Théâtre: 400 ans après sa mort, Shakespeare revit à Carthage !

Théâtre: 400 ans après sa mort, Shakespeare revit à Carthage !

Théâtre: 400 ans après sa mort, Shakespeare revit à Carthage !

La 18e session  du Festival-Colloque international baptisé «Les  journées théâtrales de Carthage», revisite l’icône du théâtre planétaire, avec une présence ivoirienne digne d’intérêt.

C’est ce mardi 22 décembre 2016 que s’ouvre à Carthage, cœur historique de Tunis, la capitale, la manifestation la plus importante de théâtre en Tunisie. En effet, la 18e édition des «Journées théâtrales de Carthage» dite Jtc 2016 rendra hommage durant trois jours au plus grand dramaturge de tous les temps, William Shakespeare.

Qui n’a jamais entendu parler ou faire allusion, ne serait-ce qu’à «Roméo et Juliette» ? Ou encore s’approprier l’une des nombreuses citations de l’auteur anglais dont la fameuse «La vie est une scène de théâtre où chacun joue son rôle et disparaît» ? Bref, le rendez-vous de Carthage est de portée mondiale et verra les participations,  en ce qui concerne la Côte d’Ivoire, de Wèrè Wèrè Liking qui y sera célébrée pour l’ensemble de son œuvre, ainsi que de Dr Denise Kacou-Koné, professeur d’art dramatique, unique spécialiste ivoirienne de Shakespeare, aujourd’hui reconnue par ses pairs de par le monde. Une double fierté pour le  pays !

Au sujet de l’enjeu du Festival-Colloque, il faut noter qu’il a  pour ambition d’affirmer son engagement en faveur de la diversité culturelle, de consolider les dimensions arabes et africaines de ce rendez-vous en donnant une visibilité accentuée à la création théâtrale contemporaine dans le Monde arabe et en Afrique, et de renforcer le rayonnement du festival dans les régions intérieures en Tunisie, avec un accent particulier sur les publics jeune, scolaire et universitaire.

«Sur le plan de la programmation, l’accent a été mis sur le théâtre shakespearien et son influence sur les théâtres arabe et africain; l’année 2016 étant l’année de célébration du 400e anniversaire de la disparition de W. Shakespeare. Un colloque international autour du thème «Shakespeare sans frontières» se devait d’être organisé, avec la participation de grands spécialistes du théâtre de Shakespeare», soutient Dr. Lassaad Jamoussi, directeur du festival.

L’accent est aussi mis sur la participation du plus grand nombre possible de compagnies théâtrales venues d’Afrique subsaharienne et d’Afrique du nord. Fidèles à ses traditions, les Jtc rendent hommage lors de la présente  édition à des femmes et des hommes de théâtre qui ont marqué  les scènes arabes et africaines à l’instar de l’Ivoirienne
Wèrè Wèrè Liking, le Béninois Béno Sanvé et l’Algérien Mohammed Adar, du Marocain Taieb Seddik en plus de deux  grandes figures du théâtre tunisien, Jalila Bakar et Taoufik Jebali. Tous et chacun ayant, d’une manière ou d’une autre, contribué à l’édification des consciences par l’appropriation des vertus des textes shakespeariens.

Wèrè Wèrè Liking et Dr Denise Kacou-Koné, fiertés ivoiriennes !

Éminente membre de l’Académie des sciences, des arts, des cultures d’Afrique et des diasporas africaines (Ascad), Wèrè Wèrè Liking est une écrivaine, chorégraphe et dramaturge ivoiro-camerounaise, fondatrice  groupe Ki Yi M'Bock, compagnie de théâtre basée à Abidjan. Figure importante du renouveau de l'esthétique du théâtre-rituel, elle a reçu en 2000 le Prix du Prince Claus et en 2005 le Prix Noma de publication en Afrique pour son livre La Mémoire amputée. Son apport à l’essor des planches en Afrique et dans  le monde est indéniable. Et lui décerner une distinction, en plus, à Carthage, n’est que justice.

