L’éditorial de Venance Konan : Aux portes du paradis

L’éditorial de Venance Konan : Aux portes du paradis
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L’éditorial de Venance Konan : Aux portes du paradis

Le FPI propose au PDCI de quitter son concubin le Rassemblement des républicains (Rdr) pour vivre avec lui parce qu’il le rendrait plus heureux. En gros, le Fpi n’a pas un sou en poche, vit plus ou moins de mendicité, mais demande au Pdci de quitter son riche concubin Rdr pour se mettre en ménage avec lui. Est-ce à cause de ce chant de sirène que le mariage prévu entre le Pdci et le Rdr peine à se réaliser ? Nous n’osons pas y croire.

Dans la mythologie grecque, les sirènes sont des créatures mi-femme mi-oiseau qui séjournaient à l’entrée du détroit de Messine en Sicile. Musiciennes dotées d’un talent exceptionnel, elles séduisaient les navigateurs qui, attirés par les accents magiques de leurs chants, de leurs lyres et flûtes, perdaient le sens de l’orientation, fracassaient leurs bateaux sur les récifs où ils étaient dévorés par ces enchanteresses. Que le PDCI médite cette mythologie avant de se lancer dans une aventure hasardeuse.

Depuis l’avènement du président Ouattara, il gouverne avec le PDCI et le vice-président de notre pays est issu de ce parti. Le Pdci a sans doute de bonnes raisons de faire des reproches à son partenaire, mais ce n’est pas nous qui apprendrons aux politiciens de ces deux partis que tout mariage ou alliance peut traverser des moments de turbulence, et que la grandeur des partenaires réside en leur capacité à les transcender.

Le Pdci et le Rdr doivent, au-delà de leurs intérêts personnels et de ce qui pourrait les diviser, regarder l’intérêt du pays. Depuis qu’ils se sont réconciliés, le pays a retrouvé sa stabilité et connait une croissance très appréciable. A cet égard, il est intéressant de lire le dernier rapport de la Banque mondiale sur la Côte d’Ivoire. Il nous dit qu’en 2017, notre pays a continué d’être une des économies les plus dynamiques d’Afrique, avec un taux de croissance qui devrait se maintenir autour de 7,6%.

Il nous dit aussi que la contribution du secteur privé a diminué, pendant que « les autorités poursuivaient un programme ambitieux d’investissements publics, visant à réduire des retards en infrastructures et en services sociaux, qui s’étaient creusés pendant plus d’une décennie de crise politique. »

Il nous dit également que « malgré les dépenses importantes de l’État en faveur de l’éducation, les résultats demeurent décevants en termes d’inscription à l’école primaire » et qu’en matière de santé, les résultats sont très modestes en termes de mortalité maternelle. Il dit enfin que nous ne sommes pas loin de l’émergence, mais nous ne l’atteindrons que si nous nous modernisions en profondeur pour rattraper notre retard technologique.

Ce rapport propose une stratégie articulée autour de ces trois axes complémentaires :

  • ouvrir l’économie afin d’attirer des investisseurs étrangers et bénéficier ainsi des transferts technologiques et des compétences ;
  • renforcer les compétences locales afin d’être en mesure d’assimiler, adapter et exploiter efficacement de nouveaux outils technologiques ;
  • réduire le prix des transports en améliorant les performances des ports ivoiriens (et des liaisons connexes), mais aussi celui des communications virtuelles en abaissant les coûts associés à l’usage des services de téléphonie mobile et internet.

La Banque mondiale a intitulé son rapport « aux portes du paradis ». Ce que j’en retiens, c’est que depuis l’arrivée au pouvoir d’Alassane Ouattara, la Côte d’Ivoire a réalisé des performances remarquables dans le domaine économique, que l’émergence promise n’est pas une chimère, mais que nous avons encore d’énormes efforts à faire, notamment en matière d’éducation et de santé.

Ce résultat est celui du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP), principalement du Rdr et du Pdci. Il y a certainement beaucoup de choses à corriger dans cet attelage et des ajustements à faire.

Mais devant les perspectives qui se profilent à l’horizon pour notre pays, et devant les efforts qu’il nous reste à faire pour parvenir à l’émergence, certains combats me semblent vains.

 L’important pour moi n’est pas la couleur ou l’origine politique de celui qui doit nous guider dans les prochaines années, mais sa compétence, sa capacité à réaliser les conditions de notre avancement et la nécessité de préserver l’union qui a assuré à notre pays la paix et le développement.

Les combats idéologiques et les positions dogmatiques n’ont jamais fait avancer un pays africain. Méditons tout cela avant de nous laisser entraîner par les chants de sirène, et à vouloir faire fi de l’usure du temps.

Venance Konan