Le ministre Séka Séka: ‘’Le temps est venu de rendre opérationnel l’Accord de Paris’’

Le chef de la délégation ivoirienne, le ministre Joseph Séka Séka (2e à partir de la gauche). A ses côtés, le ministre de la Santé et de l'Hygiène publique, le Dr Aka Aouélé.
Le chef de la délégation ivoirienne, le ministre Joseph Séka Séka (2e à partir de la gauche). A ses côtés, le ministre de la Santé et de l'Hygiène publique, le Dr Aka Aouélé.
Le chef de la du00e9lu00e9gation ivoirienne, le ministre Joseph Su00e9ka Su00e9ka (2e u00e0 partir de la gauche). A ses cu00f4tu00e9s, le ministre de la Santu00e9 et de l'Hygiu00e8ne publique, le Dr Aka Aouu00e9lu00e9.

Le ministre Séka Séka: ‘’Le temps est venu de rendre opérationnel l’Accord de Paris’’

Segment de haut niveau. Dans le jargon onusien, l’expression renvoie à la partie des débats animés exclusivement par des chefs de délégations de pays, chefs d’État et/ou de gouvernement ou ministres spécialisés… C’est du haut de cette tribune privilégiée qu’est intervenu le ministre ivoirien de l’Environnement et du Développement durable, le Pr Joseph Séka Séka, hier, à  Katowice, en Pologne, où se tient, depuis le 2 décembre, la 24e Conférence des parties à la Convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques (Cop24 en forme courte).

Le ministre a délivré un triple message devant l’assemblée. Le premier : « Le temps est venu de rendre opérationnel l’Accord de Paris pour le bien-être de nos peuples. Nous avons besoin que soit mis en œuvre cet accord adopté à l’unanimité, car il porte la vision d’émergence pour bon nombre d’États, surtout africains, dont la Côte d’Ivoire ».

Alors que les promesses faites, il y a trois ans, à Paris, notamment par les pays riches et pollueurs, ne sont toujours pas suivies d’effets probants et que rôde plutôt le spectre d’un retour en arrière alimenté par l’accroissement du cercle des climato-sceptiques, au premier rang desquels la première puissance mondiale, les États-Unis d’Amérique, la position de la Côte d’Ivoire est que « la mise en œuvre de cet accord est de notre intérêt à tous, car elle nous permet de limiter la hausse de la température à 1,5 degré Celsius, afin d’éviter la fragilisation de nos économies ».

C’est donc à juste titre, a indiqué le Pr Séka Séka, que « la Côte d’Ivoire accueille favorablement le rapport spécial du Giec (groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) sur un réchauffement de la température de 1,5 degré Celsius ». Une position qui a le mérite de la clarté, dans une enceinte où plusieurs pays ont remis en cause les observations et prévisions des scientifiques, alors que les phénomènes météorologiques extrêmes se sont multipliés en 2017.

Dans le dernier rapport spécial du Giec, le constat est sans appel : la « fenêtre » durant laquelle il est encore possible de contenir l’élévation de la température mondiale en dessous de 2 °C se réduit inexorablement. Le hic : ce sont les pays africains qui ne contribuent que faiblement (à moins de 4%) au réchauffement de la planète qui en paient le plus lourd tribut. Voudraient-ils se lancer derechef dans une transition énergétique pour limiter la casse, qu’ils buteraient sur des obstacles financiers et technologiques de taille.

D’où le deuxième message fort de la Côte d’Ivoire à cette tribune sous égide onusienne : « La transition énergétique tant souhaitée ne sera passible que si la communauté internationale se mobilise sur les plans financiers et du développement de technologies propres ». Un rapide tour de table des financements verts disponibles montre l’étendue de l’écart séparant les promesses des engagements effectifs.

Des 100 milliards de dollars (environ 57 500 milliards de FCfa) promis par le monde développé d’ici à 2020, moins de la moitié est détectable et, dans certains cas, des fonds d’aide au développement se transforment subrepticement, comme par un tour de prestidigitation, en fonds climatiques !

En dépit de ces manquements internationaux, a tenu à faire remarquer le ministre Séka Séka, « la Côte d’Ivoire, à travers le Plan national de développement (Pnd 2016-2020 et Côte d’Ivoire Perspectives 2040, a affiché ses ambitions, en vue de l’atteinte des objectifs de développement durable au niveau national par l’amélioration de sa gouvernance climatique et environnementale, l’opportunité d’un fonds national climat avec la mobilisation endogène de ressources financières, l’élaboration d’un plan national d’adaptation au changement climatique », entre autres.

La Cop24 devra ouvrir la voie à la mise en œuvre d’actions concrètes de lutte contre les changements climatiques, a espéré le ministre. Avant de relever les attentes de la Côte d’Ivoire déclinées en cinq axes : le renforcement des capacités de tous les acteurs, la mise en œuvre des initiatives d’envergure régionale, la mobilisation effective des ressources financières à travers une célérité et une transparence dans l’approbation des projets soumis au Fonds vert pour le climat, le partage d’expériences et le renforcement de la coopération tant Sud-Sud que Sud-Nord et le transfert effectif de technologies.

Le troisième message de la Côte d’Ivoire à cette Cop24 se veut optimiste quant à la capacité de la communauté internationale à se remobiliser solidairement pour sauver la planète : « Nos devanciers d’hier nous ont légués à nous, générations d’aujourd’hui, cette belle planète. Nous devons œuvrer sans relâche à nous en rendre de dignes héritiers. Soyons les associés les uns des autres afin de travailler ensemble à léguer cette planète encore plus belle et encore plus propre aux générations futures ».

Comme pour saluer ces messages forts, peu après sa déclaration, le ministre Séka Séka s’est vu décerner un « Prix protection de l’environnement » par une Ong sénégalaise, « L’association des trophées verts ».

Valentin Mbougueng
envoyé spécial à Katowice (Pologne)