Dr Denise Kacou-Koné, enseignante de théâtre à l’Université d’Abidjan-Cocody, à l’Institut national supérieur des arts et de  l’action culturelle (Insaac) d’Abidjan, depuis un quart de siècle, et fondatrice de l’espace culturel La case des arts à Cocody-Danga, est l’unique spécialiste du théâtre de Shakespeare dont la Côte d’Ivoire peut s’enorgueillir. Et c’est avec un sentiment mitigé, entre celui d’avoir à la demande  de ses étudiants le jugeant trop difficile, abandonné la dispensation du cours sur Shakespeare, et celui de voir son expertise reconnue par ses pairs, que Dr Denise Kacou-Koné, prendra la parole à Tunis, présidant même certains panels.

Au nom de toute l’Afrique subsaharienne, invitée intuitu personæ, par la direction du Colloque ! La  communication de celle qui fut chef de cabinet au ministère ivoirien de la Culture et de la Francophonie,  intitulée «Shakespeare parle aux Africains», mettra, entre autres aspects, un point d’honneur à mettre en lumière l’apport de la pensée et de la trame shakespearienne à l’Afrique sous le prisme de son universalité. Relisant un Césaire ou un Dadié qui s’en sont inspirés, Denise Koné ouvrira un champ actanciel et thématique  originaux en termes heuristiques, dans lesquels   L’île de tempête ou Monsieur Tôgô Gnini de l’un comme de l’autre, épouseront à l’envi La tempête ou encore Le roi Lear de Shakespeare.


Shakespeare sans frontières

Des panels, communications et débats tels que «Du Nord vers le Sud», « Shakespeare au Sud», «De l’imaginaire à la panique dans les personnages de l’immense Will», «Shakespeare dans la culture populaire, intertextualité contemporaine», «De l’Orient vers l’Occident», «La perle de Shakespeare brille davantage», «Existe-t-il un texte dans cette classe ? Remarques critiques sur la réception des œuvres de Shakespeare en  Égypte contemporaine», «Le roi Lear entre le théâtre et les dramatiques télévisées au 2e millénaire : lectures nouvelles du texte shakespearien dans l’espace  égyptien», « L’Orient meurtrier : Cléopâtre entre l’Orient et l’Occident»,  «Vers l’Afrique», «Faire travailler  sur les textes Shakespeare à travers le prisme de  la diversité  culturelle»,  « Shakespeare , empreinte de l’œil, empreinte de la main», « Shakespeare à Carthage»,  «L’Histoire du sens ou le sens de l’Histoire»sont au menu des travaux du Colloque, en marge  des représentations qui animeront Carthage et tout Tunis.

La Tunisie, faut-il le rappeler,  est depuis plus de trois mille ans une terre de civilisation, de culture et de création. C’est dans ce  pays que naquit le premier romancier du monde, Apulée, le premier philosophe de l’Église, Saint Augustin, le premier ingénieur agronome, Magon, avec ses 23 volumes de connaissances sur l’irrigation, la plantation de l’olivier, de la vigne et des cultures maraîchères, les systèmes de greffes et de taille.

C’est à Carthage que fut rédigée et respectée la première constitution en terre d’Afrique, après celle édicté oralement et connue sous le nom de  la charte du Mandé ou charte de Kouroukan Fouga.  Elle aurait été solennellement proclamée le jour de l'intronisation de Soundiata Keïta comme empereur du Mali à la fin de l'année 1235 et est inscrite en 2009 par l'Unesco sur la liste du Patrimoine culturel immatériel de l'humanité.

Ayant vécu entre 1564 et 1616, William Shakespeare est la figure éminente de la culture occidentale qui continue d’influencer les artistes d’aujourd’hui. Il est traduit dans un grand nombre de langues et, selon l'Index Translationum, avec un total de 4 281 traductions, il vient au troisième rang des auteurs les plus traduits en langue étrangère après Agatha Christie et Jules Verne. Ses pièces sont régulièrement jouées partout dans le monde. Shakespeare est l’un des rares dramaturges à avoir pratiqué aussi bien la comédie que la tragédie.


REMI COULIBALY

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