C’est fait ! La génération Blessoué d’Abobo-Té, malgré les obstacles et les difficultés, est arrivée à bout des différentes épreuves à passer pour prendre, désormais, part aux affaires politiques, sociales et culturelles du village, selon la tradition atchan. Au nombre d’environ deux mille, ces hommes déguisés, le torse nu avec un pagne rouge attaché à la hanche et les femmes superbement vêtues aux pagnes de la tradition akan avec des parures de toutes sortes, ont sillonné le village en compagnie de leurs guerriers respectifs, face à l’adversité et la tentation mystique de leurs aînés. Tchétché Paterne, Abédji Brice, Angbeni Constant et Débé Yves, respectivement chefs guerriers Djehou, Dongba, Agban et Assoukrou, les quatre classes d’âge de génération chez les Ebrié, ont, dans des pas de danse majestueux et un maniement parfait de leurs sabres, séduit plus d’un par leur démonstration de force.

 Ne laissant aucun choix aux populations du village et aux visiteurs venus nombreux et massés le long de la rue dédiée à cette parade. Ils étaient tous sommés de libérer la rue déjà trop exiguë pour se frayer une cachette dans les couloirs du village lorsque les guerriers débrayaient. Une fois sur la place publique, c’est tout un autre spectacle qu’il est donné de voir. Tour à tour, les quatre guerriers, comme lors d’un concours de danse, ont montré, sous les notes de l’attoungblan (tam-tam parleur), leur savoir-faire aux spectateurs en présence de leur parrain, Dr Kadjo Kouamé Michel, maire de Maféré et Ouattara Ibrahima, représentant du patron de la cérémonie, Hamed Bakayoko, ministre d’Etat, ministre de la Défense, par ailleurs maire de la commune d’Abobo. Dans cette prestance, ils étaient suivis des femmes qui, de façon harmonieuse, entonnaient des chants d’éloge au premier magistrat de la commune. Il faut aussi noter les belles sculptures de chaque classe d’âge, synonyme de leur détermination, leur force et leur courage à réussir toutes les épreuves, aux dires de Yves Olivier Niamké, porte-parole de la génération.

Après la belle parade, l’occasion a été donnée au représentant du parrain, Ouattara Brahima, de traduire la joie du ministre d’Etat pour avoir été choisi comme patron de l’Afachwé, cette cérémonie matérialisant la maturité en pays ébrié. Il a salué l’harmonie et la cohésion dans laquelle s’est déroulée la fête et invité à continuer dans ce sens.

Quant au parrain, Kadjo Kouamé Michel, il dira à ses filleuls de défendre les valeurs du peuple atchan et de continuer à préserver la culture de ce peuple. Il les a exhortés à savoir passer le témoin au moment venu pour démontrer l’esprit de démocratie prônée au sein des grands peuples comme les atchan. « Faites preuve de rigueur, de discipline, surtout dans la gestion des biens de la communauté et gardez l’unité et la cohésion pour préserver les valeurs du village », a-t-il conclu.

Amaho Ahouanan Paul, chef du village d’Abobo-Té, a pour sa part refait l’historique de la célébration de l’Afachwé et souhaité à la nouvelle génération de préserver les us et coutumes du village.

HERVE ADOU