Tourisme : Investisseurs et journalistes espagnols en immersion entre terre et mer

Tourisme : Investisseurs et journalistes espagnols en immersion entre terre et mer

Tourisme : Investisseurs et journalistes espagnols en immersion entre terre et mer

La Côte d’Ivoire, sous toutes ses coutures touristique, culturelle, agricole, balnéaire, religieuse, patrimoniale, s’est offerte à quinze journalistes, opérateurs touristiques et hommes d’affaires espagnols pendant une semaine, à l’initiative de l’office de promotion de la destination ivoirienne, Côte d’Ivoire Tourisme, dans le cadre de ses Eductours. Le tout avec le soutien de la compagnie aérienne Turkish Airlines.

L’Eductour étant un terme technique utilisé dans le monde du tourisme qui s’applique à des voyages organisés par les offices de promotion avec le concours d’agences de voyages pour tester leurs nouvelles offres. Ils invitent les professionnels du tourisme, agents de voyages ou tour opérateurs, ainsi que des journalistes spécialisés à venir découvrir sur quelques jours, gratuitement ou à peu de frais, leurs nouveaux circuits ou produits afin de mieux les proposer ensuite aux clients et au public

Ainsi donc, du 12 au 20 avril, les hôtes espagnols de Jean-Marie Somet, directeur général de Côte d’Ivoire Tourisme, ainsi que des professionnels ivoiriens ont pu s’abreuver des potentialités et produits d’appel du sud, du sud-ouest et du centre du pays, avec à la clé des rencontres B To B et autres séances d’échanges avec les opérateurs locaux et les autorités décentralisées et déconcentrées.

Après le pont Yacé, Jacqueville, le nouvel Eldorado ?

A 70 km d’Abidjan, entre l’océan atlantique et la lagune ébrié, Jacqueville demeurée dans une certaine léthargie du fait de sa difficulté d’accès, s’érige comme le nouvel Eldorado touristique ivoirien avec le pont Philippe Yacé inauguré en mars dernier. C’est en tout cas le rêve qu’entend réaliser le maire Joachim Beugré. De l’écotourisme à la plaisance, en passant par la diversité culturelle, ainsi que les touristes ont pu le découvrir dans le village de Grand Jack avec la cérémonie de présentation des nourrices et la danse de la fertilité et de la nativité,  la démonstration du Mapouka originel, entre autres, Jacqueville s’est révélée comme une véritable mine d’or au plan touristique.

A maints égards,  les perspectives touristiques de Jacqueville  concernent aussi bien le balnéaire avec 75 km de côte maritime que le tourisme  lagunaire avec 150 km de rive, avec ce que cela sous-tend pour  la pêche sportive et le tourisme d’aventure sur les îles  et autres villages lacustres, notamment  à Abreby. Aux plans culturel et patrimonial,  les bâtisses coloniales font partie des attraits de la capitale des 3A (Alladdian, Avikam, Ahizi). Sans oublier les richesses de l’agrotourisme avec: les essences d’agrumes  exploitées par des compagnies privées, en plus du coco et des ressources halieutiques. Il faut aussi noter que les champs pétrolifères et de gaz  exploités au large de Jacqueville pourraient constituer une manne pour développer le tourisme.

San Pedro et son ambitieux projet de l’Aérocité

San Pedro, capitale du littoral sud-ouest ivoirien et second poumon économique du pays et premier port cacaoyer du monde, est connu et reconnu, tout aussi, pour ses plages paradisiaques. En dépit de la crise militaro-politique qui l’a quelque peu altéré une décennie durant, le tourisme y renaît avec un potentiel naturel intact. Il en est ainsi de la baie de Taki à 5 encablures de la cité portuaire. Un brin édénique, cette baie avec  sa plage de sable fin, une mer d’un bleu turquoise  immaculé et une faune luxuriante a suscité un intérêt réel de la part des investisseurs et journalistes espagnols. Il en est ainsi de Carlos Abdon Muriel Moreno qui estime qu’un développement des infrastructures (routières, aéroportuaires, etc.) constituerait un adjuvant pour l’exploitation de ce petit coin de paradis. Le vice-président du Conseil régional, Charles Dieudonné     Gbesso, au nom du président Donatien Beugré, répondra à cette préoccupation par la présentation du projet aux allures pharaoniques de l’Aérocité.

