Mobilisation de l’épargne/Kablan Duncan : « Notre système financier doit être plus offensif… »

Mobilisation de l’épargne/Kablan Duncan : « Notre système financier doit être plus offensif… »

Plus d’offensive dans la mobilisation de l’épargne nationale. C’est ce que souhaite le vice-président, Daniel Kablan Duncan. En procédant hier, au Sofitel Abidjan hôtel ivoire, à Cocody, à l’ouverture de la 2e édition du Salon de l’épargne, de l’investissement et du patrimoine, il a rappelé cette ambition. « Notre système financier doit être plus offensif et faire preuve de plus d’imagination afin de proposer à la population des produits d’épargne innovants plus adaptés à notre environnement », a-t-il lancé, à l’ouverture des travaux, au nom du président de la République. Vu l’intérêt de ce salon organisé par le groupe Ecobank et le cabinet Addict, ils étaient nombreux, les acteurs du monde économique et financier, à prendre part à cette rencontre de 48 heures qui prend fin aujourd’hui.

La sortie du vice-président intervient dans un contexte où la mobilisation de l’épargne demeure encore faible dans le pays, alors qu’il en a besoin pour financer l’économie. De 2012 à ce 2015, la Côte d’Ivoire a mis en place deux plans nationaux de développement (Pnd 2012-2015 et 2016-2020) respectivement de 11 076 milliards et de 30 000 milliards, financés en grande partie par le secteur privé. La mise en œuvre cohérente des importantes réformes structurelles et sectorielles de ces Pnd, explique Kablan Duncan, a permis de réaliser un taux de croissance annuel moyen de 8% sur la période 2012-2018 ; « performances unanimement saluées au plan international et qui ont valu à notre pays d’être cité parmi les pays à forte potentialité en 2019 ». Pour 2019, le gouvernement entend réaliser un taux de croissance de 7,5% et 8% en 2020.

« Pour atteindre cet objectif, il nous faut maintenir cette dynamique d’investissement grâce à des financements importants et soutenus, octroyés notamment par un système financier local efficace, innovant et compétitif », rappelle le vice-président. A l’occasion, il a souligné que cela nécessite une mobilisation plus accrue de l’épargne nationale, pour la porter au-delà de son niveau actuel - données de 2017 du Fmi - s’affiche à 15% du Pib, contre 16% dans la zone subsaharienne, 40,8% pour les pays asiatiques, 22% pour la zone euro et 17,5% pour l’Amérique Latine. Pour Kablan Duncan, il y a encore de la marge, d’autant plus que des statistiques indiquent qu’une frange importante de la population ivoirienne se situe encore hors des circuits formels d’épargne, (environ 70% des Ivoiriens qui ne disposent pas de compte bancaire), malgré la forte expansion des comptes de mobile money (40% pour entre 17 et 20 milliards FCfa de transactions par jour).

Représentant le Premier ministre, le ministre du Commerce et de l’Industrie, Souleymane Diarrassouba a rappelé « l’importance » de ce salon qui contribue au renforcement de l’inclusion financière. Il a également mis en exergue les importantes réformes engagées par l’État au cours de ces dernières années basées sur la Stratégie de développement du secteur financier pour le rendre davantage performant.

Raison de la faiblesse de l’épargne

Face à la mobilisation de l’épargne jugée faible, deux raisons expliquent cette situation, selon le vice-président. Il y a une offre de produits d’épargne peu adaptés et peu diversifiés, qui porte pour l’essentiel sur des plans d’épargne simple ou logement aux conditions rigides et quelquefois peu attractives, mais également l’absence ou l’insuffisance d’éducation financière et particulièrement d’éducation à l’épargne.

C’est dans ce contexte que le vice-président appelle à « mieux protéger et éduquer les consommateurs », les acteurs institutionnels du secteur financier et en particulier le secteur bancaire à conjuguer leurs efforts pour soutenir, par des concours plus conséquents, la marche de la Côte d’Ivoire vers l’émergence. « Le gouvernement ivoirien se tiendra toujours à vos côtés pour approfondir la réforme du secteur financier déjà engagée. Il ne ménagera pas ses efforts pour soutenir et accompagner toutes les initiatives innovantes en vue de bâtir un marché financier national et régional plus inclusif, capable de jouer pleinement son rôle de moteur de financement de l’émergence », rassure-t-il.

Placé sous le thème : « Pourquoi épargner ? Vers quel type d’épargne s’orienter afin de garantir son futur ? Comment optimiser son épargne ? », le Salon de l’épargne, de l’investissement et du patrimoine, rendez-vous annuel, mobilise, selon les organisateurs, 3200 participants et douze exposants. Plusieurs recommandations sont attendues à la fin des travaux.

ANOH KOUAO