"Vohou-Vohou" : Deux maitres de la peinture contemporaine signent leur retour sur les cimaises à Abidjan

Les peintre Kra N'Guessan (g) et Youssouf Bath (d)
Les peintre Kra N'Guessan (g) et Youssouf Bath (d)
Les peintre Kra N'Guessan (g) et Youssouf Bath (d)

"Vohou-Vohou" : Deux maitres de la peinture contemporaine signent leur retour sur les cimaises à Abidjan

"Vohou-Vohou" : Deux maitres de la peinture contemporaine signent leur retour sur les cimaises à Abidjan

« Cette exposition doit être perçue comme le retour à l’ordre des maitres de la peinture contemporaine en Côte d’Ivoire (…) Pour un éclaircissement historique nécessaire à cette recherche plastique de récupération… » C’est en termes que Dr Koffi-Yao Célestin, critique d’art et enseignant-chercheur à l’Université Félix Houphouët-Boigny de Cocody a qualifié l’exposition, à venir, des peintres Kra N’Guessan et Youssouf Bath.

Deux arbres tutélaires du courant artistique, le « Vohou-vohou », né dans les années 70, à l’Ecole nationale des Beaux-arts d’Abidjan. A travers le thème : « Diaspora et immigration », les deux condisciples des Beaux-arts de Paris, également, vont engager un dialogue artistique sur les cimaises de la galerie Houkami Guyzagn du 26 juillet au 26 août 2018.

A sa genèse, le « Vohou-vohou » était avant tout un rejet de l’académisme à travers ses éléments distinctifs et la philosophie qu’il véhicule. Des matériaux comme les cauris, le sable, le raphia sont intégrés dans les collages sur du tapa ou des toiles de jute. Cependant leurs œuvres gardaient la structure sur châssis de la peinture de chevalet.

Aujourd’hui, ces tenants de ce mouvement qui inonde le champ artistique ivoirien ont, au fil de leur pérégrination, imprimé un autre caractère à leurs œuvres. Les analyser, confie le critique, est un exercice qui requiert une disposition mentale et  intellectuelle particulière. Surtout que ces œuvres sont chargées chargés de symboles (…) Et de la fusion des expressions plastiques, il en résulte une singularité.

Dans sa démarche plastique Kra N’Guessan, qui vit et travaille en France, la nostalgie dont il est empreint transparaît à travers les masques, les poids à peser l’or et plusieurs autres éléments. Les reliefs qui se dégagent ainsi font aisément penser à une peinture sculpturale.

Quant à Youssouf Bath, les sujets traités, bien que réalisés à partir de compositions d’ateliers cèdent la place à une imagerie surréelle. Des décoctions de plantes remplacent souvent  les colorants acrylique et à huile. Dans l’ensemble Bath, qui vit et travaille à Dabou, évoque les relations de l’homme avec le surnaturel. Le tout dans une posture poétique.

A propos du courant artistique le « Vohou-vohou », Kra N’Guessan dira que la graine semée dans les années 70 perdure aujourd’hui dans les ateliers des Beaux-arts. A travers le thème de l’exposition « Diaspora et immigration », il a indiqué que c’est un pont qui est lancé entre l’Europe et l’Afrique. « Aujourd’hui, nous voulons montrer que nous appartenons  à un peuple, à une culture », a-t-il soutenu.

L’expression « Vohou-vohou » est un  terme gouro (une ethnie du centre-ouest de la Côte d’Ivoire), employé pour la première fois par un étudiant en architecture, Bony Guemian Jean, originaire de cette région.  Ce terme signifie, à l’en croire, « n’importe quoi ».

Notons que les deux artistes ont de nombreuses expositions à leur actif à travers le monde.

Salif D. CHEICKNA

salifou.dabou@fratmat.info