Sur 20 hectares déjà lotis sur la rive du village de Taki 2 entre l’océan et la lagune Digbé Aérocité accueillera le nouvel aéroport, « international»,  précise l’élu, et intègre le plan d’extension de la ville autour d’un complxe touristique avec plage, hôtels, restaurants… et l’appel d’offres public devra être lancé avant la fin de l’année selon le Conseil régional.
A San Pedro, l’Eductour a permis aux touristes de découvrir le port de pêche, l’activité de fumage de poissons par les femmes dans le village de Digbé et le Bolo, chorégraphie fort enjouée du peuple kroumen.

Incursion au cœur du cacao à Soubré, escale enchantée à Dagorahio

Si San Pedro est le premier port cacaoyer du monde et que la Côte d’Ivoire le premier producteur de cette culture de rente, c’est aussi parce que des régions comme celle de Soubré ont basé leur économie sur la cacao-culture. A juste titre, Côte d’Ivoire Tourisme a permis aux Espagnols de faire une incursion au cœur de la culture du cacao dans une plantation dans le village de Petit Bondoukou dans le département de Soubré. Le but étant de faire découvrir à ces touristes, du reste très friands de chocolat, tout le processus de production et de traitement du cacao, du plant  au conditionnement de  la fève, en passant par la plante et la cabosse.

Après Petit Bondoukou, village peuplé majoritairement de Koulangos originaires du nord-est de la Côte d’Ivoire,  en plein cœur du pays Bété dans la région de la Nawa, où les touristes ont pu voir l’énorme plantation de cacao ainsi que le circuit de sa récolte, c’est le village de Dagorahio situé à 68 Km de la ville de Sinfra en pays Gouro, en provenance de Saïoua qui les a accueillis. Cette fois-ci étaient au menu, les danses et les modes de réjouissances de la région ainsi qu’une partie de pêche ludique à la nasse. Ainsi les jeunes lutteurs du village ont-ils fait une démonstration de «Grigrizakpa», une épreuve de force par équipes qui se tirent quand les plus âgés faisaient découvrir le jeu de stratégie du «Kpatin», avant que le clou de la visite ne soit donné par une démonstration de «Zagrobi».

Le «Zagrobi», faut-il le savoir,  est une danse virile et athlétique  de réjouissance typiquement bété, célèbre au niveau national. Cette danse est l’histoire d’un chasseur qui entra dans le monde des génies par inadvertance et qui fut initié à cette danse. Elle est généralement dansée lors des grandes cérémonies de mariage ou des festivités importantes. Elle est exécutée par des jeunes gens, précédés de guerriers, reconnaissables à leurs armes de bois et à leur chapeau. Dans la pratique zagrobi, les musiciens utilisent des instruments à vent et à percussion auxquels sont rattachés d’autres tambours.

