Arrêter l’autoflagellation

Arrêter l’autoflagellation

Et ce site de poursuivre : « malgré les convoyés pour l’occasion au stade Houphouët-Boigny d’Abidjan pour qu’elle ne se déroule dans un stade vide, occasion nous fut donnée de confirmer ce que nous constatons depuis des semaines, l’évènement passionne peu localement.» Et pourtant, dans les reportages réalisés par Radio France Internationale (Rfi) au lendemain de cette ouverture, la parole fut donnée à des personnes qui n’ayant pas eu de place à l’intérieur du stade, s’en plaignaient.

Après avoir lu cette information, Clyde, un grand ami mauricien que je dirais même un frère, qui connaît  suffisamment ses nouveaux compatriotes pour avoir vécu longtemps chez nous, ici,  écrivit ces mots au groupe d’amis que nous formons : « Les Ivoiriens se flagellent trop. J’ai rarement vu un évènement de cette envergure aussi bien organisée. Il y a toujours des couacs. Mais les participants sont contents. Il faut juste galvaniser le public. C’est pareil pour les compétitions régionales. J’ai quand même vu des sourires et des gens ravis. Ce sont de beaux Jeux. Les gens ont vu des gradins vides hier et ont dit qu’il n’y avait pas de public, alors que derrière la scène on ne pouvait pas mettre le public. Et des gradins étaient réservés aux athlètes. La mauvaise foi est un élément perturbateur qui empêche la cohésion. »

Et Nathalie, une autre grande amie d’origine tchadienne que je dirais aussi une sœur, réagit en ces termes: « mes frères ivoiriens auraient besoin de voyager un peu, ne serait-ce que dans la sous-région pour se rendre compte de la chance qu’ils ont. »

J’aime bien répéter cette phrase que m’a dite un jour un fonctionnaire ghanéen: « les Ivoiriens sont des gens heureux, mais ils ne le savent pas. » Depuis le début de l’année, parce que nous avons traversé une zone de turbulences, nous avons oublié tout ce qui a été réalisé dans le pays en cinq ans pour le réhabiliter, le repositionner et lui faire connaître cette croissance qui, malgré les secousses et les remous, demeure toujours très enviable. Oui, nous aimons nous flageller et jouer au margouillat qui détruit de la queue ce qu’il construit de ses pattes.

Arrêtons ce jeu morbide qui consiste à tout voir en noir et à émettre des ondes négatives, et demeurons pour une fois positifs. L’histoire de toute société est faite de hauts et de bas. Nous ne sommes pas aux premiers  moments critiques de notre jeune démocratie. Nous n’en sommes aux dernières non plus. Seuls notre capacité de résilience et la foi en l’avenir nous permettront de nous surpasser et de survivre à nos difficultés de l’heure.

Comprenons les très beaux Jeux que nous offrent notre  gouvernement et la Francophonie comme un moment pour nous sortir de notre morosité, pour nous apprendre à nous surpasser. Au lieu d’en profiter, nous jouons à vouloir les voir et à les faire  échouer à tout prix, même s’ils ont bien démarré. Comme l’on dirait dans certains temples qui pullulent dans notre pays : « Esprit d’échec, sors donc  de ces corps ! »

Saisissons donc l’occasion pour rendre l’hommage qu’il mérite au grand artisan de la réussite de cette cérémonie d’ouverture, et de tous les Jeux, à savoir le gouverneur, pardon, le ministre Robert Beugré Mambé. Au départ, plusieurs ministères s’occupaient de l’organisation de ces Jeux et les choses n’avançaient pas au rythme que nous voulions.

L’organisation fut donc confiée au gouverneur Mambé qui,  pour l’occasion, fut élevé au rang de ministre, sous nos sourires narquois. Il réussit sous nos yeux à rassembler ce qui était épars, prit ses instruments, et comme un bon maçon au pied du mur sur ce vaste chantier, se mit à construire les Jeux, nos Jeux, pierre après pierre.

Nous avons eu un premier aperçu de ce qu’il a réalisé. Félicitons-le ! Mais nous devons comprendre que la réussite finale de cet évènement nous incombe à tous. Alors, plutôt que de jouer aux oiseaux de mauvais augure et aux éternels Schtroumpfs grognons, retroussons nos manches, sortons aussi nos outils et rejoignons Robert Beugré Mambé sur le chantier. Il y a encore du travail pour tout le monde. Il vient  de commencer à tailler les pierres et à entrelacer les houppes dentelées. Enthousiasmons-nous pour ces Jeux dont le succès n’honorera personne d’autre que nous, Ivoiriens, travaillons donc tous à leur réussite !

Venance Konan