Après la tempête…

Après la tempête…

Nous venons d’être acceptés comme membre non permanent du conseil de sécurité des Nations unies, et de lever plus de deux milliards de dollars sur les marchés financiers, nouvelle preuve s’il en était encore besoin, de la confiance que témoignent à notre président les milieux financiers internationaux.

Nous ne pouvons nier que les différentes mutineries d’une partie de notre armée nous ont fortement ébranlés, au point que certains se sont laissé aller au doute. D’autant plus que cette situation a coïncidé avec la baisse des prix du cacao, notre principal produit d’exportation, ce qui a entraîné une révision à la baisse de nos ambitions pour l’année. Sans oublier la pluie qui a révélé toutes nos failles dans la construction de nos cités, principalement de notre capitale économique, et de certains de nos gros ouvrages.

Pendant quelques jours, San Pedro, le second poumon économique de notre pays, a été coupé du reste du monde parce que l’eau avait coupé les trois routes qui y conduisent. Après la pluie viendra nécessairement le beau temps. Que cette période à venir soit pour nous celle de l’inspection de tous nos ouvrages, de la réparation de ceux qui sont en mauvais état, de la réhabilitation de nos quartiers, de la correction de ce qui a été mal fait, du curage de nos caniveaux, de la destruction des murs qui créent des crues dévastatrices. Il n’y a aucune fatalité, ni aucune malédiction qui nous condamnerait à vivre ces cauchemars tous les mois de juin.

La saison des pluies ne saurait surprendre que les sots. Démontrons que nous ne le sommes pas en anticipant tout simplement. Nous rappelions dans une récente chronique que depuis que la côte d’ivoire est la Côte d’Ivoire, et même avant, il a toujours plu abondamment sur le sud de ce pays durant le mois de juin. La seule différence entre hier et aujourd’hui est que les dégâts sont plus importants. Parce que notre ville s’étend, en même temps que notre indiscipline, notre incivisme, et notre inconscience.

Nettoyer des caniveaux, en creuser de nouveaux ou détruire des ouvrages dont la construction contribue à inonder tout un quartier ne sont pas des choses hors de portée d’un peuple qui veut avancer. Mais nous, avons-nous vraiment envie d’évoluer ? violente question comme dirait l’autre. Sur un autre plan, l’euphorie provoquée par toutes les réalisations du Président Ouattara ainsi que la forte croissance que cela a occasionnée nous avaient fait oublier que les prix de nos matières premières étaient volatiles, à savoir qu’autant ils pouvaient monter, autant ils pouvaient également descendre.

Nous ne sommes pas les seules victimes de ce genre de coup d’accordéon. Les pays dépendant de l’exportation du pétrole connaissent en ce moment une vraie descente aux enfers. Le Nigeria, présenté il y a peu comme la première économie africaine est en pleine récession du fait de la chute des cours du pétrole. Et les autres pays pétroliers ne sont pas en reste. En côte d’ivoire, nous avons pu résister à la chute des cours du cacao, d’abord parce que, sans aucune vantardise, nous pouvons affirmer que nous avons des fondements très solides, nous jouissons d’un très bon crédit grâce au charisme de notre président, et surtout parce que nous avons une économie diversifiée.

Vous avez dû certainement apprendre que nous sommes le premier producteur mondial de bananes. Ce n’est pas rien. Et l’un dans l’autre, nous continuons d’afficher une croissance très enviable, malgré la chute des cours du cacao. Mais en peuple réfléchi que nous sommes, nous devons tirer des leçons de tout ce qui nous arrive, à commencer par nos déboires. Nous devons déjà prendre toutes les mesures pour que les mutineries qui sapent tous les efforts du président de la république et de son Premier ministre cessent définitivement.

Nous ne doutons pas que cela ait été fait. Il nous faut ensuite mobiliser toutes nos intelligences et nos moyens pour nous engager résolument sur la voie de la transformation de nos matières premières. Un début de transformation est fait sur certains de nos produits, tels que le cacao ou l’anacarde ; il s’agit d’aller plus loin, d’accélérer l’industrialisation de notre économie et de développer encore plus notre secteur tertiaire qui fait preuve d’un grand dynamisme.

Le lundi dernier, le ministre de la communication, de l’Économie numérique et de la poste a magistralement démontré lors d’une rencontre avec la presse et les professionnels du milieu en quoi le secteur des technologies de l’information et de la communication (Tic) crée des emplois et contribue à la croissance de notre économie.

Nous avons aussi des atouts très importants dans le tourisme qui ne demandent qu’à être valorisés. Le nouveau ministre du Tourisme ne manque pas d’idées novatrices et il pourrait nous surprendre plutôt agréablement. Croisons les doigts. Oui, il est vrai qu’il pleut beaucoup en ce moment, mais gageons qu’après la tempête, un soleil radieux pointera à l’horizon. Si nous le voulons.

Venance Konan