Centrafrique : Djotodia s’offre un vernis de légitimité

Michel Djotodia
Michel Djotodia
Michel Djotodia

Centrafrique : Djotodia s’offre un vernis de légitimité

Le chef rebelle Michel Djotodia, qui a pris le pouvoir par coup d’Etat, le 24 mars, en Centrafrique, s’est offert, samedi, un vernis de légitimité en se faisant élire ( ?) Président de la République ( ?), par acclamation (il était l’unique candidat), par les 105 membres du Conseil national de transition (Cnt), organe – doté des pouvoirs à la fois d’une Assemblée nationale et d’une Assemblée constituante – qu’il a créé, la veille, par décret.

Il bénéficie, dans cette manœuvre, de la bienveillante attention des Chefs d’Etat membres de la Communauté économique des Etats d’Afrique centrale qui lui ont suggéré cette idée au cours d’un sommet extraordinaire, le 3 avril, à N’Djamena, avec l’accord de certaines chancelleries occidentales. Une manière pour tout ce beau monde de dire : « Les coups d’Etat, ce n’est pas bon, mais ça dépend… »

Cela dépend essentiellement de l’identité de la victime. Apparemment, il y a des dirigeants qui méritent d’être renversés par coup d’Etat, d’où les condamnations sélectives auxquelles on assiste en fonction des pays où surviennent les coups de force.

En tout cas, le plus heureux, en l’espèce, c’est bien Michel Djotodia, puisque personne ne lui a demandé de rendre immédiatement le pouvoir aux autorités légitimes, ni de rétablir l’ordre constitutionnel. Sa décision de suspendre la Constitution et toutes les institutions qui en découlent a même été approuvée ; l’une des tâches du Cnt étant de proposer une nouvelle Constitution au pays.

« Je mesure, à sa juste valeur, la portée et l’importance de la charge que vous venez de me confier. Je ne ménagerai aucun effort pour assurer, de manière concertée, la transition qui vient de commencer », a-t-il assuré, quelques instants après son « élection ». Il a promis d’œuvrer pour la sécurité sur toute l’étendue du territoire national, dans un contexte où la rébellion Séléka qui l’a porté au pouvoir peine à rétablir la sécurité à Bangui où les pillages qui ont cours, depuis le 24 mars, se poursuivent, perpétrés parfois par les membres de la Séléka eux-mêmes. Le jour même où il se faisait adouber par les membres du Cnt, des affrontements ont opposé certains de ses soldats à des centaines de personnes qui protestaient à Bangui contre la mort d’un conducteur de moto-taxi et les pillages.

Michel Djotodia s’est également engagé à reconstruire l’unité nationale, restaurer la paix sociale et relancer une économie moribonde. Il dispose d’un délai de dix-huit mois pour mener à bien tous ces chantiers, selon les recommandations du sommet de N’Djamena.

Enfin, il a promis de rompre avec les habitudes du passé, notamment la gestion clanique du pouvoir. « C’est une nouvelle ère qui s’ouvre devant nous », a-t-il observé.

Cyprien Tiesse

Source : Afp