Chef de l’opposition et chef du Fpi

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Chef de l’opposition et chef du Fpi

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Dans une démocratie, être chef de l’opposition signifie se comporter de manière civilisée, en respectant les règles de la démocratie qui veulent que l’opposition, qui est  minoritaire, s’oppose et enrichisse le débat politique, mais sans chercher à imposer sa volonté par tous les moyens, y compris ceux qui sont anti-démocratiques. Affi N’Guessan aimerait bien être le chef d’une telle opposition. Sauf qu’il veut être en même temps le chef du Fpi. Or au Fpi, même quand on a perdu le pouvoir et que l’on a refusé de participer à toutes les élections qui établissent les rapports de force dans une démocratie, on veut quand même que ce soit sa volonté qui prévale. Et cette volonté est que le pays doit s’arrêter de fonctionner tant que ce que veut ce parti n’a pas été exaucé. Pour le Fpi, le Président Ouattara doit dégager tout simplement. En 2012, diverses actions armées avaient été tentées par des extrémistes du Fpi, sans succès. Plusieurs d’entre eux se sont retrouvés en prison. Cette stratégie a été abandonnée pour le moment, mais la volonté de tout faire pour que le Président Ouattara quitte le pouvoir est restée  intacte. On change juste de stratégie. Et celle-ci consiste pour le moment à tout faire pour que les grands projets du Chef de l’État n’aboutissent pas.

Il y eut le temps où l’on creusait des trous dans les routes qu’il construisait, où l’on dénigrait systématiquement ce qu’il faisait. La peur qui avait suivi la perte du pouvoir en 2011 ayant désormais disparu, est venu maintenant le tempsde réactiver la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (Fesci) pour créer la chienlit à l’université, et de faire descendre les militants dans les rues pour paralyser le pays ou tout au moins la capitale économique. Souvenons-nous des années où le président Bédié dirigeait le pays. C’est à ce scénario que le Fpi, que veut diriger Affi N’Guessan, nous prépare. Et le prétexte  tout trouvé est le projet de la nouvelle Constitution. Affi N’Guessan et ses petits camarades réunis au sein d’une coalition hétéroclite n’en veulent pas, sans que l’on comprenne bien pourquoi. Il dit que cette nouvelle Constitution est inopportune, que la période pour la proposer n’est pas la bonne, de même que la méthode de son élaboration. Rappelons à M. Affi N’Guessan que Laurent Gbagbo, son mentor, avait déclaré ceci le 24 septembre 2008, lors d’une tournée dans le Zanzan : « Après la guerre, il faudra faire une relecture de la Constitution et une modification constitutionnelle par référendum. Tous les aspects qui semblent négatifs, confligènes, il faut les enlever et les remplacer par les aspects qui rassemblent tous les enfants de la Côte d’Ivoire. » Puis, dans son discours à la nation du 31 décembre 2009, il dit : « Réviser la Constitution veut dire, pour moi, modifier l’article 35. » Précisons que c’est cet article qui dispose que le Président ivoirien doit être Ivoirien de naissance, né d’un père et d’une mère eux-mêmes Ivoiriens de naissance. Où se trouve le problème d’Affi N’Guessan et de ses camarades si le Président Ouattara est en train de réaliser aujourd’hui ce que Laurent Gbagbo avait envisagé de faire en son temps ? Son problème est qu’au Fpi, on doit s’opposer à tout ce qu’Alassane Ouattara entreprend, même si c’est exactement ce que veut le Fpi. N’ y a t-il pas des gens dans ce parti qui sont furieux du retour des exilés alors que c’est ce qu’ils réclamaient depuis toujours ? Si demain Alassane Ouattara réussissait à faire revenir Gbagbo dans ce pays, il y en aurait au Fpi qui seraient fâchés, parce que c’est Ouattara qui l’a fait.

Affi N’Guessan parle aussi de la méthode utilisée qui ne lui plaît pas. Le Chef de l’État  a fait savoir ce qu’il aimerait voir figurer dans la nouvelle Constitution et a mis sur pied un comité d’experts qui est en train de rencontrer les leaders d’opinion, afin de recueillir leurs avis et enrichir le texte qui sera proposé aux Ivoiriens. Affi et ses petits copains refusent de rencontrer ce comité parce que cette méthode n’est pas de leur goût. Mais pourquoi diantre veulent-ils que ce soit leur vision des choses qui s’impose ? Représentent-ils la majorité ? Rappelons qu’en 2000, Robert Guéï, entouré des membres influents du Fpi qui étaient ses conseillers, avait choisi sa méthode à lui, qui a accouché de cette Constitution dont plus personne, y compris Laurent Gbagbo, ne veut. Affi et ses amis sont-ils en train de manœuvrer pour qu’on n’y touche pas ? S’il avait été le chef d’une opposition civilisée, il aurait fait ses propositions, et si elles n’étaient pas prises en compte, il aurait appelé à ne pas voter la nouvelle Constitution. Et il se serait conformé à la volonté de la majorité. Mais il veut aussi être le chef du Fpi. Cela lui impose de ne même pas regarder les propositions du Chef de l’État, et de tout faire pour que cette réforme échoue. Même si elle va dans le sens des aspirations des Ivoiriens et même du Fpi.

Venance Konan