Perspectives économiques: Le Fmi évoque un triptyque fiscal en Afrique

Abebe Aemro Selassie, directeur du département Afrique du Fmi apprécie à juste titre les réalités du continent.
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Perspectives économiques: Le Fmi évoque un triptyque fiscal en Afrique

Il ressort du rapport du Fonds monétaire international (Fmi) sur la croissance, publié le 11 octobre, que les Etats africains sont confrontés à trois grandes alternatives économiques. Ce sont l’insuffisance des dépenses publiques, la dette publique de plus en plus préoccupante et peu de progrès enregistrés dans la collecte des recettes fiscales. Et la gestion de ce triptyque aura une grande influence sur les résultats en matière de développement. La Côte d’Ivoire est bien concernée…

Sur le premier aspect, le Fmi annonce que les dépenses publiques doivent être accrues de façon substantielle. Même si les pouvoirs publics affichent des objectifs très ambitieux en termes d’amélioration de la santé et l’éducation de leurs populations, et investissent dans les infrastructures afin de fournir de l’énergie, de l’eau et des transports, l’Institution de Bretton woods estime que cela ne suffit pas. Car, selon le directeur du département Afrique du Fmi, Abebe Aemro Selassie, « les progrès ont été nombreux, mais à mesure que les populations augmentent, il est plus urgent que jamais de tenir ces promesses.

Par ailleurs, la réalisation des Objectifs de développement durable (Odd), d’ici 2030, ajoute une pression supplémentaire sur les dépenses ». Il affirme alors que « les pays en développement à faible revenu devraient engager des dépenses annuelles supplémentaires de 14 points de pourcentage de leur Produit intérieur brut (Pib) en moyenne pour atteindre les Odd dans les domaines de l’éducation, de la santé, de l’eau et de l’assainissement, des routes et de l’électricité ».

Comme seconde alternative, le Fmi dit que même si les données relatives à la dette publique varient largement d’un pays à un autre, elle a atteint une moyenne de 57 % du Pib en fin 2017. Soit une hausse d’environ 20 points de pourcentage en cinq ans seulement. « Ce chiffre se situe bien en deçà des sommets du début de la décennie 2000, mais le niveau actuel de la dette est préoccupant en raison des charges d’intérêts élevées. Les paiements d’intérêts représentent aujourd’hui plus de 10 % des recettes, et ces ressources ne peuvent être consacrées à des dépenses de développement indispensables », explique Abebe Aemro Selassie. Et d’ajouter que « cette hausse de la dette est devenue une source de préoccupation dans l’ensemble de la région ».

Selon toujours le Fmi, les pays africains pourraient accroître leurs recettes fiscales de 3% à 5 % du Pib au cours des cinq prochaines années. Mais, « les progrès sur ce front sont lents dans la région », dit l’expert.  Qui ajoute que « ce manque de progrès s’explique notamment par l’opposition farouche à de nouveaux impôts ou à un relèvement des taux d’impôts existants, comme on l’a vu récemment au Bénin, en Côte d’Ivoire et au Kenya ». C’est la troisième alternative !

Le directeur du département Afrique du Fmi demande alors aux décideurs publics de faire en sorte que « la population constate les bienfaits d’une hausse des dépenses publiques afin de donner son appui à de nouvelles hausses des impôts ». Et Abebe Aemro Selassie de conclure en disant qu’« une amélioration de la mobilisation des recettes fiscales constitue le principal levier pour faire face aux pressions sur les différentes dépenses et maintenir la dette publique à un niveau viable. Il s’agit, pour les pays, d’une source de financement stable pour leurs objectifs de développement ».

GUY-ASSANE YAPY
Source: DIRCOM FMI