Biodiversité et changement climatique en Afrique: L’Usaid engage les médias africains

Biodiversité et changement climatique en Afrique: L’Usaid engage les médias africains

Une facilitatrice, Emilia Arthur, bien méthodique et dynamique. Des présentations très bien agencées. Une participation active de tous ceux qui étaient présents, des échanges riches et enrichissants. Voilà l’ambiance bon enfant qui a prévalu, mardi, à la salle de conférence de Labadi Beach hotel d’Accra, au Ghana.

C’était à la faveur d’une table ronde qui a regroupé des journalistes venus de plusieurs pays de la sous-région, Côte d’Ivoire, Cameroun, Sénégal, Sierra Leone, Guinée, Liberia, Ghana, Nigeria etc. Cette activité s’inscrit dans le cadre du programme pour la biodiversité et le changement climatique en Afrique de l’Ouest (Wa-Bicc, sigle en anglais), piloté par l’Agence des États-Unis pour le développement international (Usaid).

Il s’agit, selon le chef du projet, Stephen Kelleher, de mieux comprendre le rôle de chaque acteur dans les milieux environnementaux, d’évoquer les lacunes dans la collecte et le traitement des informations en vue de les corriger, d’accroître l’efficacité des partenaires dans la formation et le soutien aux initiatives des journalistes.

Un tour de table, après les présentations de Stephen Kelleher et de sa collaboratrice Patricia Mensah rappelant les objectifs de la rencontre, a montré que les problèmes environnementaux sont presque identiques sur le continent. Qu’il s’agisse de l’insalubrité, des pollutions, de la déforestation, de l’accès à l’eau potable notamment en milieu rural ou du changement climatique, les pays africains ont des situations quasi-identiques.

Ainsi, en tant que programme d’apprentissage, l’approche de Wa-Bicc insiste sur l’identification et la dissémination des politiques et pratiques environnementales efficaces en Afrique de l’Ouest et au-delà, afin d’encourager leur adoption et leur reproduction, visant à réduire le risque de reproduire les mêmes efforts dans un environnement où les ressources sont limitées.

Cette approche exige donc, à en croire les organisateurs, le recours à des outils de gestion et de communication des connaissances innovants pour divulguer les informations et faciliter l’apprentissage de manière rapide, efficace et globale.

Faible engagement des journalistes dans la protection de la nature

En la matière, les médias sont identifiés comme un acteur clé dans cette approche en tant que l’un des moyens les plus rapides, efficaces et efficients de recevoir et partager des informations sur divers sujets et domaines thématiques.

Malheureusement, le constat est très amer quant à l’implication réelle des médias dans la promotion de la protection de la biodiversité et même dans la lutte contre le changement climatique. En effet, en partageant leurs expériences en matière de médias environnementaux, les participants ont relevé et déploré la lente et faible éclosion d’une presse spécialiste des questions environnementales, le peu de temps consacré ou à de manières occasionnelles à ces sujets. Ils ont également déploré le faible appui à leurs initiatives de production, de rédaction ou de diffusion d’informations environnementales, le manque de professionnalisme de certains médias dans le traitement de cette information, la difficulté d’accès aux sources d’information ou encore la non-prise en compte des aspects culturels.

A l’issue des échanges de haut niveau, les participants ont compris la nécessité de mutualiser leurs forces au travers du développement du réseautage, pour contribuer à l’atteinte des objectifs de Wa-Bicc. « En tant que quatrième pouvoir, les médias constituent un outil puissant pour développer l’opinion publique et la conscience collective. Par conséquent, engager plus activement les médias au travail de Wa-Bicc constitue un créneau stratégique pour promouvoir les connaissances et les possibilités d’en savoir plus sur les questions environnementales les plus pressantes prenant en compte la conservation de la biodiversité, les questions socioéconomiques et le changement climatique », justifie en substance Stephen Kelleher.

De la nécessité de l’appui des partenaires aux médias

Ainsi, dans le cadre de son mandat visant à renforcer la capacité régionale pour répondre aux questions environnementales, ce Programme a trouvé nécessaire de développer ou de renforcer les capacités des acteurs de médias passionnés par les sujets environnementaux. Pour éviter de tomber dans les mêmes travers de réseaux de médias pour l’environnement mort-nés, plusieurs recommandations ont été faites aux partenaires comme l’Usaid à travers le Wa-bicc à renforcer et développer ce partenariat naissant avec les médias.

Aux journalistes eux-mêmes, la table ronde a recommandé plus d’engagement, de réactivité, de passion, de volontariat. Parce qu’en définitive, tous journalistes et partenaires au développement sont embarqués dans le même bateau que l’on peut nommer « nature ». « Tous, qui que nous soyons, où que nous soyons, quoi que nous fassions, nous ne pouvons pas nous défaire de la nature. La nature nous nourrit ; nous vivons grâce à elle ; elle nous donne tout et si nous la détruisons, nous perdons tout », a précisé Anada Tiéga, spécialiste en adaptation et résilience au programme Wa-bicc.

A noter que ce Programme est une initiative sur 5 ans, financée par l’Usaid, visant à améliorer la conservation de la biodiversité et à promouvoir un développement résilient au climat et à faibles émissions dans l’ensemble de l’Afrique de l’Ouest.

Son champ d’action prend en compte trois domaines thématiques essentiels : ‘’Combattre le trafic des espèces sauvages’’ ; ‘’Accroître la résilience côtière’’ et ‘’Réduire la déforestation, la dégradation de la forêt et la perte de biodiversité’’. C’est un programme régional dans sa portée et sa conception, et qui s’intéresse également à des zones géographiques ciblées à l’intérieur de l’Afrique de l’Ouest, incluant deux ‘Paysages d’apprentissage’ côtiers et cinq ‘Paysages d’apprentissage’ forestiers transfrontaliers.

Ses principaux partenaires régionaux sont la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), l’Union du fleuve Mano (Ufm) et la Convention d’Abidjan ainsi que des institutions nationales et internationales ciblées.

GERMAINE BONI
envoyée spéciale à Accra