Retour de la bad: “ Les premiers agents opèrent déjà à partir d’Abidjan ”

 Matondo Fundami
Matondo Fundami
Matondo Fundami

Retour de la bad: “ Les premiers agents opèrent déjà à partir d’Abidjan ”

Il avait été dit que les premiers agents de la Banque allaient commencer à arriver à Abidjan à partir de ce mois de juillet. Qu’en est-il?
Je peux confirmer que, tel que nous l’avions annoncé, les collègues des deux départements opérationnels en charge des pays de l’Afrique de l’ouest sont dejà là. Ils opèrent depuis Abidjan. D’ailleurs, hier (mercredi), ces derniers ont eu à présenter des dossiers concernant certains pays de l’Afrique de l’ouest au conseil d’administration. Ils sont installés dans l’immeuble de la Banque atlantique. Au cours des dix derniers jours, nous avons tout fait pour installer les équipements nécessaires de façon à ce que depuis Abidjan, ils puissent être connectés non seulement avec la direction à Tunis, mais aussi avec les différents pays dans lesquels la Banque est installée.

Combien sont ces agents qui sont déjà là?
L’ensemble des agents des deux départements chargés de l’Afrique de l’ouest sont une trentaine. Soit quinze par département. A cela s’ajoutent les collègues des départements sectoriels. A savoir, les experts en énergie, en assainissement, secteurs sociaux, en santé, et en éducation. A terme, quand tout le personnel sera là, il y aura une cinquantaine de collègues qui travailleront sur l’Afrique de l’ouest.

Quel point faites-vous de l’avancement des travaux de réhabilitation des sites?
Nous sommes là pour que les travaux qui se déroulent puissent continuer à s’exécuter. Et que le rythme s’améliore afin que la livraison se fasse plus tôt que prévu.
Nous avons eu l’opportunité de faire une visite des chantiers, hier (mercredi). Nous avons visité le Ccia et le siège. Nous sommes allés voir également l’école américaine et le lycée Mermoz. Notre constatation, c’est que l’immeuble Ccia est presque prêt. Il est prévu qu’il soit livré en septembre. Si le rythme actuel est maintenu, il y a des chances qu’il soit livré d’ici à la fin du mois prochain. Il en est de même pour l’immeuble du siège de la Banque où il y a une nouvelle dynamique. Les travaux, à l’intérieur du bâtiment avancent. Je pense qu’à partir de septembre, les travaux seront évidents à l’extérieur. Puisque les gens  n’apprécient le bâtiment qu’à partir de ses façades extérieures. La pose des cadres des fenêtres est actuellement en cours. Celle des vitrages qui a déjà commencé atteindra son rythme de croisière au mois d’août.

Quand le bâtiment du siège sera-t-il livré?
Selon le calendrier contractuel, les travaux sont prévus pour durer sur 16 mois et demi. Nous avons approuvé les études au mois d’avril et nous les avons remises à l’entreprise. En partant de cette base, normalement les travaux devraient aller jusqu’au mois de juillet de l’année prochaine. Mais nous nous sommes fixé comme objectif de faire terminer ces travaux au mois d’avril prochain.

Le personnel qui est parti d’Abidjan n’est pas le même qui revient. On parle d’un renouvellement à 80%. Alors, quel est l’état d’esprit de ce personnel au moment où le processus du retour est enclenché?
Lors de la première grande rencontre que le personnel a eue avec le président de la Banque, on a perçu que les agents sont curieux et un peu inquiets. Cela est humainement compréhensible. Comme j’ai eu à le dire à certains de vos collègues, pour des personnes qui ne connaissent pas le pays, à chaque fois qu’il y a un changement dans une vie, on y va avec une appréhension. Surtout qu’il s’agit, dans le cas d’espèce, d’un pays qui a eu des problèmes et qu’on ne connaît principalement qu’à travers les médias.
Mais, dans l’ensemble, le personnel est très ouvert. Il veut découvrir un nouveau pays et une nouvelle ville. Les agents de la Bad attendent juste d’avoir un environnement dans lequel ils pourront s’intégrer facilement. Le logement constitue la première priorité, l’école pour les enfants est la deuxième et les centres de santé la troisième.

