Agriculture : L’anacarde, « l’or » du royaume Zanzan menace la sécurité alimentaire

L'acarde constitue risque de surplanter la culture l'igname dans la région du Zanzan
L'acarde constitue risque de surplanter la culture l'igname dans la région du Zanzan
L'acarde constitue risque de surplanter la culture l'igname dans la ru00e9gion du Zanzan

Agriculture : L’anacarde, « l’or » du royaume Zanzan menace la sécurité alimentaire

Agriculture : L’anacarde, « l’or » du royaume Zanzan menace la sécurité alimentaire

A l’origine d’un projet de reboisement initié par l’Etat ivoirien après les indépendances, la culture de l’anacarde s’est très vite muée en première richesse agricole des paysans du Zanzan (Gontougou et Bouncani), dans le Nord-Est de la Côte d’Ivoire, entrainant un déficit d’espace pour les cultures vivrières et constituant une sérieuse menace pour la sécurité alimentaire dans cette région.

Un miracle agricole qui s’est, aujourd’hui, substitué aux mamelles de l’économie ivoirienne, le binôme café-cacao qui, selon les paysans du Nord-Est ivoirien, fonde la fierté de ce royaume en dépit du désordre qui caractérise cette filière.

Dans le Zanzan, la culture de l’anacardier a entraîné une réduction considérable de terre pour les produits vivriers. Le tronçon Gouméré-Bouna, séparé d’environ 300 kilomètres, est essentiellement bordé de pieds d’anacardier.

« Certes, l’anacarde est très rentable, mais aujourd’hui nous manquons de nourriture. Nous sommes contraints d’importer des produits comme la tomate, le gombo ou encore l’igname des autres régions du pays », explique dans un entretien à APA avec un ton triste, un villageois de Koun-Fao.

Cependant, certains paysans sont restés fidèles à leur culture traditionnelle. « Nous n’avons pas, tous, abandonné la culture de l’igname (Ndlr : premier produit de consommation alimentaire de la région), mais nous peinons à satisfaire la demande par manque de terres cultivables, aujourd’hui envahies par l’anacarde », nuance Manzan Koffi, cultivateur d’ignames à Bouna.

Pour M. Koné, comptable de la coopérative agricole de Bondoukou, la solution à ce problème viendrait de la recherche d’une variété de noix de cajou susceptible de produire plusieurs tonnes dans un espace réduit.

En Côte d’Ivoire, 70% des productions de l’anacarde sont acheminées vers le Ghana pays voisin où le prix du kilogramme est largement élevé à celui de la Côte d’Ivoire et le coût du transport revient moins cher.

« Lorsque les paysans orientent leur produit vers le port d’Abidjan, ils dépensent 600.000 FCFA au titre de transport, contre 150.000 FCFA pour le paysan qui vend sa production au Ghana (…), où le kilo de l’anacarde où noix de cajou varie entre 400 et 500 FCFA contre 250 à 350 FCFA à Abidjan», explique Issiaka Koné, un spécialiste de cette culture, ajoutant que les paysans ivoiriens sont disposés à acheminer leur produit à Abidjan à condition que l’Etat y mette le prix.

En 2012, la Côte d’Ivoire a exporté plus de 415 000 tonnes de noix de cajou et enregistré une fuite frauduleuse de plus de 100.000 tonnes, représentant le ¼ de la production nationale.

Les autorités Ivoiriennes envisagent de transformer, localement, plus de 50 % de sa production.
La Commission des affaires économiques et financières du parlement ivoirien (CAEF) a adopté en août 2013, le projet de loi fixant les règles relatives à la commercialisation de l’anacarde et à la régulation des activités de cette filière en plein essor.

La Côte d’Ivoire occupe une place stratégique dans la production mondiale de la noix de cajou. Classé à la 3ème place en 2007, le pays est passé au 2ème rang mondial en 2008, avec près de 330.000 tonnes produites.

 

APA