Dimbokro/Utexi: L’espoir d’une réouverture

Les populations espèrent des décisions fortes pour une ouverture pérenne de l'usine phare du N'Zi.
Les populations espèrent des décisions fortes pour une ouverture pérenne de l'usine phare du N'Zi.
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Dimbokro/Utexi: L’espoir d’une réouverture

Parmi celles-ci, le président directeur général de cette usine spécialisée dans la filature et la fabrique de tissu, fermée fin 2017. Accentuant l’angoisse et les mauvaises conditions de vie des travailleurs mis sur le carreau.

Rencontré le mardi 24 septembre, à sa résidence, à la Cité japonaise à Dimbokro, dans son salon qui, bien que vaste, ne traduit plus la grande aisance matérielle, Vassiliki Konaté, le Pdg, la voix enrouée d’émotion, a révélé les trois grands évènements qui ont occasionné la fermeture de l’usine.

« La revalorisation du Smig de 36.000 F Cfa à 60.000 F Cfa sans compter les 18.000 F pour le transport du travailleur. L’usine bénéficiait d’une prime préférentielle de l’électricité dans l’ordre de 70 à 75% de rabattement. Celle-ci a été supprimée. Et, enfin, l’approvisionnement du coton était devenu difficile », raconte-t-il, amer.

Vassiliki Konaté soutient, avec nostalgie, que l’Utexi, créée en 1973 par la volonté du Président Félix Houphouët-Boigny, père fondateur de la Côte d’Ivoire moderne, « a marché, de 1973 à 1999 ». « Avant, l’Etat accordait une subvention de 2 milliards par an, et l’approvisionnement du coton, à travers la Cidt, était garanti ».

Mais, souligne-t-il, les difficultés de l’usine ont commencé à se faire sentir en 1997, avec la privatisation de la Cidt. Et puis, il y eut le coup d’Etat de 1999 qui a eu des répercussions sur l’Utexi. 

Des études ont été, par la suite, menées par l’Etat de Côte d’Ivoire pour voir comment relancer l’Utexi. Mais, avec la crise de 2002, l’Etat n’a pu tenir ses engagements.

Peiné, il lit le code d’investissement : « La liberté d’accès aux matières premières brutes ou semi-finies produites sur le territoire national est garantie à tout investisseur. En cas de nécessité, l’Etat prend des mesures nécessaires pour garantir l’exercice effectif de la liberté d’accès aux matières premières. La liberté d’accès aux matières premières est subordonnée à l’application par l’investisseur concerné d’une politique d’achat garantissant aux producteurs une juste rémunération. L’Etat prend toutes les dispositions nécessaires pour garantir les intérêts des producteurs en cas de nécessité ». 

En 2012, lorsqu’il prenait l’Utexi, des machines ne fonctionnaient plus.  Des fromagers avaient, selon lui, poussé sur des toits. Il a investi plus de 5 milliards pour la reprise des activités de l’usine. Il a démarré avec 150 personnes pour, au fil du temps, atteindre, entre autres, 365 embauchés et des centaines de stagiaires. En 2015, les acquis, dit-il, avec joie, « ont été consolidés ».

Des moyens financiers s’étant améliorés, le premier responsable de l’Utexi va, fin 2015, racheter Cotivo, une usine spécialisée dans la fabrique des Jeans, à Agboville. Et en 2016, il obtint le Prix d’excellence pour la meilleure initiative de transformation structurelle de l’économie ivoirienne. Ce n’est pas tout. Il a eu, après le Prix, celui du meilleur manager africain, à Paris.

La joie procurée par ces lauriers fut de courte durée. Car, en 2017, les difficultés ont commencé à s’accentuer. Il n’y a plus de coton, la matière première de l’usine. Les charges sont devenues insupportables : 30 à 40 millions de facture d’électricité à payer, la masse salariale s’élevait à 70 millions. Conséquence : fin 2017, l’usine est fermée.

Pour la relancer, il faut, déclare Vassiliki Konaté, le Pdg, « 6 milliards de F Cfa ». Mais, pour assurer la pérennité de l’Utexi, il faut que la culture du coton soit une activité prioritaire dans la zone et ailleurs, parce qu’elle est rentable. Tel est le vœu du premier responsable.

Emmanuel Kouassi