Financement des Pme: Le Fagace mobilise les banques

Mme Minafou Fanta Coulibaly, Directeur général du Fonds africain de garantie et de coopération économique.
Mme Minafou Fanta Coulibaly, Directeur général du Fonds africain de garantie et de coopération économique.
Mme Minafou Fanta Coulibaly, Directeur gu00e9nu00e9ral du Fonds africain de garantie et de coopu00e9ration u00e9conomique.

Financement des Pme: Le Fagace mobilise les banques

Impulser le financement des Petites et moyennes entreprises en Côte d’Ivoire pour soutenir une croissance inclusive du pays, tel est l’objectif que s’est fixé le Fonds de garantie et de coopération économique (Fagace) à travers son Working Brunch (petit-déjeuner de travail) de ce mercredi 2 mai 2018, à Abidjan.

Pour le réaliser, la Directrice générale de ce fonds multilatéral basé à Cotonou, l’Ivoirienne Minafou Fanta Coulibaly a convié un aéropage de banquiers de la place dans un hôtel de la place, pour présenter la nouvelle stratégie du Fonds dénommée Fagace 2.0 et recueillir les avis de ces financeurs traditionnels avant d’élaborer la convention Fagace-banques et systèmes financiers décentralisés devant gouverner dorénavant les relations entre ces partenaires.

Qui trop embrasse, mal étreint. Après avoir fait le constat des difficultés éprouvées par le Fagace au cours de la dernière décennie du fait de l’extension de ses champs d’intervention loin de ses périmètres originels, le Fonds créé en 1977 a opéré, sous l’impulsion de sa nouvelle directrice générale, un recentrage stratégique autour de son cœur de métier: la garantie. Ainsi, plus de financements directs qui l’ont fait entrer autrefois en concurrence avec les banques dont c’est le métier, plus de gestion de fonds pour le compte de tiers, plus de cautions sur marchés.

Avec le nouveau plan stratégique 2017-2020 présenté par le Fagace, l’institution se recentre autour de la garantie des financements octroyés par les banques, oriente ses interventions vers les Pme qui constituent 80% du secteur privé dans les 14 pays membres, et adopte un cadre prudentiel adapté aux standards internationaux.

Le Fonds est désormais dans une dynamique de renforcement de ses fonds propres, et met en place une nouvelle organisation orientée sur l’analyse et la gestion des risques, ainsi qu’une nouvelle gouvernance plus transparente et plus performante, destinée à restaurer sa crédibilité auprès des banques. Celles-ci sont, désormais, au cœur du dispositif de distribution de produits de la nouvelle stratégie.

Mme Coulibaly l’a amplement souligné au cours de la rencontre de travail d’hier, rappelant que « les banques prêteuses ont besoin des garants institutionnels tels que le Fagace pour mitiger le risque de défaut de paiement des promoteurs de projets. De même, les garants ont besoin des banques pour accomplir leur mission de facilitateur de mobilisation de ressources financières ».

Finie donc l’époque où il y avait le garant d’un côté, le banquier de son côté et le promoteur de projet au milieu. Désormais, « c’est ensemble que nous devons travailler, avec un alignement d’intérêts à chaque étape, afin de réussir le financement des Pme », a recommandé la Directrice générale.

Les banquiers présents ont dit prendre bonne note des éclairages donnés par le Fagace, et espéré voir la nouvelle stratégie se déployer sur le terrain. Il faut dire que l’un des enjeux de la rencontre d’Abidjan, la cinquième à réunir banquiers et garants des différents pays membres, était précisément de restaurer la confiance, après une décennie de litiges ayant suscité une certaine défiance.

Au vu des échanges francs, des débats vifs et des engagements pour un nouveau départ pris hier, l’on peut dire que les vieilles rancoeurs et peurs du passé se taisent progressivement, laissant espérer un vrai partenariat dont chacune des parties serait gagnante.

Bien que non assujettie à cette obligation de par la structure de son actionnariat composé essentiellement des 14 Etats membres, le Fagace a poussé son besoin de transparence jusqu’à initier une procédure de notation qui devrait aboutir à l’attribution d’une note, avant la fin de l’année. Ce qui devrait encourager davantage les banques hésitantes à lui faire à nouveau confiance.

A ce jour, 51 projets de développement ont bénéficié de la garantie du Fagace en Côte d’Ivoire, dans des secteurs prioritaires tels que l’agriculture, l’industrie et les énergies, pour un montant global de 174,9 milliards de Francs Cfa.

« Il faut faire confiance au Fagace. C’est une institution solide et résiliente, qui n’a aucun problème de solvabilité ni de liquidité. C’est un instrument de développement, et c’est notre responsabilité collective d’œuvrer à son succès », a conclu la directrice générale du Fonds, avant de prendre l’avion pour le Cameroun où une rencontre similaire, avec les banques locales l’attend aujourd’hui.

Valentin Mbougueng