Filière Coton : Les producteurs disent non à la vente de leur usine Sico-Sa

Filière Coton : Les producteurs disent non à la vente de leur usine Sico-Sa

Filière Coton : Les producteurs disent non à la vente de leur usine Sico-Sa

Les producteurs de coton de Korhogo et Ferkéssedougou conteste la vente de la Société Ivoirienne de Coton des Savanes (SICOSA-sa).

« Prêts à se battre par tous les moyens jusqu’à obtenir satisfaction totale », ils appellent donc, d’une part,  leurs créanciers à la table de renégociation des modalités de remboursement de leurs dettes. Et  d’autre part, l’implication de l’Etat dans la gestion des affaires de la Sicosa-sa jusqu’au dénouement total de la dette, en lui promettant de se mettre davantage au travail pour rembourser leurs dettes à leurs créanciers.

Enfin, ils en appellent particulièrement le Président de la République à satisfaire à sa promesse faite le 17 juillet dernier à M’bengué de payer les arriérés des producteurs de l’Urecos-ci d’un montant de plus d’un milliard et demi de Francs.                                  

Cette  déclaration a été faite ce samedi 16 novembre au siège de ladite société par les producteurs de coton membres de l’Urecos-ci  (Union régionale des entreprises coopératives des régions de savane) propriétaires de cette usine.

 « Cette usine est le fruit des efforts des producteurs de coton. En la construisant, nous avons voulu donner le meilleur exemple en Côte d’Ivoire et en Afrique. Elle constitue, à nos yeux l’avenir du coton en Côte d’Ivoire, des producteurs de coton et de nos enfants », a commenté Coulibaly Be, le Président du Conseil d’Administration avant d’expliquer les raisons de leur plaidoyer.

En effet, suite à une plainte déposée en 2008 au parquet de Paris par BNP Paris Bas, l’un des financiers de la construction de l’usine, pour échéance non honorée, la Sicosa -sa a été vendue aux enchères  le 16 octobre dernier à 1 milliard 980 millions de FCFA. Le jeudi 14 novembre, les producteurs apprennent que ladite vente  a été annulée parce que l’acquéreur, le  filateur Utexi, n’a pu, malheureusement ou même heureusement, libérer cette somme. Il leur est ensuite annoncé qu’une autre opération de vente est annoncée pour le 23 novembre prochain.

C’est donc face à cette « nouvelle menace » qui est « une provocation de trop », que les producteurs marquent leur « opposition totale ». Ce samedi 23 novembre, les producteurs ont pris d’assaut les locaux de l’usine. Coulibaly Be que nous avons rencontré, nous a expliqué que le commissaire priseur et son équipe venus d’Abidjan n’ayant pas eu accès à l’enceinte de l’usine, sont restés quelques minutes dans leur véhicule avant de faire demi-tour. Malheureusement, nous n’avons pu joindre le joindre.

Pour l’histoire, il faut retenir que cette usine, construite en 2000 par les cotonculteurs membres du réseau Urecos-ci  a ouvert ses portes en mai 2002. Et la crise ivoirienne a éclaté le 19 septembre de cette date. La situation économique difficile née de cette crise a été un frein au développement de l’usine qui a été la cible d’une agression à la grenade qui a brûlé le stock de coton qui y était. Cela a engendré une perte  d’environ 1 milliard. Puis, a suivi une crise interne entre le Conseil d’administration d’alors et l’ancien DG. « Tout cela a agi sur la gestion et a affaibli la capacité et la crédibilité de l’entreprise », conclut Coulibaly Be, le Pca. Et l’entreprise se retrouva avec une dette de 8 milliards qu’elle s’est engagée à rembourser.  Jusqu’en 2008, l’entreprise éprouvée, ne restait devoir à ses créanciers que la somme de deux milliards et demi quand BNP Paris Bas déposa une plainte contre la Sicosa. Et « Le 11 février 2013, l’entreprise est sommée d’une saisie vente pour une dette de quatre milliards au lieu de deux milliards et demi », précisa Yéo Mourlaye, porte-parole des producteurs.

Aujourd’hui, les cotonculteurs, qui se réjouissent du fait que notre pays ait repris le chemin de la croissance et qu’eux-mêmes affichent la volonté et la détermination de rembourser leurs dettes, ils ne comprennent pas l’acharnement de leur partenaire à vendre leur usine qu’ils ont acquise par leur travail et effort personnels. Ils en appellent donc le Président de la République et le Ministre de l’Agriculture à entendre leur cri de cœur afin que leur « héritage » dont la vente pourrait entraîner «  la destruction » de leur réseau coopératif,  « la désorganisation totale de la filière et la livraison des producteurs à la merci des seuls égreneurs, véritables maîtres de la filière coton». Notons  que l’Urecos-ci compte 21.765 producteurs. La Sicosa, leur usine, a une capacité d’égrenage de 60.000 tonnes. Pour la dernière campagne, elle a égrené 17.700 tonnes de coton. Elle emploie 200 travailleurs permanents et saisonniers confondus.

Martial Niangoran

 Correspondant régional