Crise de la commercialisation du caoutchouc naturel: Le gouvernement promet des solutions

Crise de la commercialisation du caoutchouc naturel: Le gouvernement promet des solutions

Du haut de la tribune, hier, à l’ouverture de la Conférence internationale sur le caoutchouc naturel (Irc 2018), au Sofitel Abidjan Hôtel Ivoire, à Cocody, Coulibaly Mamadou Sangafowa, ministre de l’Agriculture et du Développement rural, par ailleurs président de la cérémonie, a annoncé la volonté du gouvernement de trouver une solution à la crise que connaît l’écoulement des fonds de tasse de caoutchouc naturel.

« Je voudrais rassurer… tous les acteurs des diligences prises par mon département pour mettre fin, très rapidement, à quelques désagréments apparus, ces derniers temps, au niveau du flux de commercialisation des fonds de tasse », a déclaré le ministre de l’Agriculture.

Une annonce saluée par de nombreux producteurs qui ont pris part à la cérémonie d’ouverture de l’Irc 2018 qui ferme ses portes demain. Thème de la rencontre qui réunit 27 pays du monde : « Contribution du caoutchouc naturel au développement socio-économique et à la préservation de l’environnement ».

« Pour la consolidation et l’amélioration de ses performances dans le secteur agricole, le gouvernement s’est résolument engagé dans la transformation de nos produits agricoles, toutes filières confondues, avec un accent sur la filière hévéa. Celle-ci doit retrouver son équilibre à travers la transformation totale du caoutchouc naturel dans les meilleurs délais, avec les mesures d’accompagnement requises, à la fois de l’Etat et des principaux acteurs qui y opèrent », rassure le ministre.

La sortie de Coulibaly Mamadou Sangafowa arrive à un moment où la filière hévéa en Côte d’Ivoire, 1er producteur africain et 7e mondial avec plus de 600 mille tonnes, traverse une crise sans précédent liée à la commercialisation des fonds de tasse et due à la chute drastique des prix depuis des années.

Depuis plusieurs mois, plus de 20 mille tonnes de cette matière sont stockées dans les deux ports ivoiriens, selon Samuel Espérance Mobio, président de l’Association des exportateurs de caoutchouc naturel de Côte d’Ivoire (Aexci). Et les producteurs détiennent encore entre « 70 000 et 80 000 tonnes » de caoutchouc naturel qu’ils ne parviennent pas à écouler.

Une situation difficile à vivre pour les acteurs du secteur. En Côte d’Ivoire, selon le président de l'Association des professionnels du caoutchouc naturel (Apromac), Eugène Krémien, par ailleurs président du comité d’organisation, de 120 milliards de FCfa en 2008, le secteur a généré 5000 milliards en 2017, avec des revenus aux producteurs qui sont passés de 40 à 150 milliards sur la même période. Il occupe, en outre, 165 000 producteurs.

Diversification

Face à la crise que traverse le secteur de l’hévéa, le représentant du gouvernement a fait des ébauches de solution. « Actuellement, c’est principalement l’industrie des pneumatiques qui régule le secteur de l’hévéa. Il faut donc que les initiatives de diversification de l’utilisation du caoutchouc soient poursuivies, à travers des efforts d’innovation et d’utilisation des produits issus du caoutchouc naturel dans plusieurs secteurs, afin d’offrir une plus grande diversité de débouchés », préconise Coulibaly Mamadou Sangafowa.

Avant d’ajouter : « Nous pensons à la poursuite des perspectives d’usage des produits de l’hévéa dans la construction des routes et ponts, dans la stabilisation des bâtiments pour résister aux vibrations et aux secousses sismiques. L’exploration d’autres domaines d’utilisation doit se poursuivre. C’est par la diversification de l’usage des produits issus de la transformation du caoutchouc que l’on pourra absorber plus facilement les productions qui vont être plus importantes, les années à venir. L’impact positif sur les prix de la matière première sera alors plus perceptible ».

Dr Abdul Aziz, secrétaire général du Conseil international sur la recherche et le développement du caoutchouc naturel (Irrdb), va plus loin, appelant les Etats à coordonner les activités de recherche, à collaborer pour faire face aux défis tels que « la durabilité, la volatilité des prix et la propagation des maladies ».

Comme le soutient le président de l’Apromac, la conférence internationale sur le caoutchouc et les réunions annuelles de l’Irrdb qui se tiennent à Abidjan, après l’Indonésie en 2017, seront l’occasion de renforcer « les échanges et les expériences » pour un secteur hévéicole encore plus fort et plus résilient aux chocs.

ANOH KOUAO