Bilé Diéméléou, Dg de l’Artci : " Nous faisons des audits pour apprécier la qualité "

Bilé Diéméléou, Dg de l’Artci : " Nous faisons des audits pour apprécier la qualité "

Il nous revient que des consommateurs se plaignent parfois de la mauvaise qualité de service. Notre rôle, au niveau de l’Artci, c’est  d’apprécier cette qualité de service. C’est pour cela que nous faisons des audits. Il y en a plusieurs : des audits de six mois, il y a aussi un contrôle inopiné que nous faisons sur les réseaux des opérateurs. On n’attend pas toujours six mois, sinon cela donnera l’occasion aux opérateurs de régler ses appareils à partir du cinquième  mois pour être certains de la qualité au moment du contrôle.

Pendant ces contrôles inopinés, nous décidons d’aller sur le terrain voir l’état du réseau. Ensuite, nous faisons un bilan et interpellons l’opérateur. Par ailleurs, des contrôles mensuels permettent d’analyser la qualité du réseau.

Cela dit, nous constatons, ces temps-ci, que beaucoup de pylônes subissent les conséquences des grands  vents, peut-être à cause d’une mauvaise installation. Cette question est gérée par une autre structure (l’Aigf). Néanmoins, l’absence d’un pylône entraîne l’isolement de la zone. Ce sont des situations que nous vivons tous, en tant que consommateurs.

La mauvaise qualité du service est certes réelle, mais l’Artci veille pour que la qualité  du service soit bonne. C’est pourquoi  nous faisons des contrôles soit avant, soit de façon inopinée, soit de façon classique et des audits tous les six mois.

Cas du 4e opérateur

Une communication en Conseil des ministres  avait annoncé un quatrième opérateur qui essaie de s’organiser. Il a présenté ses dossiers, on lui a donné les éléments nécessaires. Mais pour le moment, considérez que nous n’avons que trois opérateurs fonctionnels (Orange, Mtn, Moov) qui font en sorte que tous les clients soient servis. Quand il y aura un quatrième opérateur (opérationnel), vous en serez informés.

Mauvais transferts d’argent

Concernant les transferts malveillants, quand c’est fait volontairement, c’est grave ! Je n’ai pas les chiffres sur ce type de préjudices. Mais nous constatons aussi d’autres formes d’arnaques. Il arrive qu’une personne transfère de l’argent et qu’au final, c’est une tierce personne qui se présente pour le récupérer. À ce  niveau, des recherches sont effectuées pour voir si la complicité n’est pas en interne (chez l’opérateur). Il peut arriver aussi que la personne chargée de la transaction soit à la base de cette action malveillante. Nous suivons cette pratique de près. On nous signale ce type d’arnaques, mais il faut un minimum de contrôle de sorte que le consommateur soit satisfait.

Le projet E.commune

C’est un projet du Centre national de télédétection et d’informations géographiques (Cntig) qui répond à deux objectifs majeurs. D’abord, aider les collectivités à avoir un peu plus de ressources. En effet, face aux pertes qui sont souvent enregistrées, le Cntig a conçu ce projet qui a été validé. Des  communes en ont fait l’expérience et on se rend compte que vous doublez pratiquement vos ressources et de façon précise. Et tout cela sur la base des Tic. Ce projet  peut, ensuite, nous aider à planifier le développement local. Avec E.commune, toutes les parcelles, tous les marchés où l’on peut tirer des ressources sont identifiés. C’est une application qui vous permet de savoir ce que vous gagnez par jour, dans le mois et dans l’année. Chaque commune est libre d’en  faire la demande. Sur 197 communes que compte la Côte d’Ivoire, il n’y a que 16 qui se sont engagées. Ce projet coûte 30 millions de FCfa. Selon les résultats de l’étude qui m’ont été communiqués par le Cntig, cela permettra à la commune de Dimbokro dont je suis le maire, par exemple, de passer de 300 millions à 700 millions de FCfa de ressources.

Le projet E.commune permet également de mieux gérer les collecteurs. Bientôt, nous aurons des terminaux de paiement électroniques (Tpe) pour éviter tous les risques avec l’usage des tickets. Nous nous sommes inscrits dans ce projet parce que nous y croyons. J’invite tous les maires à aller dans ce sens.

