Industrie du textile/Mode: La Côte d’Ivoire à l’école sud-africaine !

Le ministre Maurice Bandaman (au centre) a assuré les acteurs sud-africains de la mode et leurs collègues ivoiriens du soutien total du gouvernement pour l’industrialisation du secteur d’ici trois ans.
Le ministre Maurice Bandaman (au centre) a assuré les acteurs sud-africains de la mode et leurs collègues ivoiriens du soutien total du gouvernement pour l’industrialisation du secteur d’ici trois ans.
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Industrie du textile/Mode: La Côte d’Ivoire à l’école sud-africaine !

Industrie du textile/Mode: La Côte d’Ivoire à l’école  sud-africaine !

Au terme d’une semaine de mission prospective, les responsables de la South-Africa Fashion Week ont ébauché l’esquisse d’un cadre formel d’échanges avec les créateurs ivoiriens avec l’onction du gouvernement.

Les ministres de la Culture et de la Francophonie, de l’Education nationale et de l’Enseignement technique, de l’Intégration africaine et des Ivoiriens de l’Etranger, entre autres officiels ivoiriens, ont reçu la délégation de la South-Africa Fashion Week (Safw), Semaine de la mode d’Afrique du Sud (Johannesburg), l’un des plus grands évènements de l’industrie du textile, de l’habillement et de la mode du continent africain à vocation mondiale qui a séjourné une semaine durant en Côte d’Ivoire.

Conduite par Lucilla Booyzen, présidente-fondatrice de la Safw, la délégation comprenait deux autres expertes du design et de la mode. Le tout, facilité par Calixte Angama, chef du Bureau de la culture et des arts de l’Ambassade ivoirienne à Pretoria, et de M. Fieni Kouamé de la chancellerie.

Il ressort, notamment de l’audience avec le ministre de la Culture et de la Francophonie, Maurice Bandaman, de la volonté pragmatique de celui-ci de créer un cadre formel de collaboration entre les créateurs et toute la chaîne du secteur textile-habillement ivoiriens et leurs pairs sud-africains, sous l’égide de son département en synergie avec les autres ministères ayant lien avec le secteur.

Et ce, aux fins d’un renforcement des capacités, matérielles et humaines, avec pour incidence recherchée, l’industrialisation du secteur, l’ouverture mutuelle aux marchés et la bonification marchande des créations.

C’est en tout cas la mission assignée à Calixte Angaman, l’attaché culturel de l’Ambassade de Côte d’Ivoire en Afrique du Sud qui, en guise de restitution aux professionnels de la mode, le jeudi 17 août au siège de l’Ong Yehe présidée par la styliste ivoirienne de renom, Miss Zahui qui fédère les initiatives d’ouverture sur le marché sud-africain depuis trois années.

D’ailleurs, c’est avec Miss Zahui qu’Angaman Calixte a initié la semaine ivoirienne dans la capitale de la Nation-arc-en-ciel et qui était à sa troisième édition en mai dernier.

Trois années pour nouer le fil ivoiro-sud-africain

Calixte Angaman a révélé aux acteurs de la mode qu’un programme a été élaboré afin de conduire le projet à bonne destination. Un projet qui a d’ailleurs déjà reçu l’adhésion du ministre de la Culture et de la Francophonie. Ce programme prévoit des sessions de formation, de renforcement de capacités des créateurs, en marketing de la mode, en communication... L’objectif final est de déboucher, dans tout au plus trois ans, sur une Fashion Week ivoirienne. Avec la possibilité pour les créateurs d’ici d’exporter et même de vendre en grandes quantités (par milliers) leurs œuvres sur le marché sud-africain et même mondial. Et vice versa. Aussi l’attaché culturel de l’Ambassade ivoirienne en Afrique du Sud explique-t-il que « l’Etat de Côte d’Ivoire a pour ambition d’établir une collaboration fructueuse avec l’Afrique du Sud qui s’étend à la culture dans son ensemble ». La mode n’est donc que la première étape.

