Mort massive de poissons à Jacqueville et Dabou : Comment les populations vivent l’interdiction de pêcher

La mesure d’interdiction de pêcher dans la lagune ébrié à Jacqueville et Dabou semble être globalement observée par les populations.
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Mort massive de poissons à Jacqueville et Dabou : Comment les populations vivent l’interdiction de pêcher

Sur la lagune Ebrié, aucune  silhouette de pêcheurs, ce mercredi 12 juin. Aucun poisson mort non plus. A N’Djem, premier village situé de l’autre côté de cette étendue d’eau, sur la route de Jacqueville,  les étals des vendeuses de poissons frais sont vides. Elles sont toutes absentes, depuis plus d’une semaine, selon des informations. On aperçoit, cependant, quelques vendeuses de poissons fumés. « Ils étaient au congélateur », se justifie l’une  d’elles.

Au marché aux poissons de nuit de Jacqueville, on n’aperçoit que les vendeuses de poissons de mer. Leurs camarades qui ne commercialisent que des poissons de lagune brillent, ce soir, par leur absence.  La mesure d’interdiction de la vente de poissons de lagune prise par le préfet du département est visiblement appliquée à la lettre.

Tout le  monde est prévenu

A Ahua, petit village de pêcheurs situé à 5 km de Jacqueville, au bord de la lagune Ebrié, tout tourne pratiquement au ralenti. Ici, l’ambiance est morose, ce jeudi 13 juin. Les pêcheurs de ce village cosmopolite (on y trouve des Ivoiriens, des Ghanéens, des Béninois, des Maliens) sont au chômage depuis quelques jours. Assis par petits groupes, sous des hangars ou des cocotiers, ceux-ci paraissent angoissés.  L’air pensif, ils devisent, pour la plupart, dans leur langue maternelle.  Pendant ce temps, leurs pirogues, filets et autre matériel de pêche attendent sur la berge. « Cela fait plus d’une semaine que nous passons notre temps au village à ne rien faire. Puisque le préfet nous a défendu de pêcher», se lamente Ebeb Jean David, l’un d’entre eux.

A Goyeme, un autre village de pêcheurs situé à 12 km de Jacqueville, c’est la même constatation. La désolation se lit sur le visage des pêcheurs et vendeuses de poissons de lagune.

Dans ce département, tout le monde est prévenu : la pêche, la vente et la consommation de poissons de lagune sont strictement interdites depuis le 06 juin dernier, et ce, jusqu’à nouvel ordre, par un arrêté du préfet de département. Idem à Dabou. « Ici aussi, le préfet a interdit la pêche, la vente et la consommation de poissons. Il nous a dit qu’il attend les résultats des analyses avant de décider », précise Mme Kock Justine, vendeuse de poissons de lagune dans cette localité. Dans les villages adioukrou, de Mopoyem à Tiaha, en passant par Bonn, Gbougbô, etc., plus personne ne pêche, ne vend, ni ne consomme du poisson de la lagune.  Du moins, officiellement. Tous disent attendre la levée de la mesure pour reprendre leurs activités.

Les raisons de la décision

Tout est parti de la mortalité massive de certaines espèces de gros poissons de la lagune Ebrié, début juin,   du côté de Dabou et  Jacqueville. Notamment les machoirons, les capitaines, les brochets, les liches, les raies et les silures. Cela a duré un peu plus d’une semaine, avant de prendre fin. Des personnes affirment en avoir consommé. « Certains ont fait la diarrhée après en avoir mangé. D’autres, non», témoigne Laciné Doumbia du village de Goyeme.

Des prélèvements qui ont été faits par les services des ministères de la Santé et de la Lutte contre le Sida et des Ressources animales et halieutiques  sur des poissons morts et font l’objet d’analyse approfondie, en vue de connaître les causes de ce phénomène. Mais en attendant, la  mesure préfectorale, qui a été entérinée par le conseil des ministres du 13 juin dernier, reste en vigueur jusqu’à nouvel ordre.

Tout contrevenant à cette décision s’expose, selon l’arrêté, à des poursuites judiciaires et sera puni d’une amende allant de 50 000 à 5 000 000 Fcfa. Il écopera également d’un emprisonnement de 6 à 12 mois, conformément à la loi.   La police, la gendarmerie, la police maritime,  les Eaux et Forêts et les Forces républicaines de Côte d’Ivoire (Frci) sont chargés de veiller à l’application stricte de la mesure. « Les moyens seront mis à leur disposition pour le faire », promet le préfet de Dabou, Kouakou Assoman.

Mission difficile pour les forces de l’ordre

Cette mission s’annonce extrêmement difficile pour les forces de l’ordre qui devront faire, en attendant, avec les moyens du bord. Nous n’avons ni véhicule, ni vedette, ni moto. Nous faisons les patrouilles à pied. Pourtant nous devons sillonner tous les villages lagunaires compris entre N’Djem et Grand-Lahou. En plus, nous sommes une soixantaine d’éléments. », fait remarquer  l’un des responsables de la police maritime basée à Jacqueville. A l’en croire, ses hommes et lui, ont plus que jamais besoin de moyens logistiques pour réussir leur mission.

Casimir Djezou    

Envoyé spécial