A l’heure du choix
Nous avons encore quelques semaines pour apprécier le chemin parcouru, en presque cinq ans, avec Alassane Ouattara au gouvernail de notre pays. Nous avons encore quelques semaines pour décider de continuer avec lui ou changer de capitaine. Ce que nous avons à juger est son bilan. Où M. Ouattara a-t-il conduit le navire Ivoire en un peu moins de cinq ans ? Notre pays qui était infréquentable est aujourd’hui l’un des pays africains les plus prometteurs, le pays sur lequel il faut mettre le cap, lorsque l’on veut investir en Afrique. Nous avons retrouvé notre fierté perdue d’être Ivoiriens. Ce n’est pas anodin que de grandes marques internationales telles que Carrefour ou la Fnac, ainsi que de grandes chaînes hôtelières de renommée mondiale ouvrent chez nous, pendant que de grands centres commerciaux tels que Cap Sud s’agrandissent et se multiplient. Cela veut dire que notre pays est devenu attractif, qu’il y existe une classe moyenne avec un bon pouvoir d’achat. Cela veut dire que si l’argent travaille, il circule aussi, contrairement à l’idée répandue. De nombreux projets qui étaient en souffrance depuis de longues années ont été achevés. Citons le pont Hkb, ceux de Jacqueville, Bouaflé, Béoumi, Borotou, Gbéléban ; les autoroutes du Nord et de Grand-Bassam qui vont se prolonger jusqu’aux frontières avec le Burkina Faso et le Ghana ; toutes les routes en construction ou en réfection ; le chemin de fer qui se modernise et va se prolonger jusqu’au Bénin en passant par le Niger… La route précède le développement et le favorise. Il n’y a pas que les routes. Il y a aussi les écoles, les centres de santé, mais nous n’aurons pas assez d’espace pour citer toutes les réalisations.
Certes, il existe encore de grandes poches de pauvreté, des inégalités, et la cohésion sociale est encore fragile en certains endroits. Surtout lorsque des politiciens en panne de programme choisissent de réveiller les vieux démons. M. Ouattara nous demande de lui accorder un second mandat afin de poursuivre le travail qu’il a commencé. Que nous proposent ses adversaires ? Ce que nous entendons pour le moment est que M. Ouattara ne fait que terminer les projets d’Houphouët-Boigny et de Gbagbo, qu’il n’est pas éligible et que nous devrions donc marcher et casser des bus afin de mettre en place une transition. Un autre candidat nous demande de l’élire d’abord avant qu’il ne nous dévoile son projet de société. Cela me semble un peu court comme programme. S’ils ont dit autre chose qui m’a échappé, je vous serais reconnaissant de me le signaler.
Dans quelques semaines, nous aurons, comme il y a cinq ans, à choisir entre une Côte d’Ivoire qui veut réellement devenir un pays émergent et qui a renoué avec le travail, un pays de l’hospitalité et de la fraternité vraie, un pays en phase avec le monde qui avance, et une Côte d’Ivoire devenue amnésique, qui ne sait plus rêver, qui veut se refermer sur elle-même, et qui veut encore exclure une partie de sa population. Alassane Ouattara incarne la première Côte d’Ivoire, et ses adversaires, la seconde. Le choix est entre nos mains.
Venance Konan