Théâtre : “ Les convives de maison Sapézo ”, une satire qui interpelle

Les comédiens en pleine prestation.
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Théâtre : “ Les convives de maison Sapézo ”, une satire qui interpelle

En abordant la question du développement et du changement social, Séri Elie Kouaho Liazéré, dans « Les convives de maison Sapézo », dresse un tableau critique du comportement des intellectuels et des leaders du monde, en général, et des pays émergents, en particulier. Ces gens qui fabriquent des solutions miracle  pour un monde idéal où il ne règnera plus de crises d’aucune forme. Finalement, ces solutions deviennent l’objet d’angoisse et de malédiction. Elles rendent les hommes de plus en plus dépendants. La pièce d’une heure qui doit être jouée, demain, à partir de 19 heures à l’Institut Goethe, relate l’histoire du Dr Sapézo qui a réussi une opération inédite : la transplantation d’un cerveau dans la boîte crânienne d’une personne qui a perdu la vie dans une chute au cours d’une escalade. L’homme, un neuropsychologue, a gardé le cerveau d’un bébé dans un bocal pendant vingt ans. Il a pris soin de lui enseigner toute sa science (science occidentale et africaine). L’exercice finit par aboutir. Il baptise son personnage Héburnée, un génie aux prouesses incommensurables. Ce dernier, qui, par surcroît, a acquis la puissance mystique des esprits africains, a le don de disparaître et réapparaître, de se métamorphoser à sa guise. Il se fond dans l’air, dans l’eau et dans toutes sortes de matières, il a même la capacité de se réincarner dans les hommes. Plein d’orgueil, l’homme de science  demande à son assistante d’appeler ses meilleurs amis pour leur faire découvrir les résultats de ses travaux. Mais son euphonie est de courte durée. Héburnée devient un danger pour son créateur et pour chacun de ses invités. Il considère qu’ils sont des êtres impurs qu’il faut éliminer immédiatement pour libérer Terrafric-la-Cité de la malédiction. Commence alors une chasse à l’homme dans la maison laboratoire du Dr Sapézo. La « créature » joue au chat et à la souris avec les personnes présentes, en éliminant certaines, tout en  épargnant Matrona, Cibernix et Atlantie, pour des raisons qui lui sont propres, en compagnie de Génie, un robot fabriqué de ses propres mains. Notons que l’auteur, Liazéré Séri Elie Kouaho, est membre de la Biennale de la langue française. Auteur résident à la Maison des auteurs de Limoges (France), il écrit « La complainte d’Ewardi », mise en scène par Fargass Assandé et interprétée par Ouhé Ida.  Il a obtenu  plusieurs prix dont le Grand prix découverte Rfi théâtre/Sud et Océan indien,  en 1998, et animé plusieurs ateliers d’écriture dramatique sur des chantiers tels que le Chantier international d’écriture dramatique des femmes africaines de Gd- Bassam. Critique littéraire et  d’art, Liazéré est professeur d’études théâtrales à l’Institut national supérieur des arts et de l’action culturelle (Insaac). Vagba Obou De Sales, le metteur en scène, est, quant à lui, diplômé dudit établissement. Il a signé plusieurs mises en scène dont celles de « l’Œil de cyclone » de Luis Marques avec Ymako Téatri », « La légende de Santiago », une adaptation de « l’Alchimiste » de Paulo Coelho avec Tropic Expression. Sans oublier « En attendant Godot » de Samuel Becket avec l’Atelier « Lingaré » de Bobo-Dioulasso (Burkina Faso) et « Montserrat » d’Emmanuel Roblès avec la Compagnie nationale de théâtre (Cnt) de Côte d’Ivoire dans le cadre du 2e Festival culturel panafricain (Panaf 2009) d’Alger. Il a participé à plusieurs festivals nationaux et internationaux et est actuellement professeur d’expressions gestuelles et dramatiques à l’Insaac.

Brigitte Guirathé