Un français arrêté en Guinée pour « pratique illégale du métier de journalisme »

Un français arrêté en Guinée pour « pratique illégale du métier de journalisme »

Un français arrêté en Guinée pour « pratique illégale du métier de journalisme »


Il est midi. Depuis une bonne heure, Ibrahim et moi sommes aux locaux des services spéciaux chargés de la « lutte contre le trafic de drogue, la criminalité organisée et le terrorisme ». Nous nous sommes fait embarquer après un contrôle, alors que nous nous dirigions en moto vers Kaloum, le centre-ville de Conakry. Le motif ? Apparemment, il n’y en a pas besoin.

En tout cas personne n’a trouvé nécessaire de nous le signifier. Et mon statut de journaliste, en Guinée pour un reportage qui doit paraître dans le Monde Diplomatique, n’a pas l’air de beaucoup les émouvoir.


Interrogatoire
Au poste, c’est l’usine à racket : des Guinéens, des Asiatiques et des Européens sont dans le hall d’attente. Chacun passe à la caisse avant de partir libre. C’est notre tour. On nous emmène dans un grand bureau. Un filet de lumière passe par la fenêtre éclairant le commissaire, un gros bonhomme en boubou, coiffé d’un chapeau de prière. Il me dévisage, d’un air sévère. D’un signe de main, il nous invite Ibrahim et moi à nous asseoir en face de lui.


(...) Le journaliste se lève, puis me regarde d’un air hautain. « Jeune homme, vous devriez vous excuser auprès du policier. » Il quitte le bureau en souriant. Je reste bouche bée.
Peu après, mon ami Abdoul toque à la porte. Il présente l’attestation du Diplo, le journal qui m’envoie en Guinée. « Cette pièce ne vaut rien. Il faut un papier de la HAC », dit le commissaire, d’un air triomphal reprenant le prétexte que vient de lui fournir le journaliste de l’Assemblée.


Il interroge mon ami pour savoir s’il m’héberge. Abdoul acquiesce calmement. « Vous êtes un patriote guinéen et vous hébergez un espion arménien, peut-être même un djihadiste ? Vous êtes un maillon faible pour votre patrie », lance le commissaire qui décide alors de perquisitionner son domicile. Je suis consterné. Abdoul, Ibrahim et moi, sommes embarqués en direction de notre logement à Keitayah, un quartier très populaire en banlieue de Conakry.  Lire la suite.