En attendant la résidence - musée, confidences sur l’or d’Houphouët-Boigny

A Yamoussoukro, la délégation espagnole s’est émerveillée face à la splendeur  de la basilique Notre-Dame de la paix, les palaces du Président et HP Ressorts (ex-Le Parlementaire), la Fondation Félix Houphouët-Boigny pour la recherche de la paix, etc. Le tout sous l’ombre tutélaire de Félix Houphouët-Boigny, premier Président de la Côte d’Ivoire, décédé en 1993 mais plus vivant que jamais par l’immensité de son œuvre.  Mais le summum de l’émerveillement a été atteint lors de la visite de la résidence privée de l’homme d’Etat sous la houlette de son neveu, le Dr Augustin Thiam, gouverneur du district autonome de Yamoussoukro, son successeur en tant que chef de canton akouè sous le nom Ndri Boigny III.
Cette résidence bâtie sur une superficie de 200 hectares, au dire du guide du jour qui, au passage, évoque des anecdotes familiales, est le patelin originel (avec les plantations familiales)  de la ville de Yamoussoukro que Félix Houphouët-Boigny a bâti ex-nihilo. Justement, pour démarrer la visite, Augustin Thiam fait remarquer dès l’entrée de la concession une bâtisse coloniale dite«Hôtel de la plantation» qu’Houphouët-Boigny avait fait construire en 1951  pour accueillir les voyageurs allant d’Abidjan à Bouaké et dans l’arrière-pays. Une information pas du tout fortuite avant d’entrer dans la résidence qui regorge telle la caverne d’Ali Baba, d’immenses trésors. Des pièces originales et uniques, des tapisseries persanes, aux tableaux de grands maîtres, en passant par des vaisselles de porcelaine de Limoges, le coffre-fort d’or et serti de diamant de Louis XIV, des salons et bureaux chargés d’histoire à l’instar du salon de la réconciliation qui a vu passer des sommités commes De Klerk et Mandela ou celui des conseils baptisé Bourguiba inauguré en 1968 en hommage au Président tunisien, le sabre du roi Farouk, les vases chinois… Même si, soit dit en passant, le neveu du Président regrette qu’entre autres trésors, des jeunes gens aient volé la clé en or de la ville de Yamoussoukro qui trônait à l’entrée de la maison pour la fondre et vendre. Bref, sans vouloir donner dans une polémique béate sur la fortune avérée ou supposée de l’illustre homme d’Etat, Augustin Thiam rappelle à toutes fins utiles qu’en plus d’être un riche planteur, il était issu d’une famille d’exploitants et négociants d’or. En 1936, en guise d’illustration, Houphouët-Boigny possédait à lui seul, une réserve de 5 tonnes d’or en tant que chef de canton. Mieux, en 1944 alors que le gouvernement français en exil, à l’appel du général de Gaule en appelait à l’effort de guerre de ses compatriotes dans les colonies, ceux de Côte d’Ivoire, plus de 4000 ressortissants,  avaient réuni 10 millions d’anciens francs français quand Houphouët Dia, médecin, planteur, syndicaliste et chef de canton offrait la même somme à lui tout seul.

Actuellement, aux fins d’estampiller les documents pour que la résidence soit officiellement un musée avec une identité juridique précise, une commission tripartite, Etat (ministères du Tourisme et de la Culture et de la Francophonie), District de Yamoussoukro et la famille  Houphouët-Boigny devrait se réunir pour établir les textes de base.
Au terme de la visite, c’est le lac aux caïmans qui borde la résidence qui en a rajouté à l’émerveillement des touristes espagnols. Qui ont pu, en outre, marcher sur les pas de l’élève-Houphouët Dia, à Bonzi, s’imprégner du tissage de pagne baoulé à Bomizambo et entrer dans les méandres chorégraphiques et mystiques du masque Goly à Kondéyaokro.

Croisière à Abidjan, Popo à Bonoua, patrimoine à Bassam

Dans une capitale économique, Abidjan, bouillonnant d’activités, les hôtes de Côte d’Ivoire Tourisme ont eu droit à un véritable bol d’air pur au parc national du Banco et à travers une mini-croisière lagunaire sur la lagune Ebrié, découvrant le canal de Vridi, les trois ponts, l’Eden Golf hôtel, le Sofitel Abidjan hôtel Ivoire,  le cimetière des bateaux, la baie des milliardaires, l’île Boulay, etc.

