Jean Louis Ekra : "Nous avons pu surmonter des obstacles et continuer à augmenter notre intervention en Afrique."

Jean Louis Ekra : "Nous avons pu surmonter des obstacles et continuer à augmenter notre intervention en Afrique."

Jean Louis Ekra : "Nous avons pu surmonter des obstacles et continuer à augmenter notre intervention en Afrique."

Vous êtes ici pour la célébration des 25 années de la Banque africaine d’import export (Afreximbank). Quel bilan faites- vous de ce ¼ de siècle ?

Célébrer 25 ans en soi est remarquable. Pace que si vous vous souvenez quand la banque a été créée en 1993, il régnait ce que l’on a appelé l’afro pessimisme. C’est à dire que toute la communauté internationale pensait que  les africains n’étaient  pas capable de mener à bien un projet quelconque.  Le fait que nous soyons ici ,25  après, pour célébrer  l’anniversaire de la banque  est totalement remarquable. C’est une raison de fierté de se retrouver là.En  plus quand on fait le bilan de la contribution de cette banque au développement du commerce en Afrique, il y a là encore un motif de satisfaction. La banque a été présente quand cela a été nécessaire dans  les pays qui ont traversé des difficultés politiques et surtout économiques. Il y a des exemples qui parlent, aussi bien le Zimbabwe, la Côte d’Ivoire et d’autres pays qui ont eu par moment des périodes difficiles. Ces pays ont pu se tourner vers la banque et recevoir le soutien nécessaire, le soutien espéré. Je pense que tout cela est un motif de grande satisfaction et on espère que dans 25 ans encore, on célébrera les activités et l’action de la banque en Afrique.


Lors de son discours de célébration, Dr Benedict Oramah, a reconnu le travail que vous avez abattu à la tête de l’institution. Mais, lors de votre mandature quels ont pu être les obstacles que vous avez réussi à éviter ?

Dès que j’ai été nommé en 2005, la banque a  traversé des problèmes de gouvernance, surtout au niveau des actionnaires. Il a fallu gérer ces problèmes de gouvernance tout en s’assurant que la banque puisse réussir sa mission : Financer le commerce entre Africains et entre Africains et le reste du monde. Cela a été le premier obstacle. Il ya eu d’autres qui font parties de l’éco-système classique. Vous vous souvenez de 2007 à 2009, la fameuse crise financière connue dans le monde à la suite des problèmes aux Etats Unis. Ce qui a fait que même les grandes banques ont arrêté de se prêter  entre elles,  à fortiori à des institutions comme Afreximbank. C’était aussi l’époque où Afreximbank allait émettre  sa première obligation sur le marché international. Mais, du fait de la coopération que nous avions avec les grandes institutions financières internationales, nous avons pu surmonter ces obstacles et continuer à augmenter notre intervention en Afrique.


Certes Afreximbank soutient le commerce intra-africain et l’accroissement des ressources agricoles à commercialiser. Mais la forte production des matières premières destinées au commerce ne pourrait-elle pas engendrer une éventuelle surproduction, voire un problème entre l’offre et la demande ?

Je ne crois pas. Je crois qu’il ya énormément de marge. Vous savez, l’Afrique est le continent qui a eu la plus forte croissance. Et cette croissance n’est pas seulement économique, elle  est aussi celle de la population. Donc, autant la production doit augmenter pour satisfaire la demande qui est en augmentation autant il y aura encore des populations (très jeunes) qui vont arriver et qui seront des consommateurs potentiels. A mon avis nous sommes encore très  loin d’avoir une production qui sera très supérieure à la demande. Puis, le rôle que poursuit la banque est de soutenir dorénavant une production locale, c'est-à-dire permettre aux africains de produire pour leur propre consommation, plutôt que d’importer des autres continents. Il y a plusieurs avantages à produire localement. D’abord on évite tous les coûts de transport. Aussi, le fait qu’on produise pour sa propre population il y a de fortes chances que les produits soient mieux adaptés. Donc je ne crois pas qu’il y ait des raisons de s’inquiéter. Je crois qu’il est important de transformer encore plus les produits que nous avons chez nous. Parce que c’est dans la transformation que se trouve la valeur ajoutée. Et nous savons que c’est dans la valeur ajoutée que se trouve la création d’emploi.


Nous avons l’habitude de faire la confusion sur l’origine d’Afreximbank. Est-ce un démembrement de la Bad ou une institution complètement autonome ?

Afreximbank est une institution à part entière. La Bad est aussi actionnaire parmi les 140. L’idée est venue effectivement de feu Babacar Ndiaye, ex président du groupe de la Banque africaine de développement (Bad), qui voulait mettre en place un instrument pour promouvoir le commerce. Donc, il a fallu trouver l’instrument le plus adéquat possible. Et nous nous rendons compte qu’avec l’expérience de la banque, le type de véhicule mis à la disposition était vraiment le bon véhicule. Il s’agissait d’un partenariat public-privé, mais à l’échelon des institutions multilatérales, ce qui est unique. Vous avez dans l’actionnariat de la banque des pays représentés soit par  des ministères des Finances soit par des banques centrales. Vous avez des institutions financières et même des investisseurs privés africains et des privés  non africains. C’est un partenariat unique au monde. C’est une telle diversité qui permet à la banque de jouer le rôle qu’elle doit jouer.


Quelle place occupe le Nigeria dans l’institution en termes d'actionnariat ?

La République fédérale du Nigeria est un des grands actionnaires. Il ya aussi d’autres personnes originaires du Nigéria qui sont actionnaires. Ensuite vient l’Egypte qui a aussi de nombreux d’actionnaires. Mais le Nigeria est la première ou deuxième économie en Afrique. C’est un pays très important du point de vue économique, mais aussi de la banque.


Lors de l’ouverture du bureau régional d’Afreximbank à Abidjan, vous aviez  annoncé des interventions de l’ordre de 1250 milliards Fcfa pour soutenir la croissance de la Côte d’Ivoire. La totalité de ce montant a-t-elle été absorbée ?

Je suis parti de la banque il y a maintenant trois ans. Mais, je sais qu’il y a une partie qui a été engagée. Je sais qu’il y a aussi des projets qui sont encore en cours,  par exemple dans l’anarcade. Et le gouvernement ivoirien a octroyé un terrain à la Banque pour pouvoir développer une zone de transformation des exportations. Tous ces projets sont en cours.


Interview réalisée par Kamagaté Issouf

Issouf.kamagate@fratmat.info