Production de richesse, lutte contre le chômage: Financer l’entrepreneuriat pour créer plus d’emplois

Production de richesse, lutte contre le chômage: Financer l’entrepreneuriat pour créer plus d’emplois

Production de richesse, lutte contre le chômage: Financer l’entrepreneuriat pour créer plus d’emplois

Ils sont originaires de Côte d’Ivoire, du Cameroun, de la Tanzanie, du Burkina Faso, du Ghana, d’Afrique du Sud, du Kenya… Bref ! Ils sont plus de 13 000 entrepreneurs dont l’âge est compris entre 18 et 54 ans, des Pme et des décideurs, venus de tout le continent qui ont pris part les 13 et 14 octobre au 3e rendez-vous annuel du forum de la Fondation Tony Elumelu (Tef), du nom de l’homme d’affaires nigérian, patron de la United bank for Africa (Uba). Une rencontre visant à financer l’entrepreneuriat sur le continent.

Dans la paisible école de droit de Lagos, dans le quartier de Victoria Island, des journalistes et professionnels des médias étaient également de la partie.

Ce rassemblement permet, entre autres, aux entrepreneurs de partager et d’acquérir de l’expérience, de créer des partenariats et d’être connectés à des investisseurs et décideurs politiques. Ces entrepreneurs proviennent de secteurs variés allant de l’agriculture, l’énergie, à la mode, le transport, l’éducation, les services, en passant par les Technologies de l’information et de la communication (Tic).

La première édition a été lancée en 2015. Ce forum intervient dans un contexte marqué par une Afrique durement frappée par le chômage des jeunes. Il faut financer l’entrepreneuriat, les start-up pour créer de la richesse, occuper les millions de jeunes qui arrivent sur le marché de l’emploi tous les ans, afin de lutter contre le chômage et accélérer le développement socio-économique de l’Afrique, forte de plus de 1,2 milliard d’habitants, estime les nombreuses personnalités intervenues à la tribune de la 3e édition du forum Tef.

Près de 30 millions de jeunes sur le marché de l’emploi

Les Perspectives économiques en Afrique (Pea 2015), un rapport publié annuellement par le groupe de la Banque africaine de développement (Bad) avec ses partenaires illustre bien la situation de l’emploi des jeunes africains sur le marché africain. En 2015, selon les Pea, c’étaient 23 millions de jeunes qui étaient appelés à entrer sur le marché du travail sur le continent.

En 2030, ils seront 435 millions, soit une moyenne annuelle de 28,9 millions de nouveaux arrivants. Cette jeunesse est perçue par de nombreux experts comme une « bombe à retardement » si elle n’a pas d’emplois, si elle n’est pas sainement occupée. C’est la raison pour laquelle la rencontre de Lagos veut continuellement identifier et accompagner les entrepreneurs qui ont la capacité de développer leur business, tout en générant de façon collective près d'un million de nouveaux emplois grâce au programme Tef. L’objectif de la fondation étant de débourser 100 millions de dollars américains (plus de 50 milliards de FCfa en 10 ans afin d’identifier, former, encadrer et financer 10 000 entrepreneurs capables de changer le visage des affaires à travers l’Afrique.

« Il est temps d’accompagner les entrepreneurs, de financer leurs initiatives. Nous devons œuvrer à développer le continent qui a besoin d’importants investissements. Et c’est ce que nous faisons avec les jeunes entrepreneurs sur le continent…», soutient fermement Tony Elumelu.

Pour l’homme d’affaires nigérian, certes les ressources humaines existent, avec des jeunes remarquablement intelligents, mais s’il n’y a « pas un environnement favorable pour les affaires, les capitaux investis sur le continent seront perdus » et la jeunesse africaine, sans emploi, sera toujours livrée à elle-même, au point de risquer sa vie en traversant la Méditerranée pour d’autres cieux « où un futur incertain les y attend ». « Nous ne pouvons plus permettre que cela perdure. Ce n’est pas juste. C’est la raison pour laquelle nous organisons ce forum pour soutenir l’entrepreneuriat et la jeunesse…», soutient avec conviction Tony Elumelu.

Selon la Banque mondiale, citée par le magazine Renouveau Afrique publié par les Nations unies, les jeunes représentent 60% de l’ensemble des chômeurs africains. En Afrique du Nord, le taux de chômage des jeunes est de 25 %, mais ce taux est encore plus élevé au Botswana, en République démocratique du Congo, au Sénégal et en Afrique du Sud, entre autres pays.

Avec 200 millions d’habitants âgés de 15 à 24 ans, l’Afrique compte le plus de jeunes au monde. Dans la plupart des pays africains, le chômage des jeunes « est au moins deux fois supérieur à celui des adultes », rappelle la Bad.

Influencer les politiques d’emploi

Comme l’explique la première responsable de cette fondation, Parminder Vir Obe, l’ambition de la structure qu’elle dirige est claire : « Nous voulons influencer les politiques relatives à l’emploi pour changer l’Afrique. Cela est capital ».

Partageant la vision du patron de Uba, Macky Sall, le Chef de l’Etat sénégalais qui n’a pu effectuer le déplacement à Lagos, dans un message vidéo, s’est voulu formel : « Le secteur privé est une force pour la création d’emplois et la prospérité. Nous ne devons ménager aucun effort pour le bien-être du continent ». « Vous êtes les ambassadeurs de l’Afrique », conclut le Président sénégalais face à ces centaines de jeunes entrepreneurs.

Yemi Osinbajo, vice-Président de la République fédérale du Nigéria, présent à cette troisième édition du Tef forum, recommande à la jeunesse de s’armer de « courage et de persévérance ». Elle ne doit pas par avoir peur de l’échec, car représentant « l’innovation de l’Afrique », celle-ci a le « pouvoir de changer les choses » dans une Afrique confrontée à d’énormes difficultés économiques et sociales.

Dans le cadre de l’engagement sur 10 ans du Tony Elumelu entrepreneurship program (Teep) visant à débourser 100 millions de dollars américains (au moins 50 milliards de FCfa), les participants peuvent désormais recevoir jusqu’à 10 000 dollars américains (au moins cinq millions de FCfa) comme capital d’investissement afin d’implémenter leurs plans d’affaires, la moitié étant sous forme de prêt.

ANOH KOUAO
Envoyé spécial à Lagos