Maroc : Marche blanche contre la pédophilie et les violences faites aux enfants

Des milliers de manifestants dans les rues de Casablanca
Des milliers de manifestants dans les rues de Casablanca
Des milliers de manifestants dans les rues de Casablanca

Maroc : Marche blanche contre la pédophilie et les violences faites aux enfants

Maroc: Marche blanche contre la pédophilie et les violences faites aux enfants


Au Maroc, quelque 2 000 personnes ont participé, dimanche 5 mai, à Casablanca, à une marche blanche pour dénoncer la pédophilie et les violences faites aux enfants après l'agression d'une fillette de 9 ans et demi qui a marqué l'opinion.

De nombreuses mères de familles ont ainsi défilé sur la Corniche de la capitale économique, avec pour slogans : "Non à la pédophilie au Maroc » ou encore "Protégeons nos enfants, ils sont l'avenir de notre pays". Une première dans un pays où le viol, et encore plus la pédophilie, sont marqués du sceau du tabou. C'est un groupe d'artistes qui a voulu mobiliser la population.

"Non à la violence contre les enfants !", scandent des femmes vêtues de blanc et une rose à la main. Elles étaient 2 000 au moins à battre le pavé dimanche, sur la Corniche de Casablanca. Une majorité de femmes et de jeunes filles, mais aussi des pères de famille, comme Momo, l'animateur star de la station Hit Radio, venu pour briser le tabou qui pèse sur la pédophilie. "Aujourd'hui, il y a un phénomène au Maroc, explique-t-il, c'est que les gens n'en parlent pas. Par exemple, il y a des parents qui ont eu un enfant qui a été violé et ils ne vont pas le dire, par honte pour la famille. Je pense qu'aujourd'hui, il faut dépasser ça, il faut le dire".

Reconnaître à voix haute le problème pour mieux lutter contre, cette marche se voulait aussi être un appel à renforcer les peines de prison pour viol. "Il n'y a pas de punition forte, explique un enseignant, père de deux enfants. On punit quelqu'un qui viole une fille, comme quelqu'un qui donne un chèque sans provision. Tout le monde dit que ce n'est pas normal !"

Absence du code pénal

Le rappeur Don Bigg, organisateur vedette de cette première manifestation contre la pédophilie, lui, va plus loin : "Le mot pédophilie n'existe pas dans le code pénal marocain... Ce serait une première étape, pour juger les gens en tant que tels, en tant que pédophiles et non pas en tant qu'agresseurs".

Dans le code pénal actuel, le viol est passible jusqu'à vingt ans de prison quand il s'agit d'une mineure. Mais dans les faits, les condamnations sont rares et souvent bien plus clémentes. Au-delà du tabou, la pédophilie reste très compliquée à juger, comme l'explique Youssef Chabi, avocat : "C'est la parole d'un enfant contre la parole d'un adulte. Il y a certaines techniques, des éléments matériels, qu'il va falloir mettre à jour. Il y a beaucoup de difficultés !"

Réformer la loi, former les juges et les avocats, le chantier est immense. Mais dimanche, pour la première fois, la société civile a choisi de ne pas rester silencieuse.

 

Autre Presse