Du pilotage du projet

C’est le Cntig qui pilote ce projet. Tout ce qui concerne la géolocalisation est du ressort de cette structure. Le Cntig a développé cette application qui nous permet d’accroître nos recettes tout en modernisant notre administration locale. L’Artci interviendra peut-être lorsqu’il s’agira d’utiliser les Tic. Il aura besoin certainement de nos conseils pour mieux faire.

Le sort des employés des entreprises GreenN et Comium

Dès que nous sommes passés à la consolidation du secteur, nous avons demandé aux sociétés qui avaient des difficultés et qui ne  répondaient plus aux critères d’un bon opérateur de sortir du marché. La décision a été prise d’ailleurs au cours d’un Conseil des ministres. En plus des deux entreprises que vous avez citées, il y avait également Café mobile et Warid Côte d’Ivoire. Toutes ces sociétés sont sorties et il n’en reste que trois actives.

Dès que nous avons lancé cette opération, les travailleurs de ces entreprises se sont constitués en groupe pour demander que justice soit faite. Nous les avons écoutés et, avec le ministre et d’autres structures de l’État, nous avons essayé de voir comment certains problèmes pouvaient être réglés. Mais nous ne pouvions pas satisfaire tout le monde. Nous comptions sur l’arrivée d’un quatrième opérateur pour faire appel à certaines compétences afin de lancer rapidement  leurs activités, malheureusement... Néanmoins, nous suivons l’évolution du dossier. Nous avons le fichier de tous ceux qui n’ont pas pu se recaser. Dès qu’un quatrième opérateur sera en place, nous l’informerons pour qu’il en fasse une préoccupation.

Portabilité des numéros

Il est effectivement prévu dans la loi une action de régulation. Cela permettra une saine concurrence entre les opérateurs. Un  consommateur insatisfait des prestations de son opérateur peut changer. Il peut résilier son abonnement et le refaire avec un autre opérateur de son choix. Avec la portabilité des numéros, le consommateur devra remplir toutes les conditions et il conservera le sien.

À partir du 31 juillet, le lancement commercial va se faire. Une grande communication est prévue, c’est une action forte. Il y aura aussi le Roaming national ou itinérance nationale. Mais, nous attendons de tout mettre en œuvre. Le procédé vous permettra de garder votre numéro de votre opérateur. Des tarifs seront pratiqués selon des accords de telle sorte qu’en gardant son numéro, on peut toujours vous appeler. Pour ce qui est du roaming national, ceci  permettra, par exemple, que lorsque vous arrivez à Dimbokro, vous pourrez être contacté même si le réseau Moov n’y est pas et que Orange (Mtn) est présent ou vice-versa. Les équipements qui seront installés vont permettre à monsieur Bilé qui a un réseau Moov et qui est de passage à Dimbokro de pouvoir recevoir son appel à partir du réseau Orange. Ce sont toutes ces dispositions qui sont en cours afin de donner tous les moyens pour communiquer. Et de permettre aussi de lutter contre la pauvreté.

L’incendie des installations techniques d’Orange : un sabotage ?

Pour le moment, nous avons mené l’enquête, nous avons fait une première visite dès que nous avons eu l’alerte de l’incendie. Nous avons effectué cette visite avec le ministre. Nous sommes allés dans le centre, ce que nous avons constaté est d’une certaine gravité. On nous a informé que le site était gardé par un vigile et qu’il était en sécurité. Une enquête est donc en cours. Le rapport de l’opérateur nous est parvenu, nous allons donc faire une analyse. Avec notre enquête, nous allons situer les responsabilités. Il y va de la qualité des communications. Avec cet incendie, la qualité des services a beaucoup baissé et le consommateur en a souffert. Nous avons tous souffert pendant ces périodes, nous allons vérifier pour savoir si le site a été sécurisé ou pas. Mais dites-vous que nous agirons au cas où on se rend compte que le site n’avait pas été suffisamment sécurisé selon le cahier des charges.