Avant que l’Eductour ne s’achève le 20 avril par une réunion-bilan au siège de Côte d’Ivoire Tourisme à Abidjan-Plateau sous la coprésidence du ministre du Tourisme, Roger Kacou, et de SEM. Luis Padros  Covarrubias, ambassadeur du Royaume d’Espagne en Côte d’Ivoire, les touristes madrilènes, barcelonais, sévillans et canariens ont pu se délecter des mets typiques ivoiriens. Allant des fruits de mer, aux sauces et autres grillades. A Abidjan notamment, en faisant le tour de maquis et restaurants, tout en échangeant avec les opérateurs économiques et institutions ivoiriennes telles que la Bni, la Bhci, le District d’Abidjan, le Cepici, la Chambre de commerce et d’industrie.
A Grand-Bassam, première capitale de la Côte d’Ivoire, cité balnéaire et patrimoine mondial de l’Unesco, la visite à la cour du  roi des Nzima-kotoko et celle du musée du costume ont été des étapes importantes du circuit avec, en prime, des séances B to B avec les responsables du Vitib et de présentation des opportunités d’investissements dans la région du Sud-Comoé.

Dans la localité de Bonoua, les excursionnistes sont tombés dans la frénésie du Popo carnaval qui était à son paroxysme. Ils ont donc chanté, dansé et fraternisé avec le peuple abouré.  Manifestation culturelle célébrée chaque année à Bonoua (50 km à l’est d’Abidjan), le Popo Carnaval  tire ses origines dans les modifications que les jeunes abouré de Bonoua apportèrent à la fête annuelle des ignames. Ainsi, en 1946, ils innovèrent en organisant le «Popo» (qui signifie « masque » en langue abouré). Beaucoup plus tard, devenus des adultes, ils baptisèrent cette fois-ci la fête du nom de «Popo carnaval», en y introduisant l’aspect moderne (carnaval) sous la forme d’un défilé de chars. Depuis 1972, l’organisation de cette fête s’inscrit dans les mœurs des Abouré qui, chaque année, pendant la période de pâques (avril), se retrouvent pour se réjouir dans une même liesse populaire.

Le Popo carnaval  qui commence un samedi, s’ouvre par une semaine commerciale accompagnée d’animations (match de football, représentations théâtrales, fanfare, danses folkloriques, etc.), suivies d’un défilé d’hommes masqués, ponctué de danses et de scènes burlesques. La matinée du dimanche est consacrée au culte ancestral et aux réunions familiales. L’après-midi commence par un défilé au cours duquel ont lieu des manifestations coutumières du pays abouré (présentation de filles pubères, accompagnement d’une épouse chez son mari, cérémonie de naissance, etc..). Il se poursuit enfin par des défilés de majorettes, de chars magnifiquement décorés et de danses folkloriques sur la grande place dite place du  Popo. Le carnaval prend fin par un grand bal masqué.
Avant d’embarquer, les 15 touristes visiteront le Centre artisanal de la ville d’Abidjan.

Un Presstour pour 26 journalistes ivoiriens

Bientôt un Eductour multinational sera organisé sur un autre circuit par Côte d’Ivoire Tourisme, mais, bien avant, dans la même veine, un Presstour sera organisé à l’intention des journalistes ivoiriens du 26 au 30 avril, sur les sites d’Adzopé, Abengourou, de Bondoukou, Grand-Bassam et d’Assinie.  En organisant cet Eductour pour la presse nationale ou Presstour, le deuxième en deux années, Côte d’Ivoire Tourisme entend remplir pleinement sa mission régalienne de promotion de la destination ivoirienne à l’extérieur comme à l’intérieur. Surtout qu’on sait que  les Eductours constituent, avec les présentations de produits, l’un des principaux outils de marketing mis en œuvre par les voyagistes. Le concept a beaucoup évolué au fil des années. Véritables voyages d’études pour les uns, voyages de récompense ou encore simples voyages d’évasion pour les autres : toutes les formes d’Eductours semblent exister. Le but pour Jean-Marie Somet et ses collaborateurs, c’est  de s’efforcer de faire vivre aux journalistes, en plus des possibilités accrues de parler du tourisme du pays qui connaît un nouvel essor, des expériences de vie dans la destination à visiter.

Rémi Coulibaly
Envoyé spécial