Saison de pluies: Chaque année, les mêmes quartiers, sont inondés. Les taudis situés aux mêmes endroits s’écroulent

Saison de pluies: Chaque année, les mêmes quartiers, sont inondés. Les taudis situés aux mêmes endroits s’écroulent

Et chaque année, les mêmes quartiers, les mêmes rues, sont inondés. Les mêmes taudis situés toujours aux mêmes endroits s’écroulent. Les mêmes caniveaux débordent. Et parfois des gens meurent. Mais chaque année, nous sommes surpris. Donc cette année encore, malgré les prévisions météorologiques, nous avons été fort surpris par la pluie. C’est pour cela que des rues ont été coupées, des habitations inondées et tous les désagréments que nous avons connus.

Et comme l’année prochaine à la même période, il y aura de fortes pluies, apprêtons-nous maintenant à être surpris. Il n’y a rien à dire, nous sommes trop forts, nous les nègres. » Ainsi donc le vendredi dernier, nous avons tous été surpris par la première pluie de la saison qui arrive, comme toujours, à la même époque.

Et comme d’habitude, le carrefour de l’Indénié a été inondé, la rue ministre aussi, nous avons connu des embouteillages monstres, des véhicules ont été emportés et nous avons déploré deux décès. Les réseaux sociaux et les journaux ont fait circuler de nombreuses photos et vidéos qui auraient très bien pu avoir été prises les années précédentes.

L’année prochaine, nous verrons les mêmes images à la même période. Quel est notre problème ? Prenons le carrefour de l’Indénié. En son temps, un ministre de Laurent Gbagbo avait tenté d’y trouver une solution. Il y avait même installé une télévision. Le problème de son inondation à chaque pluie n’a pas pour autant été résolu. À son avènement, le Président Ouattara s’est résolument attaqué au problème. Et l’on a cru que la solution avait été trouvée.

Oui, pendant quelque temps, il n’y eut plus d’inondation à cet endroit pendant les saisons pluvieuses et nous fûmes nombreux à avoir crié victoire. Que s’est-il passé pour qu’il recommence à être inondé ? Il n’y a aucune sorcellerie dans l’affaire. Il s’est passé qu’une fois la solution trouvée, nos mauvaises habitudes ont repris le dessus et nous avons oublié que tout ouvrage doit être entretenu.

Nous oublions que lorsque nous jetons nos détritus dans les caniveaux, nous finissons par les boucher. Dans nos quartiers, nous oublions que lorsque nous construisons des murs sur les passages que doit emprunter l’eau en temps de pluie, nous provoquons aussi des inondations. Il n’y a aucune illusion à se faire et il n’y a aucun miracle à attendre: tant que nous ne changerons pas radicalement notre façon de nous comporter, tant que nous construirons là où il ne faut pas, tant que nous ne respecterons aucune règle et tant que l’État nous laissera faire, chaque saison des pluies ressemblera à la précédente, avec les mêmes images de désolation, de rues inondées, de véhicules emportés, avec son lot de maisons englouties et de morts.

À propos, nous avons aussi été surpris par la sécheresse à Bouaké et dans d’autres villes au nord de notre pays. C’est normal, puisque nous ne savons pas que lorsque nous laissons des vendeurs de sable creuser le lit d’un cours d’eau pour en emporter le sable, nous contribuons à l’assécher. Ainsi, Bouaké, la plus grande ville de notre pays après Abidjan, a manqué d’eau pendant de longues semaines et ses habitants ont dû recourir à des puits pour ne pas mourir de soif.

À l’évidence, les mots « prévision » et « entretien » ne font pas partie de notre vocabulaire. C’est ainsi que des ouvrages qui nous ont souvent coûté très cher sont inutilisables peu de temps seulement après leur réalisation. C’est le cas de bon nombre de nos routes construites à grands frais mais qui se dégradent aussitôt que les premières pluies les touchent. Il en est aussi ainsi de nos forêts que nous avons toutes détruites, en sachant très bien ce que cela causera comme conséquence sur notre climat. Il en est ainsi aussi de la très belle lagune de Bingerville qui aurait pu faire de cette ville l’une des plus belles de ce pays, mais où toutes les eaux sales de la ville se déversent, la transformant ainsi progressivement en un cloaque puant, plein de moustiques.

Tant que nous ne changerons pas de mentalité, nous ne contribuerons qu’à détruire ce pays qui était pourtant si beau. Et nous serons toujours surpris par les malheurs que nous provoquerons. D’ailleurs, nous commençons à être surpris par les changements climatiques qui s’opèrent dans notre pays.

Venance Konan