Série télévisée : "Aphasie", le 7e art ivoirien de demain, c’est maintenant !

Fabrice Sawegnon et Hyacinthe Hounsou se réjouissent du trophée glané au Fespaco. Pour cette série à l’affiche alléchante et qui n’a rien à envier aux productions hollywoodiennes.
Fabrice Sawegnon et Hyacinthe Hounsou se réjouissent du trophée glané au Fespaco. Pour cette série à l’affiche alléchante et qui n’a rien à envier aux productions hollywoodiennes.
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Série télévisée : "Aphasie", le 7e art ivoirien de demain, c’est maintenant !

Série télévisée : "Aphasie", le 7e art ivoirien de demain, c’est maintenant !

Les locaux de Voodoo Groupe à Abidjan Cocody Riviera 2 Attoban ont servi de cadre, le jeudi 16 mars à la présentation du trophée du « Prix spécial du jury » dans la catégorie Séries télévisées, glanée au Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco) au Burkina Faso, début-mars, par la série « Aphasie, la révolte de Dantra ». Mais aussi à expliciter les contours de la production-réalisation et de la trajectoire que s’assigne la production de 26 épisodes de 26 minutes chacun en s’érigeant par la même occasion comme le nec plus ultra de la production des contenus de fiction audiovisuelle locaux qui vont de pair avec la libéralisation de l’espace audiovisuel ivoirien.

D’autant plus que par son pôle productions, Voodoo est co-producteur, ainsi que le révèlera son Pdg, Fabrice Sawegnon, de cette série, séduit qu’il fut par le projet proposé par le jeune réalisateur, Hyacinthe Hounsou, aux plans thématique et technique. Un projet cinématographique destiné à la télévision qui rompt les amarres avec les images misérabilistes et/ou d’Epinal de l’Afrique et de la Côte d’Ivoire.

Prouesses techniques pour actualité thématique

« Aphasie, la révolte de Dantra » est, en effet, un thriller politique qui traite de la question du terrorisme sur fond de complot d’Etats, de manipulations et d’enquêtes policières. S’il ne l’est encore, il affiche les signes d’un Blockbuster (en anglais, littéralement « qui fait exploser le quartier ») et qui est un film appelé à un grand succès populaire, et ayant généralement bénéficié d'un gros budget) « Made in Côte d’Ivoire ». Avec à la clé, des prouesses techniques réalisées par Hyacinthe Hounsou et son staff, à l‘aune des avantages comparatifs qu’offrent le numérique et les Tic’s.

Il en est ainsi de la technique visuelle de l'écran divisé, ou split screen, à l’instar de la célébrissime  série américaine « 24h Chrono », un anglicisme traduit en français par multi-image, et parfois par francisation écran splitté, qui, dans une production audiovisuelle (au cinéma, à la télévision, dans un jeu vidéo), est un effet consistant à diviser l'écran en plusieurs parties, chacune de ces parties présentant des images différentes : plusieurs scènes différentes, ou bien plusieurs perspectives différentes d'une même scène. Il faut noter que, différemment aux autres catégories qui disposaient de plus de prix, la catégorie série télé n’en avait que 2 au Fespaco dont le « Prix de la meilleure série télé » et le « Prix spécial du Jury pour une œuvre de série » pour les 21 productions en compétition. Ce Prix spécial en compétition officielle fait partie de la dizaine de prix officiels glanés par la Côte d’Ivoire au Fespaco depuis sa création en 1969.

La saison 1 de la série télévisée comprend 26 épisodes et a été tournée dans les 10 communes d’Abidjan dont le siège de Voodoo, QG opérationnel de la cellule de crise, à Assinie et Fresco. Prodim et Voodoo Prod, les producteurs de la série affichent un optimisme de bon aloi quant au succès de la 4e œuvre du réalisateur ivoirien. Déjà, pas moins de 4 festivals sont demandeuses de sa participation, autant en compétition qu’en exhibition.


