin mars sur des soupçons d'achat de votes, corruption, blanchiment et abus de biens sociaux lors des campagnes municipales de 2008 à 2010.
La levée d'immunité est réclamée par l'autorité judiciaire lorsqu'elle souhaite pouvoir entendre un parlementaire dans une affaire ou prendre une mesure coercitive à son encontre.
Deux affaires intéressent la justice
La justice s'intéresse d'abord à des tentatives d'homicide à Corbeil-Essonnes. Le 19 février, à l'heure du déjeuner, un boxeur amateur de 32 ans, était grièvement blessé après avoir reçu trois balles de calibre 38, en plein centre-ville de Corbeil-Essonnes. Le tireur a agi au su et au vu de nombreux témoins. Il s'agirait d'un chef d'entreprise au passé de voyou, "figure locale" qui fut proche de Serge Dassault et est actuellement en fuite.
Trois semaines plus tôt, un autre habitant de la commune avait été victime d'une tentative d'homicide. Il avait confié plus tard sa certitude que ces deux tentatives étaient liées à des achats de voix. C'est le deuxième point sur lequel la justice souhaitait entendre Serge Dassault. Les achats de voix sont dénoncés depuis des années par l'opposition municipale, qui avait contesté à deux reprises les élections, en 2008 puis en 2009.
L'élection municipale de 2008, qui avait vu la réélection de Serge Dassault, avait été invalidée par le Conseil d'État en juin 2009, pour des dons d'argent que l'industriel, dont la fortune est estimée à 9,9 milliards d'euros par le magazine Challenges, a toujours contestés. Déclaré inéligible pour un an, Serge Dassault avait confié la tête de liste pour la municipale d'octobre 2009 à son bras droit Jean-Pierre Bechter, qui avait été élu. Ce dernier a été placé en garde à vue mercredi dernier pour être entendu sur l'une des tentatives d'homicide de février dernier.
Ces affaires judiciaires interviennent également sur fond de guerre de succession au sein de la fratrie Dassault. L'avionneur qui court la planète pour vanter ses Mirage et Rafale est patron du quotidien Le Figaro et estimé cinquième fortune française en 2012.
AFP