Afrique : Une forte croissance, mais la pauvreté persiste

Christine Lagarde, Dg du Fmi.
Christine Lagarde, Dg du Fmi.
Christine Lagarde, Dg du Fmi.

Afrique : Une forte croissance, mais la pauvreté persiste

Selon les dernières prévisions du Fonds monétaire international (FMI) publiées mardi, l’Afrique subsaharienne devrait connaître une croissance de 5,6% en 2013, note l’Afp. Dix-huit pays de cette zone géographique connaîtront une croissance d’au moins 6%,  hormis la Guinée équatoriale et le Swaziland en récession, puis l’Afrique du Sud, la première économie du continent, qui peine à décoller avec seulement 2,8% de prévu. Le Fmi explique cet état de fait par une performance généralement forte qui s’appuie sur la poursuite des investissements dans les infrastructures et la capacité de production, une consommation robuste et l’activation de nouvelles capacités dans les secteurs extractifs. La Banque mondiale,  quant à elle, observe que les investissements directs étrangers, notamment, ont augmenté de 5,5% en Afrique au sud du Sahara en 2012, portés surtout par les cours élevés des matières premières, alors qu’ils étaient en baisse  de 6,6% dans l’ensemble des pays en développement. Elle confirme que les perspectives économiques restent fortes dans cette région où,  avec le réveil de l’Afrique du Sud, la croissance sera en 2014 de 6,1%, comme le note le Fmi.

 Et si le secteur minier est un levier essentiel de cette croissance, les investissements progressent dans les services, notamment dans les pays dont la classe moyenne est en pleine croissance comme au Nigeria, en Afrique du sud, au Kenya et au Ghana. La Banque mondiale relève que la consommation des ménages représente plus de 60% du PIB de la zone. Ce que confirment les résultats des études d’un cabinet d’expertise économique, McKinsey : «Cela peut surprendre, la croissance n’est pas alimentée par les matières premières mais par un marché de consommateurs en expansion ». Ce cabinet mentionne dans une note de conjoncture que «les télécommunications, les banques, et le commerce de détail prospèrent, les BTP sont en plein essor.»

Plus de 400 millions de pauvres

 L’Agence française de développement fait de l’Afrique une « priorité absolue», malgré des financements en baisse. Elle  a consacré à l’Afrique subsaharienne en 2012, 69% de son aide budgétaire, selon son  rapport annuel présenté hier à la presse. Au total,  ce sont plus de 2 milliards d’euros d’autorisations de financement (prêts bonifiés ou non, subventions, garanties) qui ont été accordés à cette région de l’Afrique par l’AFD, contre 2,7 milliards en 2011, soit une diminution de 26%. Globalement sur l’année 2012, le montant des financements accordés par l’Afd a très largement augmenté pour s’établir à 7 milliards d’euros, grâce à un niveau d’activité record de 1,5 milliard d’euros dans les départements et territoires français d’outre-mer. Les deux tiers des financements se sont répartis entre les projets d’infrastructures, dont le développement urbain et l’énergie, et les secteurs productifs. Cependant, fait remarquer la Banque mondiale,  si plus d’une décennie de croissance a contribué à faire reculer la pauvreté en Afrique, « Cela ne suffit pas. Il existe des contrastes considérables, la pauvreté baissant à un rythme plus lent, malgré une croissance rapide, dans les pays riches en ressources naturelles». Elle recommande, face à ces contrastes, une meilleure politique de redistribution des richesses : «Le taux de diminution de la pauvreté est trop faible. Il faut accélérer la redistribution des richesses minérales aux citoyens pauvres et promouvoir l’agriculture. » Une décision courageuse et salutaire à prendre car le tiers des habitants du monde en situation d’extrême pauvreté, avec moins de 1,5 dollar par jour, est  concentré en Afrique, contre 11%, il y a trente ans. Soit plus de 400 millions de personnes.

Franck A. Zagbayou