Une trame actancielle à suspense…

Ce que devrait être une simple opération de sauvetage comme à l’accoutumée dans les Etats africains, vire sur la destitution du président et tourne au massacre. Bain de sang, enlèvement, complot et machination politique… sont les nœuds gordiens à suspense de ce chef-d’œuvre cinématographique bientôt disponible. Pour montrer que les sans-voix ont, dans le jeu démocratique, ont des voix de recours face à la déviance autocratique, le jeu de mots avec l’aphasie, est subtilement réussi. L’aphasie étant la perte totale ou partielle du langage, consécutive à une lésion du cerveau due le plus souvent à un accident vasculaire cérébral (Avc) ou un traumatisme crânien. Suite à cette lésion, la personne aphasique peut avoir des difficultés variables pour parler, comprendre, lire ou écrire. Ce sont toutes les capacités de communication qui sont atteintes. L’aphasie va donc avoir des répercussions sur la vie quotidienne de la personne aphasique, de sa famille et le danger pour le malade est de se replier sur lui-même. Or un être, une communauté, un pays ne sauraient vivre en autarcie.

… Avec un casting de choix !

Au service de ce scénario, un casting de choix a été opéré par la production, mêlant jeunes premiers et figures charismatiques du 7e art ivoirien. Notamment un Bienvenu Néba de haut vol, incarnant lui seul, trois personnages de premier plan avec maestria. A ses côtés, l’on note à la distribution des actrices et acteurs chevronnés tels que Suzanne Singoh alias Dent de Man, Bienvenue Obro, Guy Kalou ou encore feue Marie-Louise Asseu qui, du reste, a eu droit à une minute de standing-ovation posthume. Mais aussi des jeunes loups aux crocs bien acérés comme Stéphane Zabavy (Flame), Ismaël Radji, Esther Uha, Maximin Adjé, Abdoul Karim, Nina Kramoko, Ange Bia, Désiré Begro, Evelyne Ily, Joséphine Tagro…

La bataille des contenus audiovisuels : le compte à rebours !

Notant que le processus de la libéralisation de l’espace audiovisuel en Côte d’Ivoire est dans sa phase ultime, il va sans dire que la bataille des contenus a déjà démarré. C’est donc le compte à rebours. Ainsi, la même matinée du 16 mars, Fabrice Sawegnon paraphait un protocole avec la Haute autorité de la communication audiovisuelle (Haca), relativement à sa chaîne de télévision Life TV dont l’exploitation devrait débuter en mars 2018. L’heure étant à s’offrir un contenu diversifié et attractif à l’instar de « Aphasie », entre autres productions et co-productions. Dans le même élan, le réalisateur, Hyacinthe Hounsou, planche sur une qualité aux standards internationaux à même de tenir la concurrence aux multinationales, tout en offrant l’image d’un pays ambitieux par son cinéma et sa créativité : « Après ces dix années de crise violente, les gens, à l’étranger comme ici, ont du mal à se représenter positivement la Côte d’Ivoire. Le cinéma peut y contribuer en montrant la beauté de nos paysages et de notre culture, loin des images de désolation habituelles. Les membres de la diaspora devraient avoir accès à de beaux films ivoiriens qui les rendent fiers de leur pays ».

10 minutes pour convaincre 

A l’origine de « Aphasie, la révolte de Dantra », un homme, Hyacinthe Hounsou. Jeune réalisateur, des rêves plein la tête et surtout très ambitieux. Il veut donner une nouvelle impulsion au cinéma ivoirien, y laisser sa marque. Hyacinthe entreprend donc de relever un challenge, celui de réaliser une œuvre aboutie qui sera à elle seule un véritable témoignage et un tout petit extrait de ce que la Côte d’Ivoire a à offrir au 7e art. Naît donc « Aphasie », l’idée. Une idée qui se traduit ensuite par un scénario, un script et tout ce qui s’ensuit. Pour en faire une œuvre tout ce qu’il y a de plus réel, il lui faut des moyens financiers qu’il n’a pas. Hyacinthe décide donc de jouer en quelque sorte son va-tout et contacte sur Facebook un chef d’entreprise, Fabrice Sawegnon. Les deux hommes se rencontrent pour la première fois et en dix minutes le projet séduit. Ils se lancent donc dans une belle aventure, couronnée aujourd’hui, après 18 mois de collaboration, par le Prix Spécial du Jury au Fespaco 2017.

REMI COULIBALY