Tracer les sillons de l’avenir

Venance Konan
Venance Konan
Venance Konan

Tracer les sillons de l’avenir

Nous voici donc, à nouveau, réunis, nous tenant par la main, dans la confiance retrouvée, regardant l’horizon dégagé, à la recherche de nouveaux sillons à creuser. Nous avons cheminé ensemble depuis si longtemps !                                  Oui, nous avons cheminé ensemble, depuis si longtemps. Laissez-nousvous donner quelques repères. En 1735, le prince Famaghan, frère de l’empereur Sékou Ouattara qui régnait à Kong, s’en alla créer son royaume baptisé Gouïriko dont la capitale n’était autre que Bobo-Dioulasso.Gouïriko s’étendit, pendant quelque temps, jusqu’à Tombouctou et Djenné. Gouïriko et Kong étaient deux royaumes frères, dirigés par deux frères.

Puis, le colon français vint. Après nous avoir défaits, il composa son empire à lui en nous divisant, en nous réunissant, à nouveau, puis, en nous séparant, encore une fois, au gré de ses intérêts. Souviens-toi encore. C’est auprès du Mogho Naba de Ouagadougou, au pays des hommes intègres et après avoir parcouru l’ancien royaume du Mogho d’est en ouest et du sud au nord, qu’Houphouët-Boigny, le natif de Yamoussoukro, chef de son canton, alla solliciter et obtint les voix qui lui ouvrirent les portes du Palais-Bourbon. Et lorsqu’il décida d’envoyer étudier en France les jeunes pousses qui devaient, plus tard, conduire les destinées des nations en gestation, il ne fit aucune distinction entre les fils du sud ou du nord de la Léraba.

Oui, ceux du nord de ce fleuve qui avaient, eux aussi, abondamment versé leurs sang et sueur au sud, sur les rails, dans les plantations ! C’est à Ouagadougou qu’Alassane, natif de Dimbokro, descendant des empereurs de Kong et Gouïriko, fit une partie de ses études. C’est Ouagadougou toujours qui accueillit Laurent qui fuyait la colère d’Houphouët-Boigny, ainsi que les milliers d’élèves du sud qui fuyaient, eux, un baccalauréat que l’on disait probatoire. Et c’est encore à Ouagadougou que les exilés, rejetés par les secousses politiques du sud, trouvèrent refuge.

Et nous voici, à nouveau, réunis, nous tenant fortement par la main, cherchant à tracer, de Bongouanou à Falagountou, de Takikro à Kokologho, de Gagnoa à Fada-Gourma, de Sassandra à Banfora, les sillons de l’avenir pour nos enfants nos petits-enfants et leurs propres arrière-petits-enfants.

Avons-nous d’autre choix intelligent à faire que de nous tenir fortement par la main en nous faisant la promesse sincère de ne plus nous lâcher ? Non, nous n’avons pas d’autre choix. Notre histoire nous le dicte et l’avenir s’offre à nous, avec toutes ses promesses et ses défis. Au moment où les grands pays s’unissent pour devenir encore plus grands, où les puissants se mettent ensemble pour devenir plus puissants, avons-nous le droit, nous, les petits et faibles, de nous penser autrement qu’en termes d’union ? Depuis l’indépendance, nous n’avons que les mots intégration et panafricanisme à la bouche. Peut-il y avoir meilleur exemple d’intégration que celle que l’histoire a imposée à la Côte d’Ivoire et au Burkina Faso et que l’avenir leur commande ?

Alassane Ouattara ! Blaise Compaoré ! L’histoire et le futur vous interpellent. Vos peuples vous demandent de tracer ensemble les sillons de leur avenir commun.

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* Ibrahiman Sakandé est le directeur de la communication de la présidence du Faso et ancien Directeur général des Éditions Sidwaya.

Ibrahiman Sakandé* et Venance Konan