Cameroun/L’opposante Kah Walla aux femmes : « Le pouvoir ne se donne pas, il s’arrache »

 Kah Walla prône la parité homme-femme dans les instances de décision de son pays.
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Cameroun/L’opposante Kah Walla aux femmes : « Le pouvoir ne se donne pas, il s’arrache »

La mise en œuvre de la politique du genre dans les institutions de la République est loin d’être au beau fixe au Cameroun. Ce que déplore l’opposante camerounaise, Kah Walla, que nous avons rencontrée au cours d’une récente visite à Abidjan. « Le Cameroun compte 52% de femmes. Ce qui suppose, au moins, que dans la vie politique et à la tête des instances de décisions, on devrait en principe disposer de 50% de femmes. Or, on est très loin de ce décompte », déplore-t-elle.

Sur cette base, elle regrette le fait qu’au Cameroun la gent féminine ne se bat pas pour prendre la place qui lui revient de droit. « Le pouvoir ne se donne pas. Il s’arrache », souligne-t-elle, en lançant un appel solennel à ses soeurs pour qu’elles prennent à bras-le-corps la politique et la promotion du genre. « Nous devons briguer absolument des postes électoraux. Nous, femmes, devons être en première ligne des mouvements politiques qui valorisent la femme », exhorte-t-elle avec force et conviction.

Elle appelle à briser les barrières culturelles qui relèguent en permanence la gent féminine au second plan. « Les femmes sont absentes de la vie politique à cause de nos cultures qui les ont toujours repoussées en arrière-plan », note-t-elle. De ce fait, «nous devons mettre tout en œuvre, pour barrer la route  désormais à ces pratiques culturelles qui ne nous font pas avancer », indique-t-elle.

Femme politique, elle assure qu’elle donne le « bon exemple » en matière de pratique du genre au sein de son parti et de la plateforme dont sa formation politique est membre. «Aussi bien au sein de notre parti que de notre mouvement politique, nous faisons la part belle aux femmes. En ce sens que dans ses instances (secrétariat national, Conseil national…), on note au moins 50 % de femmes», relève-t-elle.   

En termes de chiffres, elle fait savoir qu’au niveau du Parlement, le Cameroun compte «environ 30% de femmes ». Mais «à la tête des municipalités, c’est nettement moins », déplore-t-elle, en affirmant que les mairies comptent moins de 20 % de femmes à leur tête. L’opposante  a décrié, par ailleurs, le fait que dans le gouvernement camerounais actuel, «sur près de 75 postes ministériels, on ne dénombre que 5 femmes».

Au cours de l’entretien, la Camerounaise a abordé aussi des sujets d’actualité comme le récent dialogue national dans son pays. Elle a expliqué pourquoi son parti n’y a pas pris part. « Nous avons balayé du revers de la main l’invitation, parce que, dans sa conception et dans ses modalités pratiques, nous avons estimé que cette rencontre ne pouvait pas produire de résultats », souligne-t-elle. Concernant la crise anglophone et bien d’autres préoccupations politiques au Cameroun, en sa qualité d’opposante, elle n’a pas hésité à brocarder et clouer au pilori le régime actuellement au pouvoir.

MARCEL APPENA
marcel.appena@fratmat.info