Afrique du Sud : L’opinion se prépare au départ de Mandela

Le Président sud - africain, Jacob Zuma, rend visite à Nelson  Mandela (à droite), le 29 avril.
Le Président sud - africain, Jacob Zuma, rend visite à Nelson Mandela (à droite), le 29 avril.
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Afrique du Sud : L’opinion se prépare au départ de Mandela

Toutes les fois que Nelson Mandela est évacué d’urgence dans un centre hospitalier de Pretoria pour des soins, ses compatriotes sud-africains, mais aussi des citoyens du monde entier, prient pour qu’il guérisse rapidement. La présidence sud-africaine lance généralement des appels dans ce sens à l’endroit de la population. Voilà que pour la première fois, des avis divergents sont enregistrés, après sa rechute, samedi, pour le même mal : une infection pulmonaire. Un mal qui serait lié aux séquelles d’une tuberculose contractée pendant son séjour à Robben Island où il a passé 18 de ses 27 années de captivité.

Les messages recueillis sur les réseaux sociaux, comme ceux diffusés dans la presse, évoquent ouvertement la probabilité du départ de l’icône nationale, « Tata » (père ou grand-père) ou Madiba (nom de son clan). Vu que la presse affirme qu’il est temps de laisser enfin partir le vieillard qui doit, en principe, célébrer son 95e anniversaire le 18 juillet (il est né en 1918), c’est dire que la majorité de ses fans acceptent désormais le fait qu’il soit mortel. Même s’il est un héros, comme le rapporte l’Afp citant la presse nationale. « Il est temps de le laisser partir », titrait en Une le grand journal Sunday Times, au-dessus d’une photo d’archives d’un Mandela souriant et saluant de la main, comme pour un au revoir. « Sa famille doit le laisser maintenant, de façon à ce que Dieu puisse faire à sa façon », dit, dans le Sunday Time, Andrew Mlangeni, un ami de longue date de Mandela. « Ils doivent le libérer spirituellement et s’en remettre à Dieu (...) Nous dirons merci à Dieu, de nous avoir donné cet homme et nous le laisserons partir », poursuit M. Mlangeni.

Et contrairement aux précédentes hospitalisations (c’est la 4e en deux ans et demi), les officiels du pays et la famille sont restés muets sur l’évolution de son état de santé, en dépit du guet qu’observe la presse devant l’hôpital qui l’avait accueilli, en avril, durant dix jours. Seule information, son état est « préoccupant mais stable », indique la Présidence en citant l’équipe médicale, au troisième jour de traitement. Face à la pression de l’opinion, la Présidence s’est résolue à dire un mot hier. Qui affirme que Madiba « reçoit des soins intensifs » mais qu’il n’est pas admis dans une unité de soins intensifs. Il précise que son état reste inchangé.

Devenu le garant moral de la nation arc-en-ciel, le premier Président noir du pays (1994-1999) et prix Nobel de la paix en 1993, Nelson Mandela a été surpris un jour de l’image que son pays et le monde entier avaient de lui. Il s’est étonné de « la fausse image qu’(il avait), sans le vouloir, projetée dans le monde ». « On me considérait comme un saint. Je ne l’ai jamais été », a-t-il observé. Le temps est-il venu pour cet homme de valeur de faire ses adieux ? Seul Dieu en décidera.

Depuis 2010, Mandela s’est retiré dans son village natal, Qunu, et il n’est plus réapparu en public.

Paulin N. Zobo