Le pari de la stabilité et du développement

Plume
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Le pari de la stabilité et du développement

Il s’est passé que ces pays ont tiré les leçons de leurs histoires et, parce qu’ils sont peuplés d’hommes et de femmes intelligents, ont pris les mesures qu’il faut pour ne plus retomber dans les travers qui avaient mis à mal leur stabilité, et, partant, leur développement. Parmi les mesures qu’ils ont prises, il y a la Vice-présidence qui assure la continuité du pouvoir en toutes circonstances. Ainsi, au Nigeria comme au Ghana, des Présidents sont décédés au cours de leur mandat et la succession n’a entraîné aucun désordre. De même, en établissant un équilibre entre les différents grands groupes sociologiques du pays dans l’exercice du pouvoir, elle évite son accaparement par un seul groupe. Les grandes bagarres dans nos pays viennent généralement du sentiment développé par certains que le pouvoir est exercé pendant trop longtemps par un seul groupe, à leur détriment. A-t-on besoin d’expliquer le lien entre stabilité politique et développement d’un pays? Le Nigeria et le Ghana ont réglé cette question à travers leurs Constitutions, et ce que l’on pourrait appeler une coutume constitutionnelle qui répartit les postes de Président et de Vice-président entre les grandes régions du pays, et ils n’ont plus qu’à s’en féliciter.

En 2000, nous avions cru bien faire en adoptant une nouvelle Constitution qui instituait ce que nous avions appelé la seconde République. En quoi différait-elle de la première ? Peu importe ! Ce que nous ne voulons pas nous avouer, c’est qu’il s’était moins agi à cette époque de faire entrer notre pays dans une nouvelle République que de barrer la route de la Présidence à une personne que nous détestions. C’est ainsi que tous nos débats lors de l’adoption de ce texte fondamental n’ont tourné qu’autour de cette question. Il est évident que nous n’avions pas à cœur de projeter notre pays dans le futur, de lui donner des institutions solides à même d’assurer sa stabilité et son développement. La conséquence a été immédiate. Deux ans après l’adoption de cette Constitution nous sommes entrés en crise. Quelqu’un peut-il nier aujourd’hui le lien entre ce texte et cette crise ? Elle a duré dix longues années, nous a coûté des milliers de morts et a fait reculer notre pays d’au moins dix ans. Depuis plus de cinq ans, nous dépensons l’essentiel de notre énergie et de nos moyens à réparer ce que nous avons détruit et ce qui s’est détruit tout seul faute d’entretien. Que fait-on, lorsque l’on est un peuple intelligent, devant une telle situation ? On commence par écarter les causes de l’instabilité, dont l’une des plus importantes est la Constitution.

D’où vient-il que certains de nos opposants se sont braqués dès le départ contre l’idée même de changement de la Constitution ? D’où vient-il qu’ils ont refusé de rencontrer le comité chargé de la rédaction du projet de Constitution pour lui faire part de leurs suggestions ? D’où vient-il qu’ils appellent aujourd’hui au boycott du référendum sur l’adoption du nouveau texte fondamental ? Qu’Affi Nguessan, Aboudramane Sangaré, Mamadou Koulibaly, KKB et autres nous le disent franchement : pensent-ils que la Constitution de 2000 est celle qui convient à un pays comme le nôtre qui a traversé les crises que nous connaissons et qui a de grandes ambitions ?

Que les Ivoiriens ne s’y trompent pas et ne se laissent pas abuser. Le débat ici ne porte ni sur l’âge du capitaine, ni sur la Vice-présidence, ni sur le Sénat, ni sur aucune disposition du projet de Constitution, mais sur la Côte d’Ivoire que nous voulons demain. Voulons-nous une Côte d’Ivoire qui continue d’exclure une partie de ses enfants ou une Côte d’Ivoire qui les inclut tous ? Voulons-nous d’une Côte d’Ivoire qui relève le pari de la stabilité et du développement ou un pays qui choisit de s’en remettre aux prédictions de certains pasteurs aussi escrocs les uns que les autres pour construire son avenir ? Il n’y a aucune disposition dans notre projet de Constitution qui n’existe ailleurs. Au contraire, dans ce projet, est intégré ce qu’il il y a de meilleur dans les autres pays et qui leur assure la stabilité et le développement. Que chacun se donne la peine de lire intelligemment le projet de Constitution que Fraternité Matin  a mis gracieusement à la disposition de tout le monde, et se fasse sa propre opinion, loin des idéologies mortifères distillées par des hommes et des femmes dont la seule façon d’exister politiquement est de toujours s’opposer, envers et contre tout, y compris les intérêts supérieurs de leur pays. Jeunes de Côte d’Ivoire, ne laissez pas des hommes et des femmes du passé jouer avec votre avenir.

Venance Konan