Avez-vous eu des assurances à ce niveau ?
Nous y travaillons avec le gouvernement ivoirien qui a déjà fait beaucoup dans le sens de l’amélioration de la situation.
Ce qu’il faut noter, c’est que le travail pour le retour se fait dans une parfaite coopération entre l’Etat de Côte d’Ivoire et la Banque.
Concernant les écoles par exemple, des écoles ayant des programmes français comme le lycée Blaise Pascal et Jacques Prévert et autres, fonctionnent. Le gouvernement a pris les mesures pour que l’école Mermoz soit rénovée. Nous y sommes passés, hier (mercredi) et avons vu ce qui a déjà fait. Il reste encore des travaux à faire. Mais ce sont déjà de très bons signes. En ce qui concerne l’école américaine, je pense que c’est le jour et la nuit entre le visage que cet établissement avait en début d’année et celui qu’il présente aujourd’hui. Cette école est vraiment prête à fonctionner sur son campus à partir de l’année scolaire 2013-2014.
S’agissant des établissements sanitaires, nos collègues des services de santé qui travaillent avec le ministère de la Santé, reviendront faire le tour. Du côté des médecins, nous n’avons pas d’appréhension. Dans la mesure où il y a beaucoup de spécialistes en Côte d’Ivoire.

Quand on regarde les travaux de réhabilitation qui ont cours et tant d’autres dépenses, on se dit, le retour de la Bad est une opération qui coûte les yeux de la tête. Finalement, la Côte d’Ivoire y gagne-t-elle vraiment?
Pour le retour en Côte d’Ivoire, c’est d’abord la Bad qui finance. Un budget très important qui a été mis en place et le conseil d’administration l’a approuvé en deux phases. Le premier volet de ce budget a été approuvé en fin 2010- début 2011 pour la rénovation du bâtiment du siège, les logements de la cité Bad à Cocody, la réalisation de parkings sur le terrain mitoyen au siège s’élève à plus de 80 millions d’unités de compte, soit 100 millions d’euros (plus de 65,5 milliards de francs Cfa). A ce budget, s’ajoute un autre dénommé budget de retour. Il est d’un montant presque équivalent au premier. Il a été approuvé en décembre 2012. Il est destiné à l’acquisition d’équipement, du mobilier et de tout ce qu’il faut au niveau du siège et de l’immeuble Ccia de façon à ce que la Banque puisse opérer à partir d’Abidjan sans problème.
Il y a aussi d’autres besoins. Parce que la Banque qui était partie d’Abidjan, n’est pas celle qui revient. Elle était partie avec moins de mille membres du personnel. Aujourd’hui, elle fait son retour avec près de 2 mille agents (personnel et consultants). Si on y ajoute les membres de leurs familles, il faut compter près de 6 mille personnes qui viennent à Abidjan.
Le déplacement de toutes ces personnes  et leurs effets personnels a un coût.
C’est donc l’ensemble de toutes ces charges qui nécessite le budget de près de 100 millions d’euros. Ce qui fait un budget total de près de 200 millions d’euros (plus de 131 milliards de francs) que la Bad engage dans le processus de retour. C’est exceptionnel ! La Banque n’a pas l’habitude d’engager de tels montants pour elle-même. Elle destine ses ressources aux besoins des pays membres. C’est dire donc qu’elle attache du prix à son retour.
Je voudrais surtout qu’on retienne que ce retour s’organise dans un parfait partenariat gagnant-gagnant avec l’Etat de Côte d’Ivoire. Et le pays y gagne énormément. 
En effet, le retour normal de la Bad à son siège, constitue une marque de confiance au pays. Cela est un signal fort pour la communauté internationale. Notamment les investisseurs qui auraient pu hésiter à venir ici. Le retour d’une institution comme la Bad est incontestablement un gage de confiance pour ceux qui veulent venir.
Pour les sociétés déjà en place et les particuliers, le retour de la Bad offre une opportunité de décrocher des marchés auprès de l’institution. C’est donc une opportunité de création d’emplois. Parce que dans nos pays, quelle que soit la croissance économique, si elle ne se traduit pas par l’amélioration des conditions de vie des populations et la création d’emplois pour les jeunes, elle demeure vaine aux yeux des populations. Puisqu’elles ne ressentent pas ses effets. Ce que nous recherchons, c’est certes une croissance importante, mais elle doit être inclusive et créatrice d’emplois.
La Banque et son personnel, en s’intégrant, utiliseront des jeunes qui sont, peut-être, oisifs aujourd’hui.  
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interview réalisée par

Alakagni Hala