Noix et amande de cajou: La Côte d’Ivoire veut accélérer la transformation d’ici 5 ans

Adama Coulibaly, DG du Conseil coton-anacarde.
Adama Coulibaly, DG du Conseil coton-anacarde.
Adama Coulibaly, DG du Conseil coton-anacarde.

Noix et amande de cajou: La Côte d’Ivoire veut accélérer la transformation d’ici 5 ans

Premier producteur mondial de noix brutes de cajou  depuis 2015 avec 715 000 tonnes et  aujourd’hui avec une production à mi- campagne de 736 000 tonnes, alors que 78 000 tonnes sont encore  à récolter, mais avec un taux de transformation de moins de 10%, la Côte d’Ivoire à travers son gouvernement a décidé de changer de fusil d’épaule. Et d’engager une politique hardie de transformation à travers une industrialisation accélérée pour tenir le pari d’un taux de transformation de 50% à 2020. 

Ce qui peut paraître une gageure et une profession de foi,  vu le gap entre la réalité actuelle et la projection, commence à dessiner son ossature. La Banque mondiale qui ne s’engage pas  à la sauvette dans un projet, avec un financement de 107 milliards sur 5 ans (2018-2013) vient de se ranger aux côtés du gouvernement pour que soit mis en œuvre le Projet de promotion de la compétitivité de la chaîne de valeur de l’anacarde (Ppca).

Ce projet a été présenté vendredi par le Directeur général du Conseil du coton et de l’anacarde, le Dr Adam Coulibaly, aux 300 producteurs présents à cette 3ème édition du Salon international des équipements et technologies de transformation (Sietta), qui prend fin  aujourd’hui.

Des mesures révolutionnaires

Ledit projet veut accroître la productivité, la qualité et la valeur ajoutée du cajou, au profit des petits exploitants agricoles et développer aussi l’industrie de la transformation du cajou en Côte d’Ivoire.

Le financement du Ppca servira à doubler les rendements donc à augmenter la production de façon individuelle, à créer de nouveaux emplois agricoles et non agricoles, à contribuer à l’aménagement du territoire et au développement régional pour ainsi favoriser l’émergence de l’organisation interprofessionnelle.

Il vise principalement trois axes d’intervention: la transformation, l’amélioration de la productivité et de la qualité et l’amélioration de la structuration de la filière. Dans le cadre du développement des infrastructures de transformation, le gouvernement projette la création et l’exploitation de 4 zones agro industrielles à Bondoukou, Bouaké, Korhogo et  Séguéla, qui vont  transformer 200 000 t en plus et créer 16 000 emplois directs. De nouvelles et véritables infrastructures de stockage vont être construites. Des entrepôts et magasins seront réhabilités.

Des instruments de financement ont été renforcés à travers des subventions à coûts partagés de projets. Le guichet A du Ppca, qui vise les subventions de renforcement de garantie des Pme/ Pmi)  va permettre la mise en service de 20 entrepôts construits par 20 coopératives avec une capacité de stockage de 20.000 t de produits dont la qualité sera préservée. Ces entrepôts  seront subventionnés  à hauteur de 150 millions.

Avec le guichet B, axé sur les subventions de contrepartie des Pme/ Pmi et des Opa,  de petits entrepôts seront réhabilités à travers 320 projets d’un coût de 125 millions. Le guichet C qui adresse les subventions pour les micro-projets, va soutenir  de nombreux micro-projets destinés aux femmes et aux jeunes et avec l’ambition de réduire la pénibilité du travail.

Pour ce faire, le Ppca va utiliser 3 200.0000 Fcfa.  Le renforcement du système de dépôt de garantie pour l’accès à la matière première, pour éviter une rupture d’approvisionnement puis l’appui au système de récépissé d’entreposage (Sre), font partie de cet ensemble de mesures pour un meilleur accès aux financements. Toutefois, le projet ne fait  pas de prêt. Il ne peut aider que les transformateurs à renouveler leurs équipements.

Mais avec les travaux réalisés par le gouvernement sur les plateformes des unités industrielles, le Ppca fait déjà beaucoup pour favoriser l’industrialisation.

Mais ce stockage  dans de bonnes conditions pour une meilleure préservation de la qualité et la réduction de la pénibilité du travail des femmes et des  jeunes n’auront de sens que si les noix de cajou brutes récoltées peuvent être écoulées et vendues sur le marché. Cet aspect important n’a pas été occulté.

La route, une priorité

Car 21 000 km de routes rurales seront réhabilitées ou entretenues. Les matériels de contrôle (humidimètres, kits d’analyse de la qualité au profit des organisations professionnelles agricoles)  ont été pris en compte pour réunir les bonnes conditions de mise à marché. Avec la qualité qui a un coût, il faut commencer par améliorer la productivité des exploitations d’anacardier.

Le Programme national de recherche sur l’anacarde (Pnra) sera mis en œuvre en collaboration avec les institutions sous- régionales et internationales. Des informations sur les sols, les climats et les prévisions de récolte seront fournies aux producteurs. L’accent sera mis sur le rendement avec l’utilisation de génotypes à haut rendement pour passer de 1800 à 2200 kg/ha alors que  le rendement  en 2018 est de  524kg/ha.  Il sera davantage possible d’avoir accès aux données et aux technologies pour la production et la valorisation des produits de l’anacarde. Par ailleurs, il faudra un appui au conseil agricole.

Du personnel pour épauler les agents de l’Anader sur le terrain a déjà été recruté pour 2019. Il faut un appui au réseau des pépiniéristes. Une solution préconise la certification des plants et leur livraison à bonne date aux producteurs. De nouveaux corps de métiers, de nouvelles plantations seront créés, l’élagage, le greffage et les applicateurs ne seront pas  négligés. Au moins 300 000 producteurs seront formés dont 15% de femmes et 32 500 vergers réhabilités.

Franck A. Zagbayou