En attendant la future génération

Venance Konan
Venance Konan
Venance Konan

En attendant la future génération

Notre pays sera représenté par le Premier ministre, Daniel Kablan Duncan, le Président de la République, Alassane Ouattara, n’ayant pas pu faire le déplacement pour cause de calendrier. Le thème de ce sommet est « Investir dans la prochaine génération. » Et c’est, sans doute, pour donner le ton que le Président américain a réuni, le 28 juillet, quelque cinq cents jeunes entrepreneurs venus d’Afrique dans le cadre de ce qui a été baptisé la « Young African Leaders Initiative. »

Acette occasion, Barack Obama a annoncé que dans les deux prochaines années, deux mille jeunes chefs d’entreprise pourraient aller se perfectionner dans les universités américaines.

Que faut-il retenir de toute cette attention à l’égard de notre continent ? Faut-il croire qu’il se porte si mal au point que tout le monde se croit en devoir de lui porter assistance ? Ou faut-il plutôt estimer qu’il est si important que tout le monde se croit en devoir de le courtiser ? Il y a certainement un peu des deux. Le fait est que de tous les continents, le nôtre est celui qui se porte le moins bien, celui qui cumule le plus de misères, de maladies, de guerres. Le continent que tous ses bras valides veulent fuir à tout prix, quitte à mourir par centaines, voire par milliers au fond des mers. Et c’est l’Afrique qui, avec des maladies telles que le Sida ou l’ébola (un Américain ayant contracté cette maladie au Liberia a été transféré dans son pays samedi dernier) ou des mouvements terroristes tels que ceux du Sahel-Sahara, du Nigeria, de la Somalie, constituent une réelle menace pour la sécurité des autres continents. Un autre fait, cependant, est que l’Afrique est un continent riche en matières premières de tous genres, riche aussi d’une population de plus d’un milliard d’individus, en majorité jeunes et de plus en plus connectés au reste du monde. Alors, que ce soient pour ses aspects négatifs ou positifs, elle a tout pour intéresser les États-Unis. Dans un point de presse, le vendredi 1er août, à Washington, M. Ben Rhodes, vice-conseiller en charge de la communication stratégique à la sécurité nationale, a déclaré ceci : «  Nos efforts pour lutter contre le Sida au niveau mondial réduisent fortement nos efforts pour la santé mondiale, devrais-je dire, réduisent considérablement les décès dus à des maladies évitables et permettent la  promesse d’une génération libérée du Sida…L’Afrique compte six des dix économies à la croissance la plus rapide du monde et nous pouvons y promouvoir le commerce et les investissements. Ce qui va créer de nouveaux marchés pour nos produits, donner des résultats gagnant-gagnant afin de promouvoir la prospérité, tant aux États-Unis qu’en Afrique, et, finalement, va créer des emplois, tant aux États-Unis qu’en Afrique. Dans le même temps, il reste de nombreux défis sécuritaires sur le continent et nous allons donc discuter de la manière de renforcer les capacités africaines afin de contrer les menaces transnationales comme le terrorisme et également soutenir les opérations de paix et de sécurité africaines dans différentes régions du continent. » Voilà qui est bien dit. Aider l’Afrique, c’est s’aider soi-même un peu. « Le monde a besoin d’une Afrique forte et autonome », avait dit Barack Obama aux jeunes entrepreneurs africains. Il avait ajouté qu’ils ne devraient pas « reproduire les pratiques des gouvernants d’hier », telles qu’arriver au pouvoir et « avoir soudain dix milliards de dollars sur son compte en Suisse. » On se souvient aussi de son discours d’Accra dans lequel il avait dit que l’Afrique n’avait pas besoin d’hommes forts, mais plutôt d’institutions fortes. On sait également que le Président américain n’apprécie pas beaucoup les chefs d’État qui veulent se maintenir coûte que coûte au pouvoir, quitte à tripatouiller, pour cela, leurs Constitutions. Or, parmi la cinquantaine de Chefs d’États qu’il aura autour de lui, il y en a au moins une bonne quinzaine qui, pour rien au monde, ne sont prêts à céder le pouvoir. Obama leur dira-t-il ses quatre vérités ? S’il le fait, ces derniers l’écouteront-ils ? Le Président américain doit se douter un peu de la réponse à cette question. C’est sans doute pour cela qu’il juge plus rentable d’investir dans la prochaine génération.