Brésil : La présidente cherche une solution de sortie de crise avec l’opposition

Dilma Roussef, présidente du Brésil.
Dilma Roussef, présidente du Brésil.
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Brésil : La présidente cherche une solution de sortie de crise avec l’opposition

Dilma Roussef, la présidente du Brésil, le grand pays émergent d’Amérique latine, tente de calmer la vague de manifestations qui secouent depuis quinze jours sa nation. Son discours radiotélévisé à la nation de vendredi et dont le ton était conciliateur et dans lequel elle  dit être « à l’écoute de la rue » et promis un « grand pacte pour améliorer les services publics » ainsi qu’une lutte plus efficace contre la corruption, a été cependant accueilli avec beaucoup de scepticisme sur les réseaux sociaux vecteurs de la fronde sociale : «L’allocution de la présidente a été de la rhétorique. Nous ne voulons pas lui faire quitter le pouvoir, nous voulons que la même quantité d’argent, voire plus, dépensée pour la construction des stades soit allouée à l’éducation et la santé. Nous sommes contre la coupe du monde parce qu’elle masque les problèmes du pays », dénoncent les manifestants, qui ont initié d’autres mouvements de protestation, le week-end, dans au moins 12 villes du pays.

Union sacrée

 Dilma Roussef ne se laisse pour autant pas démonter et après avoir annulé un voyage officiel au Japon, veut toujours garder l’initiative et trouver une solution de sortie de crise concertée. Elle a rencontré, lundi, les  leaders des manifestants, les gouverneurs et les maires des capitales régionales pour décider avec eux des mesures destinées à améliorer les services publics et lutter contre la corruption. L’opposition est allée à cette rencontre dans de bonnes dispositions d’esprit. Marconi Perillo, le gouverneur du Goias, et membre de la coalition des élus (gouverneurs et maires) du plus grand parti de l’opposition, le Parti de la sociale-démocratie, a écrit sur son compte twitter : «Je veux aller à la réunion de la présidente Dilma Roussef pour signer un pacte entre l’Union, les Etats fédérés et les municipalités pour une action commune en faveur des Brésiliens».

Une classe moyenne exigeante

Comment le Brésil, avec un bon rythme de développement lié à une croissance économique appréciable, ces quinze dernières années au point de devenir un pays émergent, a-t-il pu se retrouver dans l’engrenage des contestations sociales qui menacent ses institutions? Le fait que les réseaux sociaux soient les vecteurs de la fronde sociale et que les mouvements de protestation qui secouent le pays échappent aux partis politiques, donnent à comprendre qu’entre les autorités et leurs jeunesses et de nombreuses couches défavorisées, un ressort est certainement cassé quelque part. Majorer le prix du titre de transport et le coût du mondial 2014, 13 milliards d’euros, jugés exorbitants ont été les catalyseurs d’une fronde qui couvait certainement depuis longtemps. Avec la politique du président Lula, 40 millions de Brésiliens sont sortis de la pauvreté et une bourgeoisie moyenne a vu le jour. Elle veut que l’Etat poursuive ses efforts pour améliorer sa qualité de vie. Or face à la croissance en berne, la cherté de la vie et la corruption endémique surtout dans le milieu du football,l’Etat pour maintenir l’équilibre financier du pays a dû rationner ses dépenses. La classe moyenne qui n’a jamais connu l’inflation, ne l’entend pas de cette oreille et s’accommode, du reste, mal, de la hausse de plus de 6,5% des prix des produits de consommation et des denrées, enregistrée au mois de mai. Les revendications exprimées depuis 10 ans ont resurgi. La présidente a décidé de faire baisser le prix du transport mais le peuple en demande plus.

Le défi des investissements lourds

Le Brésil qui a connu plusieurs crises économiques et financières avant de moderniser ses infrastructures publiques grâce aux fruits de son développement, n’a malheureusement pas pu combiner les investissements lourds avec le développement des investissements infrastructurels. L’éducation, la santé sont encore le ventre mou du système de développement de ce pays où le chômage est un épiphénomène. Et qui est en pleine transition économique. D’une économie essentiellement rentière avec quelques matières d’exportation, le Brésil a connu une économie portée par une bourgeoisie de producteurs mais n’a pas encore réussit à faire disparaître l’économie rentière. Le pays de Lula, le parrain de Dilma Roussef, doit aujourd’hui faire un nombre de réformes notamment les réformes fiscale, politique, de la sécurité sociale afin qu’avec davantage de systèmes de bonne gouvernance le niveau de corruption jamais atteint et que connaît le pays aujourd’hui, soit endigué. Pour que le peuple puisse bénéficier d’une meilleure répartition des richesses.

Franck A. Zagbayou