Pour ce qui est des perspectives, il ressort des échanges que j’ai eus sur le terrain, que Orange est en train de prendre des dispositions pour délocaliser un certain nombre d’activités. Ils m’ont dit qu’ils avaient déjà des Data Center à l’intérieur du pays pour mieux gérer ce genre de situations. Il faut dupliquer un peu partout. Nous avons un plan de continuité qui devait être mis en place par l’opérateur. Malheureusement, tout cela n’a pas avancé. Nous allons donc investiguer et on vous fera un retour.

L’impact des Sms

Les Sms abusifs ne sont pas recommandés. Au niveau de l’Artci, nous sommes en train de nous équiper pour pouvoir régler cette situation, c’est un projet qui est en cours. Pour le moment, nous observons. Nous interpellons l’operateur. Il y en a même qui sont à caractère publicitaire, c’est tout cela le côté intempestif. On les interpelle pour leur signifier qu’ils ne sont pas dans le droit à ce niveau-là. Nous avons un observatoire qui nous permet d’apprécier et d’analyser les activités des opérateurs et d’analyser les tarifs qui nous sont communiqués. Et chaque fois que nous constatons des écarts, chaque fois que ce n’est pas respecté, nous interpellons l’opérateur pour qu’il se mette en ordre.

Les effets des ondes sur la santé humaine

Au niveau des instances internationales, selon les documents communiqués, il n’a jamais été dit qu’il y a un effet sur la santé. Je comprends la peur de ceux qui disent qu’il pourrait y avoir un effet sur le cœur, sur le corps. Au niveau de notre structure, nous avons des personnes qui s’en occupent. Des études sont faites au niveau du ministère de la Santé. Jusque-là, il n’y a pas de démonstration formelle selon laquelle il y a un effet sur la santé…

Le sens des indications 2G, 3G, 4G ? Et bientôt la 5G

Le secteur des mobiles évolue beaucoup. Et plus vous demandez à être satisfaits par rapport à votre data, plus vous recevez des paquets plus importants à des vitesses plus grandes. Au début, on avait la 2G (deuxième génération) et après, on est passé à la 3G, qui a permis de booster l’évolution d’internet en Côte d’Ivoire. Nous sommes actuellement à la 4G. Mais celle-ci n’est pas encore partout. En fait, au fur et à mesure que l’opérateur a des moyens et qu’il sent qu’il y a des usages possibles dans une agglomération, il déploie la 4G. Après la 4G qui est actuellement le top niveau, il y aura bientôt la 5G. Avec cette donne, internet sera encore meilleur.

Responsabilité sociale de l’entreprise

L’Artci joue un rôle très important dans le cadre de la responsabilité sociétale de l’entreprise (Rse). Nous agissons beaucoup dans les secteurs de l’eau, l’électricité, l’éducation et la santé. En ce qui concerne la santé notamment, nous venons de prendre une décision au niveau du Conseil de Régulation qui accorde un tarif préférentiel pour l’internet dans les universités et certains centres de santé. L’Artci, en tant que contributeur à l’économie de l’État, facilite les choses tant au niveau de l’eau que de l’électricité.

Mot de fin de l’invité

Je voudrais remercier toutes ces personnalités qui nous font l’amitié de nous accompagner ce jour. Sans oublier mes collaborateurs qui sont venus en grand nombre. Merci surtout au directeur général de Fraternité Matin et aux membres de sa direction pour avoir facilité cette rencontre d’échange. Enfin, aux journalistes pour leurs questions pertinentes qui nous ont permis de communiquer sur une partie de notre métier. Il y a plusieurs choses à dire sur ce que nous faisons, mais l’essentiel aujourd’hui, c’était la question de l’identification. Ce genre de rencontre, il doit y en avoir presque tous les trimestres. L’Ivoirien a besoin de savoir ce que nous faisons, comment nous avançons et si c’est dans le sens de l’émergence souhaitée par le Président de la République. Nous voulons être un régulateur de référence mondiale. Nous voulons être un acteur clé de l’économie ivoirienne, d’ailleurs notre contribution au Pib le démontre bien.

 

Rédaction Fraternité Matin