Développement économique en Afrique de l’Ouest: Le dividende démographique, levier de la croissance inclusive et durable

Développement économique en Afrique de l’Ouest: Le dividende démographique, levier de la croissance inclusive et durable

« Le dividende démographique représente une opportunité pour de nombreux pays africains en voie de développement leur permettant de connaître une croissance économique accélérée à la suite de changements démographiques ». C’est ce qu’a déclaré Ahamide Mean-Goua Armelle, directrice générale adjointe de l’Institut national de la statistique et d’analyse économique du Benin. Elle s’exprimait  à l’occasion d’un séminaire sur l’impact de la démographie sur le développement économique en Afrique de l’Ouest qui s’est tenu le 8 novembre dans la capitale guinéenne (Conakry). Il est organisé par le programme pour le dialogue politique en Afrique  de l’Ouest de la Konrad-Adenauer-stiftung (Kas).

La maîtrise démographique : un défi majeur

Devant un parterre d’experts venus du Togo, du Benin, du Burkina Faso, des organisations de la société civile, les parlementaires, la directrice générale adjointe de l’Institut national de la statistique et d’analyse économique du Benin a révélé qu’au  cours des dix dernières années, les pays d’Afrique ont connu une croissance économique soutenue. Malgré cette croissance, la population s’accroît rapidement. « En effet, estimée, en 2018, à 1,2 milliard, cette population  comptera 2,5 milliards en 2050 et plus de 4 milliards en 2100. Avec ce taux de croissance de la population qui est le double de la moyenne mondiale, l’Afrique subsaharienne risque une forte aggravation de ses difficultés financières », a-t-elle prévenu.

D’où la nécessité, selon elle, pour les pays africains  de saisir les opportunités qu’offre le dividende démographique. Selon l’experte, si les pays africains parviennent à maîtriser leur fécondité, et à effectuer les investissements nécessaires notamment dans la santé, l’éducation, l’économie, la bonne gouvernance en faveur de la jeunesse, il peut en résulter une accélération de la croissance économique à l’instar des Dragons asiatiques. 

De son côté, Florian Karner, représentant résident de la Konrad-Adenauer, s’est  réjoui de cette plateforme d’échanges d’autant plus qu’elle vise à inciter  les participants au séminaire à réfléchir à des politiques tendant à faire en sorte que la croissance économique soit inclusive pour maîtriser le boom démographique. Cependant, Florian Karner fait savoir que la population africaine, à dominante jeune, est confrontée à des défis en termes d’éducation, d’emploi, de formation professionnelle. « Il est vrai que la jeunesse est un atout, mais encore faudrait-il que cette jeunesse soit bien formée et bien éduquée. Elle mérite un cadre sain, franc, et promoteur dans leurs pays et la question de l’emploi est la question fondamentale », a-t-il laissé entendre.

D’ailleurs, c’est ce qu’a reconnu Dr Konan Yao Sylver, chercheur au Centre ivoirien de recherches économiques et sociales (Cires). Il a invité les Etats africains à promouvoir un système éducatif qui offre des formations en parfaite adéquation avec les besoins du marché. Pour Matthias Veltin, Ambassadeur de l’Allemagne en Guinée, ce rendez-vous du donner et du recevoir vient à point nommé. Car, dira-t-il, « ce sera une occasion de réfléchir également à la problématique de l’immigration clandestine et l’employabilité des jeunes auxquelles sont confrontés les pays africains ».

A noter que cette rencontre s’est soldée par de fortes recommandations. Entre autres, la maîtrise de la fécondité à travers l’éducation et la planification familiale, la mise en place des filets sociaux de sécurité au profit  des populations, le renforcement de la politique d’autonomisation des femmes et des jeunes filles.

EMELINE PEHE AMANGOUA
envoyée spéciale Conakry