Pour Lucilla Booyzen, la Côte d’Ivoire est un véritable vivier de talents en matière de stylisme, de mode. « Nous avons été éblouis, j’ai vu d’infinies possibilités en Côte d’Ivoire », assure-t-elle. Non sans marquer son envie de voir émerger dans un futur proche une industrie de la mode ivoirienne forte et compétitive.

« Tous autant que nous sommes, nous avons en commun que nous nous habillons. Si chaque Ivoirien achète un vêtement chez un designer ivoirien, l’industrie va grandir et finir par devenir pourvoyeuse d’emplois », démontre Lucilla Booyzen.

Pour en revenir à l’intérêt pour les stylistes et designers à participer à la Semaine de la mode au Pays de Mandela, disons que Lucilla Booyzen a créé la Safw en 1997. Son principal objectif étant le développement de l'industrie créative de la mode en Afrique du Sud et sur le continent, dans le but de l'intégrer dans une industrie qui peut jouer un rôle significatif dans l'économie du pays et de l’Afrique.

L'un des grands succès de la Safw a été l'introduction de collections de créateurs sud-africaines dans les principales chaînes de mode de détail et les boutiques de luxe en Afrique du Sud, et l'introduction, l'an dernier, de la boutique Runway Online, une boutique itinérante que Lucilla Booyzen a créée pour les designers vendent leurs produits et construire leurs entreprises, ainsi que des circuits qui sont également créés pour permettre aux designers d’écouler leurs produits : les Pop-Up Shops, des boutiques éphémères. Elles sont installées dans des centres commerciaux. Ces boutiques mettent directement les créateurs en relation avec les consommateurs et les grandes. Ce qui s’avère plutôt lucratif.

Depuis 20 ans, la Safw a également fortement œuvré à la mise sur pied de l’industrie de la mode en Afrique du Sud. Une industrie qui compte aujourd’hui parmi les plus compétitives au monde.

Un succès qui repose sur des piliers comme la réputation (qui inclut la qualité des œuvres et du design ainsi que le respect des délais), l’innovation, la formation, le développement digital, et l’investissement. Aussi pour assurer la relève, des compétitions de jeunes créateurs sont organisées pendant la Safw.  Les meilleurs participent à la Fashion Week de Berlin en Allemagne (une référence mondiale). « En se frottant au top de la mode de la planète, ils finissent par se hisser au même niveau », conclut la fashionista sud-africaine. A l’instar de la styliste ivoirienne qui était de la dernière édition de la Safw, Momo Che, et qui raflé le premier prix des créateurs émergents.

L’émergence de l’Afrique du Sud sur la scène internationale du design, de la mode et de l'art n'est pas anodine : en 2014 la ville du Cap a été la capitale mondiale du design et depuis une vingtaine d'années, des événements fédérateurs comme la Joburg Art Fair, design Indaba ou les Fashion Week du Cap et de Jo’burg entretiennent cette émulation.

Un engagement social qui illumine la Nation-arc-en-ciel !

A la faveur du Salon international du tourisme de Durban (Indaba tourism), en mai dernier, la créatrice de bijoux Henriette Botha nous l’a exprimé parfaitement : « Après trois années chez Balmain à Paris, j'ai remarqué que de nombreux jeunes créatifs retournaient en Afrique du Sud et je voulais aussi faire partie de ce mouvement ».

La quarantaine de labels présentée en marge du Salon partage une même volonté de produire localement comme Design Vogel ou Wolf & Maiden, de manière équitable tel Design Ashanti ou Dear Rae, tout en valorisant les savoir-faire traditionnels comme Laduma ou BeachCult adoubés par la chanteuse Beyoncé, entre autres stars.

L'engagement social est également très fort : chez Granadilla, créateur de maillots de bain masculins décalés, les fondateurs Adam Duxbury et Joshua Meltz donnent 5 % de leurs profits pour encourager les plus jeunes à suivre leurs rêves. À l'origine de Lalesso, Alice Heusser et Olivia Kennaway résument le chemin parcouru : « Lorsque nous avons débuté, il y a douze ans, il fallait convaincre pour être pris au sérieux en tant que marque africaine. Aujourd'hui, les clients n'en ont jamais assez ».

REMI COULIBALY