Afrique du Sud: À Qunu, Mandela est un héros

Qunu le village d'enfance de Nelson Mandé
Qunu le village d'enfance de Nelson Mandé
Qunu le village d'enfance de Nelson Mandu00e9

Afrique du Sud: À Qunu, Mandela est un héros

Afrique du Sud: À Qunu, Mandela est un héros

Symbole de paix dans le monde et considéré comme un demi-dieu en Afrique du Sud, Nelson Mandela est aussi un héros pour les villageois de Qunu (sud), le lieu de sa prime enfance, mais ceux-ci l'admirent surtout pour sa désarmante simplicité leur permettant de parler d'égal à égal avec l'ancien président.

 

Ici, ces dernières années, Mandela était à la fois une vedette locale, pourvoyeur de bienfaits grâce aux nombreuses opérations caritatives suscitées en son nom, et un villageois comme les autres, se promenant dans les champs et échangeant des nouvelles avec ses voisins, avant que ses ennuis pulmonaires à répétition ne l'obligent à regagner Johannesburg en décembre dernier.

 

A près de 95 ans, il est à nouveau hospitalisé depuis le 6 juin dans une clinique de Pretoria, dans un état allant en s'améliorant quoique toujours grave.

 

"On avait l'habitude de passer du temps ensemble. Je débarquais le soir et je disais: +vuka sishumani ndini+ (réveille-toi bonhomme sans petite amie) et il se réveillait, éclatait de rire, se levait et me serrait la main. Ensuite il s'asseyait et on causait toute la nuit", raconte appuyé sur une canne Kekana Mangqwambi, un vieil Africain de Qunu, à peine plus jeune que Mandela.

 

"Il n'est pas mon ami, mais il est plus qu'un ami pour moi. Il est comme mon frère", ajoute ce monsieur, dont la carte d'identité atteste de ses 92 ans mais qui en parait trente de moins et qui reste très sûr de son charme.

 

"Vous n'auriez jamais réalisé même si vous nous aviez vu ensemble qu'il était quelqu'un d'important", ajoute Kekana, qui n'a pas connu Mandela enfant mais sur le tard, en simple voisin.

 

En chandail et bonnet pour se protéger du vent balayant les collines où le village s'est peu à peu étendu et dispersé, il réchauffe ses vieux os sur un banc de bois, profitant des rayons de soleil que le climat d'Afrique australe pourvoit même en hiver.

 

Près de la case servant de cuisine familiale, il boit son bol de lait caillé, tandis que des moutons traversent la parcelle.

 

Rien dans ce paysage bucolique et vallonné aux cases de couleurs vives ne distingue ces quelques kilomètres carrés du reste de l'Afrique du Sud profonde. La vie s'y écoule au rythme lent des tâches traditionnelles, du jardinage, de l'entretien du bétail. Ce n'est pas le dénuement mais les demeures sont modestes.

 

Tout au plus, les maisons dotées du confort moderne y sont-elles plus nombreuses, avec l'eau courante au robinet et l'électricité, un luxe qui n'existait pas du temps de la jeunesse de Mandela et qui fait encore défaut à au moins 30% de Sud-Africains pauvres.

 

La capitale Pretoria, symbole du pouvoir de la minorité blanche jusqu'à l'élection de Nelson Mandela en 1994, est à 900 km. L'aéroport le plus proche, Mthatha, à une demi-heure de route, vient seulement d'inaugurer en mai une nouvelle piste promise depuis trois ans.

 

C'est à Qunu, village cher à son cœur, que Nelson Mandela souhaite être inhumé le jour venu, comme la plupart de ses proches.

 

C'est là aussi que les Clinton étaient venus lui rendre visite l'an dernier: l'ancien président américain Bill Clinton venant lui souhaiter un joyeux anniversaire en juillet, la veille de ses 94 ans, puis son épouse Hillary pour un déjeuner le 6 août en qualité de secrétaire d'État du président Barack Obama.

 

Mais plus que le ballet des grands de ce monde et des médias sillonnant le canton, ce qui impressionne le plus les habitants de Qunu c'est la modestie de Nelson Mandela.

 

Joe Mdlangazi, 54 ans, se souvient que le prix Nobel de la paix arrivait parfois à l'improviste, se souciant de savoir pourquoi les enfants dormaient par terre sous des couvertures sales. Mdlangazi, qui espère que Mandela pourra revenir à Qunu, lui faisait alors remarquer qu'enfant, Mandela avait dormi dans les mêmes conditions.

 

Masiviwe Geledwana, 27 ans, aime aussi remémorer les nombreuses fois où il a pu parler avec son illustre voisin et l'écouter philosopher sur la vie.

 

"C'est un héros" et "une sorte de dieu", confie-t-il. Mais "il m'a dit que lorsqu'on est un être humain et qu'on veut grandir et devenir comme lui, il faut respecter chacun et considérer que chacun est l'égal de tous, peu importe d'où l'on vient".

 

AFP